dimanche 18 septembre 2016

Un matin comme les autres...(première partie)

Le jour pointait au-dessus de la nuit qui s’estompait. La brume d’octobre léchait les gazons qui basculaient vers leur dormance. Les fenêtres n’étaient pas en reste et les toiles qui s’y accrochaient perlaient en eau du matin. Un des derniers camelots jouait de son vélo pour aller porter, en rouleau, la presse du matin chez les rares abonnés. Lui, seul, pensait que son temps était compté… Le virtuel avait aussi touché les plus petits, comme lui.

Sur le porche de quelques maisons, on pouvait y voir des messieurs en peignoirs, attendre que leurs chiens se départissent de leur digestion. Dans l’attente, ils tentaient de se réchauffer en plaçant leurs mains sous leurs aisselles tout en sautillant sur place, expirant un embrun de vapeur.

Puis, un à un, les lampadaires s’éteignaient. De plus en plus tard, car la nuit en automne gagne toujours du terrain sur le jour. Cycle en rotation depuis l’éternel. La vie n’est qu’une roue qui tourne… Mais parfois, un grain de sable peut rompre cet équilibre, comme quoi, tout est instable, même le changement.

Le réveil sonna trop tôt. Les chiffres en bleus affichés contrastaient avec le noir de la pièce. Les rideaux noirs, opaques, ne laissaient filtrer aucune lumière. Clara les voulait ainsi. Fille de nuit et non du matin, les cadrans avaient toujours été une plaie pour elle. Nombreux avaient terminé leur vie bien avant leur temps. L’humeur en vrille quand ses 8 heures de sommeil n’affichaient pas comble, elle tempêtait autant qu’elle râlait. Malheur à ceux qui voulaient lui tomber dessus en ces jours en lacune de sommeil. Les pauvres…

En grognant pour elle seule, elle déposa ses pieds sur le plancher froid. Un frisson parcourut son corps sans la ménager d’une parcelle de parcimonie. Ce satané chat avait encore dû jouer avec le tapis. Il ne paie rien pour attendre, pensa-t-elle. Rapidement, elle courut, sur la pointe des pieds pour atteindre le tapis de la salle de bain. D’un coup sec, elle régla le chauffage au maximum et patienta. Elle profita de ce délai pour voir à sa déco. Les couleurs commençaient à s’imprégner du qualificatif de "has been". Ce bleu criard avec des touches de vert lime sur les accessoires lui donnait le tournis. Que dire de ce cadre? Une ombrelle jaune sur un fond de ciel ocre. Pathétique. Pathétique était le seul mot qui lui venait en tête en observant cette image tant de fois contemplée.

Cette pause en attente de chaleur fit germer en elle quelques réflexions. Mais qu’est-ce qui fait qu’on se lasse de ce que nous aimions auparavant? Elle tenta de se remémorer toutes les modes qui lui avaient fait acheter tant de trucs qui jonchent les dépotoirs à présent. Et si, et si?

Une décharge électrique foudroya alors sa conscience. En perte d’équilibre, elle se rattrapa sur le pôle du rideau de douche. De justesse, elle retrouva son aplomb, précaire. Son cœur s’emballait dans une estacade qui la menait vers un précipice sur le point de surgir en elle. Quelques perles de sueurs froides naquirent à la naissance de son front. Paniquée, elle se mit à trembler de tout son corps. Ses mains pulsaient sur le mur qui la retenait à présent. Des bourdonnements forts et rythmés lui déchiraient les oreilles. Puis, lentement, le froid, celui qui nous vient de l’intérieur, s’immisça graduellement dans la partie de son corps qui touchait le sol. Elle osa un coup d’œil sur ses pieds et la peur grimpa d’un cran. Ils étaient bleus et quelques orteils étaient déjà en voie de devenir noir. L’impression de givre galopant gagnait en altitude et ses mollets claquaient déjà. Elle voulait fuir, mais son corps ne répondait plus. Elle était prisonnière de sa propre situation. Un cri sourd l’étouffa, bloqué avant même de pouvoir s’extraire de son corps en voie d’extinction. L’air commençait à lui manquer. De rares expirations parvenaient à émaner de ce corps en proie à l’agonie. Quand, du coin de l’œil, en un éclair, son propre reflet dans le miroir la fit bousculer dans le noir de son exil…


Nuage de gris en guise de duvet sur son corps qui tombait amorti sa chute. La peur lui privait du courage d’ouvrir l’œil. Celui qui lui donnerait l’information qu’elle espérait tant. Qu’est-ce qui lui était arrivée? Où était-elle? Était-elle encore vivante?


Le vent

Tu es mon ami depuis toujours
Toi, le vent qui me plaît tant
Oui, tu es vraiment un amour 
Tu souffles de temps en temps

Et j’éprouve toujours de la joie 
A te sentir glisser sur ma peau 
A ce moment là je sais que c’est toi
Qui vient me stimuler de nouveau 

Lorsque l’été parfois tu disparais 
A l’occasion des chaleurs épaisses 
C’est comme si tu m’abandonnais 
Je me demande pourquoi tu me laisses 

Mais quand tu me fouettes le visage
A ce moment là je suis enchanté 
Et je me moque bien du paysage 
Je me laisse aller à ma volupté

samedi 17 septembre 2016

Un matin

Une goutte de rosée
Luit sur la branche
Une fleur s’ouvre
Le vent caresse les feuilles
La lumière s’installe
Et la journée commence

jeudi 8 septembre 2016

La fin de l'éternité

Le temps se berce à son seuil
Récif en éclats d’embruns anthracite
Vagues assoiffées léchant leur destin
Mouvements en séquence calculés
Métronome d’une frise en temps compté
Balancier entre deux tantôt
Extrême en déclin de son retour

Le temps se berce à son seuil
Au ridicule de son insignifiance
Face au terme de l’éternité
La vie comme la mort se sourient
Rictus en coin sur un visage immuable
De leur infaillibilité, de leur fatalité
Jumelle d’opposition sur un acte commun
Et demain déjà, encore hier

Le temps se berce à son seuil
Et le venin de l’infini
En fiel d’immondices
Amas en tertres aqueux
Se répand sur une mer sans rive
Se jouant de l’horizon en ligne courbe
Du déclin d’une terre sans abordage

Le temps se berce à son seuil
Et à ses côtés
En compagnon fidèle au visage pâle diaphane
Le rien de son néant semé
Noir en trou béant
La fin sous cette ivresse écarlate