lundi 28 avril 2014

Notes de gris-noir

Vent de guitare
Notes en pincement de cœur
Siffle dans la raisonnance
D'un hiver en givre éthéré

Fragment d'étincelles de chaleur
Printemps en attente de survenir
Plonge l'espoir d'un vert 
Dans le noir d'une nuit sans fin

Rien d'un sourire emprunté
Force l'éveil du vide à combler
Ténébreuse conscience résignée
N'a d'air que dans le nid du porteur

Flamme en support d'autrui
Brille au regard du regardé
Témoin lumineux du réconfort
Lové dans le coin de la communauté 




mercredi 23 avril 2014

Pluie

Pluie en pleurs
Démaquille délicatement le paysage
De son horizon perdu
Souillé que trop longuement
Par le rude hiver

dimanche 20 avril 2014

Haine

La haine c'est l'amour qui se refuse à elle-même...

Rivière.

Rivière,
musicienne infatigable,
conteuse éternelle,
thérapeute intemporelle,
porteuse de rimes, de reflets-miroirs fragmentés,
faiseuse de clapotis, de fables irisées,
tu offres ton dos au vent,
tes frissons au soleil,
ton ventre aux poissons,
tes flancs aux galets coupants.

Rivière,
tu contournes sans te lasser les inégalités rocheuses de ton lit,
tu plonges et ronges le noir des creux que tu portes à la chute
pour former ce langage fort et franc de l'écume qui chahute.

Rivière, ma confidente, ma complice et ma joie.



Les instants de grâce.

Les instants de grâce sont rares et précieux. Sans doute pour cela s'inscrivent-ils bien souvent
comme des "tournants importants" dans nos vies ou de solides pivots sur lesquels on désire
construire.

Ils sont des cadeaux spontanés, ils arrivent dans un temps
qu'on ne saurait déterminer à l'avance.

Se cachent-ils quelque part?
Peut-on les inviter à se manifester plus souvent?
Magie ou simple disposition intérieure?

Quand ils se présentent, on souhaite être corps et âme avec eux!

Ils sont de passage.
Aussi savourons-les, remercions.


Marcher.

Marcher dans les pas d'une décision,
celle qui creuse imperceptiblement le sol,
sentir les empreintes de sa propre volonté se fondre
et réapparaître à chaque fois que le pied se pose.

Entre les effluves de tristesse et les sprints
de bonheur, poursuivre allègrement.


jeudi 17 avril 2014

Parfois...

Parfois...
Poursuivre un rêve
Simplement
Se résume à fermer les yeux
Le temps de...
Le vivre encore un peu

mercredi 16 avril 2014

Brille,que brille!

Fête dans l'océan des bonheurs
Naviguant à gré d'un vent franc
Lumière en dessert d'abondance
Sur un flan d'étincelle bicolore
Émerveillant lueur des enfants


lundi 14 avril 2014

Simone (d’après un croquis de monsieur Raymond Routhier, artiste peintre)



Simone est prisonnière. Captive d’un corps imparfait aux yeux de plusieurs, mais pas à ceux de Julien…

Tous les jours, elle sort prendre l’air. Elle aide d’abord son voisin italien à décortiquer son courrier faute de ne plus avoir sa tendre Gabriella pour lui lire le français. Puis, elle fait ses emplettes quotidiennes en laissant au passage un bonjour à sa petite-fille, caissière au supermarché. Elle termine sa tournée par le Resto du coin. C’est là que Simone rêvasse à sa prochaine visite à celui dont l'œuvre fait d’elle une plus belle femme.

Où qu’elle soit, Simone remarque son embonpoint dans le regard des autres. Elle sait qu’elle trimballe le poids de son âge, de ses grossesses, de ses abus, mais aussi de sa solitude. Ses épaules portent le monde. Mais quand elle rentre à la maison et entend la voix de Julien sur son répondeur, plus rien ne lui pèse.

Comme ces rencontres qui changent le cours d’une existence, Julien s'insinua dans la vie de Simone par une petite porte. Ils se croisèrent au Resto du coin un banal mardi. Le peintre avait négligemment repoussé son dessert à peine entamé et fixait le plafond. Simone entra, remarqua la beauté presque surréelle de ce jeune homme, et se figea lorsque son regard descendit sur elle.

Il l’a laissa commander son repas, puis se leva. Simone se sentit violemment rougir lorsqu’elle comprit qu’il se dirigeait vers elle. Il l’aborda un peu brusquement et lui demanda si elle voulait être son modèle. Les habitués du resto la fixèrent sans gêne, certains se permirent même de ricaner. Julien, impatient, sortit un stylo de son veston et griffonna son numéro de téléphone sur le napperon blanc.

Simone mangea en silence sans regarder personne. Lorsque la serveuse vint remplacer son bol de soupe trop vite avalé par une assiette de spaghetti, elle remarqua le cerne graisseux qui rendait maintenant les chiffres du numéro indéfinissables. Simone rentra chez elle le cœur lourd, rempli des plaisanteries des clients du restaurant, serrant très fort au fond de sa poche le napperon souillé.

Elle revit Julien trois jours plus tard dans le métro. Il l’aborda de manière tout aussi abrupte et lui réitéra sa demande. Elle bafouilla qu’elle n’avait plus son numéro, mais à sa propre stupéfaction, avant même qu’il eût sorti son stylo, elle répondit qu’elle acceptait. Il s'empressa de lui noter l’adresse de son atelier en lui précisant qu’il l’attendait le mardi suivant dès onze heures.

Le matin de son rendez-vous, Simone porta une attention particulière à sa toilette en choisissant sa plus belle robe, puis appela un taxi. Il n’était pas question qu’elle transpire dans le métro. Son chauffeur la déposa devant une vieille usine. Pendant qu’elle se demandait si le conducteur ne s’était pas trompé de rue, une porte s’ouvrit à la volée, découvrant un Julien tout sourire.

— Bonjour. J’ai eu peur que vous changiez d’idée.
— Non, non…
— Comment vous appelez-vous?
— Simone.
— D’accord. Moi, c’est Julien.

Le jeune peintre tourna les talons et gravit rapidement un étroit escalier en abandonnant Simone derrière lui. Lorsqu’elle eut terminé son ascension, elle était en nage et se maudissait de son poids. Elle passa la porte et découvrit un très grand atelier, fort bien rangé. D'immenses fenêtres laissaient entrer pleinement la lumière. Au centre de la pièce, Simone vit une toile sur un chevalet ainsi qu'une petite table sur laquelle attendaient du papier et des crayons. Pas très loin, il y avait aussi une chaise et un drap blanc.

Affairé à préparer son matériel, Julien l’informa qu’elle pouvait se déshabiller derrière le paravent. Simone se figea net. L’artiste releva la tête et remarqua le regard paniqué de Simone.

— Je croyais que vous aviez compris…

Simone se demanda comment elle aurait pu deviner que l’on puisse vouloir la peindre nue. Elle nota la mine déconfite de Julien. Elle eut même l’impression qu’elle lui brisait le cœur. Elle s’empara donc subitement du drap blanc et se rendit derrière la cloison. Elle ôta ses souliers, ses bas, son jupon et sa robe, mais garda ses sous-vêtements. Elle revint vers Julien. Celui-ci l’effleura du regard.

— Il faut tout enlever, Simone.
— Je suis grosse. Tout va lâcher.
— Et puis? 

Simone retourna derrière le paravent et retira sa lingerie. Elle resta quelques minutes à réfléchir. Pendant les dix dernières années de son mariage avec Charles, elle n’avait osé lui dévoiler autant de nudité. Le regard de son homme suffisait à lui faire garder ses vêtements. Elle n’essaya même pas de le retenir lorsqu’il sortit ses valises.

Elle revint vers Julien, s'assit sur la chaise trop étroite et attendit en serrant contre son corps son ultime rempart. Le jeune peintre arriva doucement près d'elle, lui demanda de se déplacer de sorte qu’il puisse la dessiner de dos et souleva le drap. Ses ordres furent impératifs tout autant que son toucher se fit délicat. En quelques minutes, elle avait pris la pause.

Il fit quelques croquis d’elle puis lui dit qu'il avait terminé. Une heure ne s’était même pas écoulée. Simone enroula le tissu de nouveau autour d’elle et retourna derrière le paravent. Sa revanche sur Charles avait été de trop courte durée.

Une fois rhabillée, elle vit au mur plusieurs peintures d’une très belle jeune femme. Son regard amoureux n’échappa pas à Simone.

C'est votre copine, n’est-ce pas?
Je l'ai connu en effet.
Elle est tellement jolie. J’espère que vous ne m’afficherez pas à côté d’elle.
C’est précisément mon intention.
Seigneur du ciel! Que cherchez-vous à faire? Démontrer à quel point je suis devenue grosse, laide et…
Pas du tout Simone. En vous regardant, j’arriverai à me faire croire qu’elle aurait pu vieillir près de moi.
Et pourquoi? Elle vous a quitté?

Julien ne lui révéla jamais la vérité au sujet de la jeune femme, mais peu importait à Simone, puisqu’à partir de ce jour plus aucun mardi ne fut banal.

Corde mince

Taire en trottoir
Les passages de mes envies
Équilibre entre moi et moi
Douce folie et raison débraillée
Bipolarité d'une même facette
Entre regard et étonnement
Abdique un funambule
Sur un filet de disgrâce
L'âme d'un défunt survolé




vendredi 11 avril 2014

Le vieil homme et la nuit

Ouvrir les yeux.
Première étape de ce retour à la conscience, de ce viol mental.
Je m’y refuse tout d’abord. Je veux retourner à mes rêves, là où rien de mal ne peut m’arriver. Mais si par mégarde la souffrance fond sur moi, ce sera celle que j’ai choisi, expiatrice de mes pêchés, ou gardienne de ma volonté, peu m’importe.
J’ai perdu mon courage dans ma quête d’identité, et n’ai nul désir d’arpenter à nouveau ce chemin ardu pour le retrouver. Je voudrais m’en laver les mains, mais seul du sang pourrait effacer les tâches de ma conscience.
Ouvrir les yeux.
Oui, mais sur quoi ? Un spectacle que je ne connais que trop bien, rythmé par un rituel sans cesse accompli, ou quand la monotonie se fait maître étalon d’une vie qui n’en finit plus de se dérouler. Revenir dans un univers où l’espoir est devenu une marchandise monnayable, ou l’avenir n’est qu’un sombre horizon.
Des brides de rêves s’accrochent à moi comme des voiles diaphanes, me retenant dans ces songes dans lesquels je vais de plus en plus loin. Un jour, j’irai trop loin, trop profond et rien ne pourra m’en sortir. Rien… mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui j’ai ouvert les yeux une fois de plus dans cet étrange mélange de déception et d’exaltation, qui peu à peu cède la place au vide. Vide qui emplit l’espace de mes pensées aussi sûrement et aussi bien que de l’eau dans un verre.
Pourtant c’est différent cette fois. Comme si, pour la première fois depuis longtemps, j’étais revenu entier, complet. Comme si mon âme avait fait le trajet retour. Un titre me vient à l’esprit, ce genre de phrase toute faite, tellement éculée qu'elle ne veut plus rien dire.Mais maintenant, elle prend tout son sens.
Le dernier jour du reste de ma vie.
Je suis debout. Opération qui d’ordinaire me prend plusieurs douloureuses minutes et qui cette fois s’est déroulée presque sans ma coopération volontaire. Même l’air est différent, sans relent ni odeur.
Dans ma tête reste gravées les dernières images que j’ai vécues dans mon monde onirique. L’instant fatidique où ma lame s’enfonçait dans le cœur de mon pire ennemi. Son visage, figé dans une expression presque comique d’incrédulité est une copie du mien, mais en plus âgée. Le sang qui s’écoule de sa plaie est noir comme la nuit, et je n’arrive pas à entendre ses dernières paroles. Ses lèvres bougent et articulent des mots, j’en suis sûr. Mais quelle importance, puisqu’il meurt.
En un éclair je reviens dans mon monde, ma misère. Les idées noires affluent au rythme des images de la déchéance d’une civilisation qui a définitivement fermé les yeux sur son échec. Mais je ne les laisse pas m’envahir. Plus Maintenant.
Plus jamais.
En surimpression de tout ce que je vois, il y a un filigrane, une bouche exsangue, des paroles, l’image mais pas le son. Le monstre me hante encore, dans une habile et cruelle torture, celle de ne pas comprendre ce qu’il me dit. Les heures passent, et l’importance de savoir, la vitalité de connaître se font plus impérieuses. Mais dans ce rêve, il y a quelque chose d’inéluctable, une croix sur un plan indiquant le passage du point de non-retour.
Il n’y a plus que moi.
Les nuits s’enchaînent, se suivent et se ressemblent. J’essaye de m’approcher, d’entendre son râle. J’écoute. Mais je ne perçois que tout juste un murmure, un écho lointain et faiblard porté par le vent. Le spectre d’une vérité essentielle mais oubliée, enterrée sous les sédiments d’une histoire désireuse de renouveau.
Dans mon monde la situation se détériore. De crise en crise, de génocide en génocide, de mort en mort. Et plus elle s’aggrave, plus je m’affirme, deviens sûr et précis. Des projets fleurissent, inavouables, inavoués. Ma tête en est pleine.
Les nuits continuent de s’entasser, et les paroles de m’échapper. Les journées, je cours après ces mots mystérieux, cherche à les débusquer de mon moi récalcitrant.
Puis enfin vient la guerre. Celle que j’attendais sans le savoir jusqu’à ce qu’elle arrive. Dans le chaos des champs de bataille, dans les cris et la souffrance, dans la mort et le désespoir, je m’épanouis, je survis, combats et rassemble.
Les explosions autour de moi, les obus qui tombent, l’air qui pue la terreur, tout ça me rapproche de ma vérité. Me rapproche des paroles de ma Némésis, assassinée une nuit, il y a bien longtemps. Elles sont là, dans le chaos et la fureur, je peux presque les entendre. Les toucher du doigt, comme le doigt de dieu.
Derrière moi, se dresse une armée. Chacun des hommes qui la composent pourrait être à ma place. Ils voient en moi le meneur. Ils voient en moi la survie. Ils voient en moi l’espoir.
Je ne suis rien de tout cela.
Je ne suis qu’un homme.

Un homme qui voudrait se souvenir de ce que son père lui a dit alors qu’il était enfant et que la nuit le terrifiait.

jeudi 10 avril 2014

Paradoxe

Paradoxe dans l'ambivalence
Trouble dans l'évidence du pourtant
Malaise en proie du malheur
Sur un nuage de noir

Surprise en guerre de possession
Bien être confrontant son contraire
Désordonne l'équilibre maintenu
Porte en son centre le néant du rien

Luxe en dentelle sur un lit de beauté
Souille la nécessité du dépourvu
Vices en gain de vitesse
Freine le bonheur éclaté

Soleil en fureur face à l'inconvenu
Tranche de sa hache céleste
Vestiges déconfits de nos frêles fondations
En cendre de convictions illusoires

Mains en maintenant
Palpant la candeur d'une lueur
Sacrifice en vain






mercredi 9 avril 2014

L'hiver se rend sans se soumettre.

Dans l'axe de l'astre couché,
voici l'or et les ombres mélangées
sur le blanc des champs d'avril,
comme autant de frileux fils.
La rivière inlassablement muette
est un chemin qui marche,
sous le couvert de la lourde glace.

L'hiver se rend sans se soumettre.







Enfinalement

Brille en chaleur
Soupir d'un enfin
Printemps en débâcle
Sous le ciel chantant
Le doux temps survenu

mercredi 2 avril 2014

Jour

Brille au matin
Lueur en carmin écarlate
Astre du ciel
En clin d’œil
Tend librement la main
Vers un jour toujours nouveau