lundi 28 décembre 2015

Demain d'aujourd'hui

Caresser du soleil dans un croissant de lune
Recevoir son éclat en visage supplémentaire
Vibrer de ses rayons sur une parure dorée
Sonner la cloche de la chance du moment
Puis, au retour du coucher du soleil
Le jour en déclin et ce besoin pressant
De l'étreindre à nouveau

dimanche 27 décembre 2015

Pour le reste, ils n'ont pas l'temps...

Beaucoup voient sans voir, promenant leur regard
distraitement. Ils parlent de la pluie et du beau temps!
Pour le reste, n'ont pas l'temps!

Et la cheminée fait des volutes, jamais les mêmes...
La neige a du rose sur les joues...
L'oiseau s'approche, mais a peur de toi...
Parfois, les secondes ont les pieds pesants
pendant que la lumière fait briller la glace
nonchalamment...
La nuit a le regard profond dans les bois...
Le chien frissonne de joie lorsque tu arrives...
Les montagnes ont des hanches, des ventres, des bras...
Le grand fleuve coule en paix malgré le froid qui le contraint...
Le vent se donne des ailes pour soulever un chapeau...
Un étroit chemin conduit au promontoire...
Un pont a toujours les pieds dans l'eau...
On s'endort avec le désir de se reprendre le lendemain...
La pluie s'amuse, frappe et glisse sur le toit, même en hiver...
Un enfant porte des chaussures trop grandes, un autre
se boutonne en jaloux...
Un visage irradie le bonheur, un autre soupire...
Une nappe voudrait manger les miettes de pain séché...
Le jardin fait des promesses...
Un livre vous appelle à l'aide...
Une rivière vous invite sans hésiter...
Je devine la fatigue qui te traverse, je reçois ton silence
qui parle...
Le crépuscule distribue des secrets violets sur le dessus
des collines...
Le regard est un trésor vivant de la vie éveillée.

Les murmures, partie seconde

Lorsque nous sommes perdus en soi-même, tous les chemins sont des portes de sortie, mais parfois, elles sont des rampes glissantes vers une fuite nécessaire, mais inutile... Dans l’instant d’inertie, entre deux soupirs d’hésitations, la mort s’était glissée vicieusement en elle. Pourtant la Dame éplorée n’en eut pas conscience, pas encore.

La brume dans sa tête, comme dans le chemin en croix en face d’elle, était opaque. Sa robe, humide par capillarité, trainait en lambeau sur le tertre en chemin boueux. Ses cheveux, à présent grichoux, tombaient en cascade, leste sur le bord de son visage. Jamais elle n’aurait cru descendre si bas, bas jusqu’à plus d’ombre sinon l’ombre d’elle-même. Pourtant, elle le savait, cette descente avait commencé depuis déjà longtemps, et l’ignorance intentionnelle avait accéléré le processus. Si seulement, croire en elle avait été autre qu’une option, la réalité, la sienne aurait pu être autre. D’une enfance en sourire vers une vie d’adulte en rêve déchu. Jalousie en perle de haine sur un souvenir encore amer, elle regrettait sa vie d’antan.

Perdue dans l’étalage de ses regrets, le vertige la prit et pour le dissiper, elle se remit en route. Le chemin qu’elle emprunta alors lui était inconnu de visu, mais elle était loin de se douter que son avancée la conduirait vers un lieu que tous redoutaient, mais dont nul ne parlait. Mythe parmi les vérités, cet endroit offrait à ceux qui osaient y plonger, l’agonie d’une mort lente tout en torture. Seule la folie survivait dans le résidu de l’âme qui s’y éteignait, et parfois moins aussi. Ce lieu, qui n’en est pas véritablement un, était connu sous le nom du Marais des Murmures. Endroit où nul n’en revenait et que tous abonnaient ici leur vie passée et succombaient aussi à celle future.

Point d’arrêt sur une mer morte, peu de récits portent la réalité au stade véritable des souffrances que peuvent vivre les égarés qui y entrent. Dire qu’avant, ce Marais était une plaine riche de sa culture où l’abondance de ses récoltes était la fierté de ces occupants. Paradis sur terre, tout y était prospère et l’harmonie des habitants était notoire et reconnue de tous. Sol de convoitise par les villages avoisinant, ils durent se protéger et comme la guerre est lucrative au bénéfice du marchand, ils payèrent d’un prix encore plus cher que leur propre perte.

Portant fruit dans ses débuts, les défenses ne tinrent qu’en illusions, subterfuge sous un tonnerre de honte. La faille tenait dans sa force. Car tous le savent, la sécurité n’existe qu’en théorie et rarement dans la pratique. Or, le bois qui avait été utilisé pour ériger les remparts n’était autre que le fruit d’une magie noire ayant comme finalité d’étouffer ceux qui étaient prisonniers en son sein. Donc, au fil du temps, l’air y devient nauséabond et malsain. Les habitants virent leur peau muter en diverses teintes passant du vert au gris. Le blé, d’ordinaire de teinte dorée se teintait du noir du charbon causant famine et désolation sur le champ des morts. Dès lors, les âmes furent prisonnières de cet endroit et hantaient le territoire de leur perte. Le paysage en paya le prix et rien de neuf ne put y vivre. Décomposition et fermentation jouèrent de pair et transformèrent ce jadis prospère en un marais mortifère. Et c’est exactement dans cette direction qu’elle posa pied.


Matin offert à même la grandeur.

Chaque morceau de champ se recouvre de blanc
Neige oblique du nord-est
Poudrerie dans l'oeil petit
Neige qui donne des qualificatifs au jour 
se soulevant hardiment
Murmure à travers les flocons:
Remue-toi!
Un rond dessiné sur le sol, deux yeux, un sourire:
Petit tableau qui raconte ce qui est vivant 
Matin offert à même la grandeur
Matin donné entièrement pour transformation
à travers la vie coulante

L'oiseau

Je vole où bon me chante.
Je chante mélodie sur mélodie.
Dis-tu que je prie?
Je prie oui... dans mes accords.
J'accorde du temps à l'espace...
Je passe oui... et je vis vraiment.
M'entends-tu?

vendredi 25 décembre 2015

J'espère un hiver !


Ce soir, la pleine lune de Noël roule en boule
dans les nuées mouvantes.

Elle fait la ronde dans les dortoirs du ciel 
pendant que décembre en tenue printanière avance vers janvier 
pour lui souhaiter la bonne année....
et que j'espère vent, poudrerie, congères! 


mardi 15 décembre 2015

L'opéra de mes initiatives

Le vent est un baryton qui souffle des notes puissantes
et graves lesquelles résonnent au plus profond de ma cabine corporelle.

Mes oreilles repèrent des accords familiers, je m'active à travers leur musique.
L'opéra de mes initiatives joyeuses emplit l'air et l'espace de ma cabane,
de concert avec le spectacle de l'ordinaire.

L'harmonique de la partition voyage à travers l'infiniment petit et me rassure
quant à l'infiniment grand.


vendredi 11 décembre 2015

De secondes en éternité

De secondes en éternité...


Sur ton fil, l'oiseau, tu te sens : juste né

Une patte dans le vide et affamé

Au pied de l'arbre, les loups

Dans ton nid, les coucous


D'amour en viduité...


Coeur en lambeaux, tu le suis : déchiré

Des rivières de sang et de larmes mêlés

Des vagues de souvenirs et d'oublis

Où donc est l'entrée de ce puits ?


D'efforts en stérilité...


Futile cerveau, tu le sais : vacuité

Absence de sens, inanité

Les mots résonnent hors saison

Il n'est plus temps pour la raison !


De clartés en ambiguïté...


Et coulent les fleuves de la Vie

Entre les berges de l'ignominie

Où les ongles acérés d'envies

Sèment leurs blessures sans répit. 


Toujours sur ta Voie... fatale vulnérabilité. 



Aubrée - 11/12/15

lundi 7 décembre 2015

Les murmures, partie première

Sur un souffle d’avant-hier, le temps écoulait son sable vers le fond de sa coupe. La lune semblait s’éclipser sous cette voute ombrageuse et duveteuse de nuages en berne. Sa lumière était diffuse et ses rares apparitions faisaient naître des formes que l’on ne voulait voir. L’homme possède ce don lui donnant le pouvoir ou la déraison de créer ses propres peurs.

L’écho de la nuit se palpait à coup de perle d’humidité sur la surface mousseuse du sol de cet automne pernicieux. Quelques feuilles, depuis peu détachées, coursaient sur les rares sentiers de cet endroit visité qu’en plein jour. Ces dernières dansaient sous le regard distrait de la chouette, attitude désabusée rappelant étrangement l’indifférence totale.

Le vent sous la tutelle d’un Éole généreux, s’amusait à jouer de la symphonie de sa présence sifflante entre les rameaux des arbres dénudés à présent. Bref, une nuit comme il y en avait tant dans ce lieu déserté sous sa phase nocturne.

Dans un coin de la colère d’une maisonnée jointe dans les remparts de ce village, la crise palpait l’horizon de ce couple querelle. Demeure sans histoire aux volets toujours fermés. Son toit de tôle brillait de son lustre perdu au fil des années et que dire des murs usés sans jamais avoir eu le luxe d’avoir été entretenu. Cris en averses trop fréquentes émanaient de ces murs lourds en histoire. Babillage en lutte de pouvoir sur un fond de n’importe quoi, mais pourtant… le résultat était le même. Mots au-delà de la pensée, lancés dans l’antre de la blessure permanente, volaient jusqu’au plus profond de son âme. Puis, dans un élan de pulsion provoqué par une parole de trop, la porte claqua de ces gonds sous la colère de la Dame éplorée qui quitta en courant vers un ailleurs qu'elle espérait meilleur.

De son côté, l’esseulé de la maisonnée, trop bourré pour la rattraper, se cala dans l’oubli bien alcoolisé. Laissant sa bien-aimée se perdre dans les pleurs de sa tristesse blessée.

Sa destination avait pour seul objectif de fuir et pour elle-seule, tenter de retrouver cette paix d’autrefois. Du temps où la vie s’offrait à elle en gerbe de fleurs suaves et que les rêves paraissaient encore réalisables. À présent, elle croyait davantage que le destin était une fleur fanée qui a trop souffert de sa beauté illusoire. Ce même destin qui se joue de notre volonté et ne sert que ses propres intérêts. Bref, elle souffrait.

Dans les dédales de sa fuite, malheur en complément d’un autre, elle quitta les remparts du village et fila vers le noir encore plus noir que son cœur. Les larmes en abondance sur ses joues, tombaient sur le pavé, le chemin de sa perte. Elle se retourna une dernière fois, espérant voir une âme la quérir, mais en vain. Puis de ce dernier coup d’œil blessant, elle quitta les lumières du village, résignée.

vendredi 4 décembre 2015

Flocon éphémère

C'est en levant la tête vers le ciel que j'ai aperçu 
ces mouvements délicats dans un précipité incroyable!
Une espèce de spectacle à grand déploiement...
une descente en chute libre!
Les flocons semblent pratiquer une danse folklorique,
une valse il me semble, à moins que ce ne soit un ballet
d'inspiration viennoise!
Ça voyage léger un flocon, mais ça déménage tout de même!
Je remarque que les particules déambulent 
dans un laisser-aller qui ressemble à une forme de confiance, 
celle de recouvrir peu à peu les chemins, les terres, les eaux, 
celle de réjouir le cœur des enfants nordiques.
Partout! Les flocons s'insinuent partout...
Les voitures portent des chapeaux, les mitaines se recouvrent
d'une épaisseur moite, les ruisseaux ont la chair de poule 
et sur les branches des arbres, une pelure molletonnée 
recouvre l'écorce en pictogrammes fondants.
Les brins d'herbe en concertation ont conservé la chlorophylle 
dans un mutisme parfait! 
Tout vit sous le couvert refroidissant...La neige est un agent de blanchiment! 
La terre change de saison tout à coup et 
Québec doit se vêtir chaudement.

La parade duveteuse poursuit sa descente et la musique est discrète,
appelant une mélodie intérieure, particulière et individuelle.
Le marcheur s'arrête, présente la paume de sa main, 
observe le dépôt et la mort subite du flocon éphémère.
Ses pensées rejoignent un concept d'impermanence puissant et
devant la suite ininterrompue des petits cristaux, 
il remercie la vie se déployant dans ce mouvement gracieux, 
fragile et émouvant.

La beauté respire ici, en ce moment béni.