Je désirais ce voyage plus que
mon mari. Je le désirais depuis que son regard ne voyait plus l’amante en moi.
J’ai porté ses enfants, j'ai compensé ses absences, je l’ai épaulé dans son
ascension, mais j'ai perdu le rôle pour lequel il m’a épousée, être son
amoureuse. Il a bien sûr protesté qu’il n’avait pas le temps de prendre des
vacances, que les enfants avaient besoin de nous, qu’un voyage d’amoureux
pouvait tout aussi bien avoir lieu au Québec. Je tins bon. Et c’est plus tard dans
une chambre d’hôtel de Venise qu’il redevint mon amant.
Nous sirotions distraitement un
verre après une journée bien remplie où nous avions joué aux touristes, sans
grande conviction. Mon mari arbora
toute la journée son air absent tandis que j’endossai le rôle de la femme
négligée. Bien assis à une terrasse alors que chacun de nous se
complaisait dans son silence, un magnifique jeune homme vint s’asseoir tout
près de nous. D’une beauté insolente et nonchalante, il demanda du feu à mon
mari tout en me laissant un sourire ravageur au passage. Mon époux ne sembla
pas s’offusquer des manières du jeune bellâtre, au contraire il engagea la
conversation avec lui. J’en fus horriblement offusquée. Non seulement il
m’ignorait totalement, mais en plus il semblait prendre beaucoup de plaisir à
converser avec cet étranger. Je décidai de les ignorer tous les deux. Je
contemplais depuis quelque temps la magnifique architecture qui nous entourait lorsque
notre adonis se leva, serra la main de mon mari, me fit un signe de tête et
s’éloigna. Je le vis traverser la rue et s’engouffrer dans un hôtel situé non
loin de notre terrasse.
Le soir venu, nous mangeâmes dans
un excellent restaurant où nous bûmes plus que de coutume. Mon mari me suggéra
de marcher jusqu’à notre hôtel. Il me tenait par la taille comme avant et nous marchions
silencieusement. Subitement, je me rendis compte qu’il m’avait amenée devant
l’hôtel où notre éphèbe de l’après-midi était entré. Je demandai à mon mari ce
que nous faisions là. Pour toute réponse, il me regarda, me sourit et me
demanda de le suivre. Ce que je fis. Il cogna discrètement à une porte et le
jeune homme de la terrasse nous ouvrit. Mon mari me prit délicatement la main
et me fit entrer. Du champagne nous attendait. Je pensai que mon mari avait
demandé à ce jeune maître d’hôtel de tout organiser pour notre nuit. Je me
trompais…
Notre hôte s’approcha de moi et
m’invita à m’asseoir. Mon mari choisit un fauteuil en face de nous. Le bel
Italien nous servit du champagne puis vint s’asseoir tout près de moi. Sa
chaleur était très perceptible et cela me troubla énormément. Nous bûmes en
silence quelques minutes puis je sentis sa main effleurer mes cheveux et ma
nuque. Des frissons parcoururent mon corps. Je fixai mon mari et ce que je vis
dans son regard fit tomber mes réserves. J’y revis enfin du désir. Mon amant de
passage m’amena très haut. Ses mains, sa bouche et sa sensualité firent sur moi
des merveilles. Encore sous les effets anesthésiants du plaisir, je le laissai
aller vers mon mari. Ce jeune homme lui offrit ce qu’il m’avait offert
auparavant, de la sensualité et du plaisir. J’avais oublié à quel point mon
mari est beau dans la jouissance. Ce soir-là, je le redécouvris. Il m’était
bien égal que les mains sur le corps de mon amoureux ne soient pas les miennes
puisqu’elles me permirent de mieux le désirer.
Tout simplement magnifique! Je me suis questionné sur les intentions de l'inconnu... Mais quelle finale!!! Bravo!
RépondreSupprimerTu réussis à nous faire voyager en quelques lignes seulement. Lire une phrase de ton texte nous donne envie de lire la suivante et de connaître la suite. Continue de nous partager ton écriture!
RépondreSupprimerJonathan