mardi 29 septembre 2015

Chaleur

Nul déficit ni effet de serre
Quand on sait pertinemment
Que la chaleur humaine
Est une énergie propre et renouvelable!

dimanche 27 septembre 2015

Le poète exilé, partie première

Haut, bien haut
Au-dessus de mon abysse
Et même au-delà
Mourait l’être que j’étais

Mourir sans rendre l’âme, sursis sans lendemain
Mourir en sacrifice d’une vie pour une autre
Davantage l’usage d’une chance nouvelle
Ultérieure à celle qui fut gâchée voire reniable

Choix ulcéreux en lumière sombre
Tamise la voie qui j’ai lâchement empruntée
Lâchement, certes, lâchement, assurément
Et pourtant… non désirée et que par dépit, débité

Vole alors en éclats épars,
Mes soupirs de regrets sur un lit de leurre
Franchissant le cap de ma déchéance
Je me lançais dans une descente

Lente et triturée aux masques récifs altérés
Mes pieds nus de misère,
Foulant ma rédemption promise
Je trébuchai, mais surtout…  je pleurai

Larmes en mal de vivre
Larmes en soufre d’acier
Larmes en peine d’être
Larmes et rien d’autre que le salin de son expulsion

Et me voilà
Fracassant la murale de ma propre frontière
Armé de ma seule volonté résiduelle
Fractal de beauté espérée, résigné que j’étais

Lambeaux en charpies
Hissés bien haut les vestiges
De mon cœur, exhibé au vent
Ulcéré et lacéré de son état d’antan

Désert en ocre
Silice en étincelle d’or
Bercé, voire berné de ces mirages
S’offrit à mon fantôme en guise de pâturage

Dunes en paysage d’automne
Mes pas sifflant sur l’ombre de l’horizon
D’une quête amourachée d’ignorance
Je pleurais d’un éden à m’offrir


mercredi 23 septembre 2015

Caméléon

De par sa peau bicolore,
Nul ne peut connaître sa véritable nature.
Trompe l'œil en éternel dû,
Elle n'affichait qu'au final
Que le vide qui l'habitait...

dimanche 20 septembre 2015

Octobre

L'aube au chant des morts
De par son chevet veillé
Aux abords de l'astre à la face voilée
Carmin d'ocre orangé sur un voile tamisé
Étend son ombre lumière vers un demain qui brûle
Solennelle et toute parcimonie
Couvrant la voûte d'un bleu ciel 
Annonçant, tel un coq métronome
L'arrivée partielle de ces heures éclairées
Tel un pendule aurifère
De son mouvement ourlé
Hisse à son zénith 
Le kelvin embrasé
Zèbre de lumière
Par des duveteux parsemés
L'étendue de son jaune en bras de fer
Chassant tout bonnement les perles de sa rosée
Vie en lente allure amorcée 
Cueille le fruit du labeur qui abonde
Chatoyant en sillons de gerbes de blé
Passées du lime de son vert aux dorés de ses reflets 

jeudi 17 septembre 2015

Tisse

Balafre dans un océan d'ombres
Le vent froid de l'indifférence
Souffle ardent dans son perpétuel mouvement
Tisse l'écueil de son gouffre
D'un fil d'argent fin
Pour que brille à la lueur des astres
Le piège au destin létal
De givre cuisant


dimanche 13 septembre 2015

Mentir

Le mensonge... il est cet écran de fumée de l'on souffle au visage de ceux auxquels on ne veut pas perdre la face...
Le mensonge... il est cet écran de fumée de l'on souffle au visage de ceux auxquels on ne veut pas perdre la face...

mercredi 9 septembre 2015

Les larmes des forêts

Et demain s'envoleront les forêts. Ne laissant à la terre que ses racines de chairs. Nous serons tous pendus aux déchets de nos vies et nous pourrirons nos carcasses dans le feu des enfers. Nos vertes prairies en charbon consumé, fumeront nos pensées que nous cracherons au silence des mers, comme nous tousserons nos cancers dans le froid de l'hiver.
Les arbres s'oublieront au céleste éphémère, que l'humain trop pressé, a changé en poussière. Et la terre brûlée chantera ses souffrances sous nos pas fissurés aux gerçures carnassières. Nous serons les cadavres vulgaires, entassés comme des fous dans la gueule des misères, qui s'apprêteront au festin sur l'autel de nos vaines prières.
Nos enfants, impuissants, "larmeront" leurs regards desséchés quand l'adieu des forêts glissera l'univers dans un souffle de verre. Ils s'arracheront les masques à oxygène, les testaments retrouvés sous les cendres des guerres. Ils s'arracheront l'héritage funeste de leurs pères, ces hommes inconscients à la conscience meurtrière.
Dans des boites de conserve, quelques ridicules petites bulles d'air, se vendront au marché noir sous l’œil engraissé d'un hideux ver de terre.
Les autres. Les autres dormiront sous les cartons souillés aux parfums nucléaires que les vieux, plus fragiles, vomiront en tumeurs rancunières. Et de temps en temps, un shoot de lumière dans nos veines goudronnées, une dose suicidaire de ce que nous avons massacrés. Et de temps en temps, nous vivrons la forêt, dans nos rêves effacés aux nombreux jets de pierres. 
Souvenirs irréels de ces matins vivants où la forêt ne savait pleurer que la douce rosée.
Et de temps en temps... La main sur le revolver.

¤ Cat ¤ 08/09/2015

jeudi 3 septembre 2015

Petite fleur des champs

Quelques marguerites ont fleuri dans le silence des nuits blanches. Une pétale pour un "je t'aime", et des centaines d'autres "d'un peu", "beaucoup".

Et là bas... Le corps nu de l'une d'entre elles, assassinée par un dernier "pas du tout". Abandonnée dans son cri chuchoté, elle coule sa dernière pétale comme on coule larme futile sur un amour à jamais disparu. Elle secoue sa tête jaunie sur le corps inerte de l'amoureuse, comme une caresse volée pour la faire frissonner. Une toute dernière fois. Mais sa peau trop pâle à fermé son regard aux passions. Le vent, en souffle agacé, hurle dans les arbres, sa colère soudaine. Le sifflement froid dans le creux de l'été. Le cri déchiré d'un appel à "trop tard".

Recouvert par le ciel obscurci de cette fin de journée, l'enfant attend la nuit pour s'oublier à son sang. Les pétales meurtries ont rougies simplement et la tige marguerite se désole lentement. Elle se voulait "beaucoup" pour l'entendre sourire, et s'espérait juste mourir dans un "passionnément" hurlé à la prairie.

A jamais amputée, elle périt tristement, s'écrasant, à bout de souffle, sur le corps endormi d'une trop grande éternité.

Et voici qu'elle s'immortalise sur la peau de l'enfant. Le baiser doucereux d'un adieu crucifié sur la croix des "pourquoi".

Et partout dans les bois, on entend hululer le hibou majesté. Et partout, on l'entend appelé la nature pour protéger cet enfant, où s'endort joliment, la petite marguerite, tatouée sur son petit corps blanc.

¤ Cat ¤ 

Note du chat : Ne cherchez point de fautes à "une pétale"... Je l'ai volontairement féminisé.

mardi 1 septembre 2015

La mort en embuscade


Suis-je réellement, en cet instant, l’unique narrateur d’un chapitre  de ma vie? Du bout des doigts, je tambourine les mots qui se maquillent de liberté.  Mon parcours, très incolore lorsque je le compare, est cruellement intense dans ma profondeur et dans ma sensibilité.

Cadette d’une famille de quatre enfants, j’ai  compris très tôt la bienveillance et l’empathie. Ma grande sœur, éclot  un hiver avant moi,  presque jumelle de chair, avait l’apprentissage en difficulté. Moi, j’avais  la facilité. Les années primaires au bout des doigts, je montais mes classes à grandes enjambées. Ma frangine, plus discrète, tirait ses leçons dans des  groupes adaptés. Déjà, à sept bougies, je camouflais  mes aptitudes pour protéger  son amour-propre. Cercle vicieux d’une petite sœur qui surprotège et qui grandit en offrant sa place aux autres aussi.

 Un discours d’interdiction s’était enraciné dans mon inconscient :

  • Tu ne peux pas être meilleure qu’un autre, tu blesseras sa personnalité
  • Soit juste assez  bonne, mais ne le laisse pas paraître

L’unique talent que je me permettais était celui de la gentillesse. J’avais en auréole le foulard de Mère Theresa, les couilles de superman pour  protéger les oubliés et la naïveté du Chaperon rouge, la tête à deux pouces des canines d’un loup déguisé, d’un simple chapeau en dentelle tricoté. Gagnante du trophée de l’Humanité au bal des finissants, je portais bien le costume du cœur sur la main.

Mais  à l’aube  de ma vingtaine, les désillusions commencèrent à s’installer. Le cégep, moment décisionnel d’un gagne-pain futur, m’enrôla aveuglément  dans les sciences humaines pour suivre le troupeau. Une crise identitaire, un peu tardive, justifia à mes parents un ton accusateur envers ma personnalité et motiva mon envol en appartement. Et ce fameux prince charmant, pectoraux d’orgueil sur un canasson en rut, n’avait laissé comme seul empreinte sur notre amour imaginaire, que des feux sauvages et une fusillade de sperme qui avait terni ma robe blanche et voilé ma valeur.  

Vingt et un ans, le regard pour moi-même toujours vers l’extérieur, un  travail à temps plein dans un restaurant, une inaptitude à comprendre ce que la vie attendait de moi et un regard parental qui doute, fit exploser les crises d’angoisses. Étau clôturant  ma gorge de fumeuse, soubresauts anarchiques de mes membres, cœur en cavale : le cauchemar d’une mort imminente. La détresse d’une vie en sourdine avait finalement piétiné ma vitalité. Image d’une vendange bafouée ou l’espérance d’un grand cru avait finalement embouteillé une Diarrhée.

Je cognais la vie à grande lichette d’alcool et de soirées sans souvenirs afin d’évanouir ces incompréhensions d’une logique qui manquait à l’appel. J’avais  l’ardeur du mépris collée au sternum et qui coulait sur mon cœur. Je noyais  l’angoisse pour la faire taire mais il m’a fallu beaucoup de  temps avant de comprendre qu’elle s’animait  dans l’ivresse. Le rire autrefois comme une seconde peau, s’enfargeait dans des idées sombres.

Je me suis fractionnée. Coupée du monde à chacune de ces crises de paniques. Prisonnière des salles de bain publiques, ces refuges m’ont reconnectée avec mon essence à grand coup d’essoufflement et de retour au calme. Assise, en petite boule, le visage effleurant  la fraicheur d’un bol de toilette, j’ai appris à tourner mon regard  vers mon importance. Je n’aurais  jamais pensé qu’avoir la tête si proche des déjections pouvait insuffler un élan libérateur de mes propres besoins.

Période noire et de serrements de cœur, je quémandais  en silence  l’amour mèreconditionnel. Il ne se présenta pas. Je coulais la honte sur son sein.

La fuite  géographique s’invita. Cette fausse liberté accrochée à  mon sac à dos avait trouvé écho pour calmer mes paniques. Je ne savais pas encore prendre position dans mon identité mais je n’avais plus ce fardeau de plaire ou au mieux celui de déplaire. Le silence chuchotait des instants sereins.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours crayonné mon âme sur le papier. Gamine, j’inventais des histoires de princesse pour le bonheur de mon petit cœur de Cendrillon. À l’adolescence, les premiers poèmes maladroits et les lettres d’amours griffonnées durant des cours inintéressants. La vingtaine a fait éclore les malaises mais aussi cet appel criant d’écrire. L’arbre dénudé façonné en pâte à papier m’a aidé à progresser de maux en mots de fois en Foi.

 Des dizaines de petits cahiers vierges achetés à  rabais, m’inspirèrent des millions de  possibilités d’exister. Ma souffrance émotive avait trouvé une hospitalité sincère à l’épaule d’une marge sans limite et sous une couverture protectrice.

Dans mon sac à dos de la liberté s’y  trouvaient des sous-vêtements et une brosse à dent, deux t-shirts et un legging, un porte-monnaie sans le sous et des recueils de pensées.

Extrait d’un recueil de  1999 :

Délivrez ma princesse

De sa tour d’angoisse

De la soumission de ses murs

Du jugement de son miroir

 

Elle se mutile elle –même

Oubliant d’exister

Oubliant de ne pas que regarder

Les mendiants de la pitié

 

Extrait d’un recueil  2001 :

De petits mots

Simplement petits

De gentillesse  S.V.P

Pour mon égo si sensible

 

De l’Ouest Canadien  à la Californie, de Baie Comeau à la Floride, sinueux carrefours giratoires porteurs d’expériences.  Ne pouvant  pas  fuir plus longtemps mes apprentissages sur cette Terre,  j’ai  senti la peur revenir au galop.  Longeant les murs pour me surprendre d’une jambette ou d’un étourdissement, l’angoisse était revenue. Je me suis battue. Affronté sans relâche ce sentiment de devenir folle et cette frayeur de mourir. Image d’une camisole de force transformé en zombie qui tente de kidnappé ma tête.

Combat ultime de pensées qui s’entrechoquent : 

Ça va Bien! Respire! Je vais mourir! Non, tout va bien! Calme- toi. Je peux plus  respirer, je vais m’évanouir. NON, tu n’as rien. Ma vision s’embrouille, je ne veux pas  mourir dans une épicerie! Ferme tes yeux, écoute ta respiration! Mon cœur bat trop vite, je vais  faire une crise cardiaque!

Respire!       Chut!     Respire!     Chut!     Respire!    Chut!     Respire!     Chut!

Quinze années à tenter de maitriser ces malaises en les flattant de paroles sécurisantes. Cette peur de m’éteindre était enracinée dans mes tripes depuis toujours. M’a-t-elle persécuté ainsi toutes ces années pour me guider vers des morceaux d’éveils? J’ose sincèrement y croire.

Il y a trois ans, la mort n’est pas que venue chatouiller mes angoisses. Elle a muselé mes mots qui lui étaient destinés. À la pénombre d’un jour de mai, Daniel a repris sa liberté emprisonné dans une tumeur au cerveau. Mon frère, ce guerrier pacifique a bravé l’impossible pour exister. Déchirures incompréhensibles, j’étais incapable de lui écrire mon amour. Mes paroles étaient trop simples, le poids de ma douleur ne trouvait pas les larmes appropriées.

Mes recueils s’ouvraient et se refermaient  sur des pages blanches immaculées comme la lumière du paradis. Mon crayon se déguisait en efface, il n’avait pas la justesse des émotions afin de lui exprimer ce vide qu’il avait laissé.

Et moi, comment avais-je pu vivre tous ces printemps avec cette crainte de périr, alors que j’avais toujours eu la santé plein les poches?

Le dernier repos ne s’invente pas, il n’est pas un mirage, ni un jeu de l’esprit. Il est authentique, déchirant et meurtrier. 

Aujourd’hui, la mort ne m’angoisse plus. Elle a pris racine beaucoup plus profondément dans mes entrailles. Elle m’a condamné à exister. Je ne peux offrir meilleur hommage à mon frère, que d’acclamer la vie à grande intensité dans l’amour, la compassion et le respect, malgré les incertitudes et les épreuves. Image d’un cœur qui bat et qui pleure, qui pleure et qui bâtit.