vendredi 31 mai 2013

Conscience.

Je sais que tu es là
au cœur de moi
appel à la vigilance
île de silence
parfois tu indiques
thèmes et tactiques
j'adhère ou j'abdique
toujours ta présence
se fait résonance
je ne peux t'ignorer
te congédier
toi le sel de mon vouloir
de mon âme le miroir

mardi 28 mai 2013

Cours de rattrapage

Aspérité dans les vertiges d’une inertie à gravir. Je survole les traces pavées de mes pas jusqu’à mon point fixe actuel. Le sol meuble de jadis, terre fertile en quête de développement, riche en désirs et de rêves, s’est peu à peu asséché par le manque de défi que provoque l’ancienneté sur les assises acquises.

Fragile dans les éclats en poussière de néant, je perds dans le sablier de mon temps, le goût du plus encore. Encroûtement dans l’exil de l’évolution. Stable dans mes positions, je ne courbe plus, mais fissure.

Horizon de mon horizon, je fixe le point de mon départ éloigné. Temps de temps parcouru, tant de temps parcouru, l’usure mes souliers flagelle le constat du bilan nécessitant la mise à jour, mise à nu. Sans délicatesse, mon reflet heurte ma lucidité, ne pouvant me soustraire à la vie qui s’égraine à chaque instant.

Aigre sans répit, je conçois que la réalité d’une justice qui touche l’universalité, goutte d’eau dans l’univers, l’égo de mon construit s’incline bien bas devant cette humilité grandissante qui me rattrape par défaut.


Sans rien à ajouter dans le dépit du bon sens, je profite désormais d’un souffle, du vent de changement, redevenir le roseau se courbant devant la beauté qui m’entoure. Bercer dans la valse d’une gerbe de blé, je rythme mes pas à ce renouveau qui tissent le parcours qui se tresse dans la finalité acceptée. 

samedi 25 mai 2013

cliché zen.

Cercles autour d'une pierre esseulée,
ondes parfaitement dessinées,
imagine la main humaine,
dans un mouvement zen,
décrivant ce parcours circulaire
de plus en plus grand, des sphères
sur un sable fin de jardin sobre.
Deux éléments seulement, immobiles,
portant l'illusion d'une vague noble,
à l'origine d'un cercle, d'une île,
cliché imprégné de simplicité,
image de la vie manifestée.

mercredi 22 mai 2013

Répit


Sous la pluie d’un grand chêne
M’abritant corps à corps
Je m’endors adossé
Écorce accostée

Ondée inondée d’une contrée falsifiée
Je navigue sur le rien d’un porte à faux
Espoir en outrance d’abordage chaud
Mutinerie de loyauté

Terreur diurne sous les flots déchaînés
Radeau en quête de liens noués
Je tisse les rondins de mon espoir
Salut de la valse de Poséidon noir

Souffle d’Éole volant en éclat de clameur
Rayon de lune en ronde blancheur
Tirant profit de l’infortune
D’une vie qui m’importune

Subtil parfum marin en écume
Le ressac d’un granit chante telle l’enclume
Gloire en odieux épuré
Mariage entre l’eau et la terre soudé

Allège d’un contenu déversé
Nuage en apnée
Chaleur du soleil épargné
Asséchant lande submergée

Regard en éveil déchirant la berge dormante
Enivré par ces dunes odorantes
Pause altérée d’une journée
Appelant le retour de l’exilé



mardi 21 mai 2013

Ramener sa barque rouillée.

Écrire là de petites phrases pour ne pas souffrir, maintenant. Rester assise à la table ronde, seule, sous la lampe cloche, crayon à la main.
Avoir envie de moucher une vieille peine dans l'heure du soir qui glisse vers la nuit.
Je suis aplatie comme cette dernière crêpe que les enfants n'ont pas voulue. Les yeux du chien me regardent, inquiets. Je sens ma main rejoindre
la fourrure noire, véritable moire tapissée de sable. Les chiens épousent l'odeur de la terre pour se refaire une aura, en se roulant, se grattant le dos, les quatre fers en l'air! Chien placide que je t'aime! Comment les bêtes arrivent-elles à demeurer dans cet état constant de béatitude? Mon cœur se serre, incapable d'atteindre cette pause dans les émotions, ce calme rivage. Je dériverai immanquablement si ma main n'atteint pas ce livre qu'il me faut lire. Les livres sont plus secourables qu'une heure de thérapie. Je prie le ciel que mes yeux rencontrent un aphorisme puissant qui ferait foi d'aimant ramenant ma barque rouillée dans des eaux plus calmes. Mon chien me tend la patte. Je crois qu'il lit dans mes pensées.

lundi 20 mai 2013

Épave.

Écrire sur un mot choisi ce lundi
me fait ennui, je vous le dis.
J'ai placé toutes les lettres dans un étui,
celles du mot imposé, mot amphibie,
les ai brassées quelques minutes, puis,
les ai versées sur ma table de nuit.
Voici ce qui en est sorti,
vous avez deviné, ici,
la même exquise toponymie!
Rien à faire, je suis tout à l'ennui,
me faut écrire sur ce mot en plein midi.
Épave, c'est bien le mot-défi,
un vieux morceau de bois pourri,
échoué dans une baie jolie.
De beauté, ce n'est pas un prix.
Quoique celui-ci a la forme d'un outil
que mon grand-père Louis
se servait en Acadie.
Cueilleuse de petites fruits, comme lui,
habituée à me pencher, j'apprécie,
je ramasse la pièce et me dis
que ça pourrait faire sur ma galerie,
petite tablette pour une bougie!

Ce n'est pas un grand boulevard.

L'autre côté de la montage est toujours une promesse. Je file sur le lacet ondulant de la route ascendante, ce ruban qui serpente les vagues du paysage. Oh ce n'est pas un grand boulevard, aucun lampadaire ne l'escorte, néanmoins, je connais par cœur ce trajet forestier et l'amour que je ressens pour lui, cet amour aussi frais que le jour, aussi puissant que la bise. La route monte et dessine un horizon qui s'étire en douceur, je suis aux loges de la forêt. Un mouvement de clé vers la gauche, j'éteins le moteur. L'odeur de sapin baumier s'infiltre par la fenêtre, cherche mes narines, envahit la voiture. Particules suspendues dans un silence monacal, bonheur étale. Je sens mes pieds qui font des racines, un goût de conifère m'emplit la bouche, je ferme les yeux. Rester ici, rester ici pour toute la vie, trouver une cabane sous le couvert des arbres, devenir un ermite, chasser, pêcher, lire, dormir. L'autre côté de la montagne m'appelle de sa promesse.
Faut-il ainsi chevaucher d'un bonheur à l'autre? Ce que j'aime ici savourer mon temps libre...

samedi 18 mai 2013

Champion de l'instant.

Mon chien a trouvé réponse à la tendresse
et vient dans mes jambes à tout moment.
Ce champion de l'instant ne connait pas l'angoisse.

J'accepte ses écarts de conduite, ses fugues,
ses coussinets mouillés sur le plancher de bois,
son museau sale sur mon pyjama chinois.

Demain nous irons en voiture,
à la fenêtre, la tête dans l'ouverture,
ses oreilles voudront s'envoler.
Tête heureuse! Cœur léger!
Que se passe-t-il dans ta caboche,
à quoi penses-tu lorsque je brosse
ton dos frisé, tes flancs brioches?

Aux aguets, par terre tu sens,
et tu manges goulument.
Tu entends les ultrasons
et observes les avions.
Du bout du nez tu me touches,
tu attrapes les mouches.
Tu aboies et je sursaute,
quand à la porte on complote!

lundi 13 mai 2013

Fais-moi rire encore.

Mime-moi quelque chose de drôle,
Tourne en rond, dessine sur mon épaule,
Replace l'axe de ma terre,
Tricote-moi une chanson, un air.

Je te ferai un dessin d'oursin
et des macarons si bons,
Nous dînerons sur le balcon.

Mime-moi quelque chose de drôle,
avant la nuit qui se fait mauve.
Fais-moi rire encore, ose.

dimanche 12 mai 2013

J'accueille un mot.

Un rose profond et odorant recouvre le sol de mes pensées pour toi.
Une eau chante un refrain qui se fait fontaine et qui ne tient pas en place.
Mille et une impressions de douceur frôlent mon âme et se font invitantes.
Je voudrais tant que tu sois près de moi. Où es-tu en ce moment?
J'accueille un mot que je colle sur ma bouche. Un mot perché dans les hauteurs, parachuté tout à coup, un mot délicat qui délivre candidement sa sonorité, ouvre ses ailes et se raconte. Ni Larousse, ni Robert ne savent le prononcer. C'est un mot inspirant, beau comme un nouveau-né. Si tu viens et me rejoins près des roseaux, à la nuit tombée, je te le dévoilerai. Tu dois cheminer patiemment. Je suis au bout de la route rose, j'ai dépassé les noirs ravins, les drapés de granit et les sapins sentinelles.
Sauras-tu me trouver?

vendredi 10 mai 2013

Ton chapeau rouge, un petit point.

Quel délice de deviner
le jeu taquin du vent,
ce gamin qui souffle sans s'épuiser
sur les feuilles en ce moment.
Les grands bras du soleil gourmand
caressent et réchauffent les éléments.

Légère et insouciante, je lève le menton,
j'ai dans le cœur un vagabond.
Au bout du champ, je te devine,
ton chapeau rouge un petit point,
un coquelicot dans les vignes.
Et je cours, je te rejoins.

jeudi 9 mai 2013

Mensonges

Méandres d’un savoir-faire malhonnête
Le mensonge est un égoïste
Dans les parages d’un doute défaitiste
Il ne pense qu’à s’en repaître

Brisant les honneurs de la fierté
Il se fait maître des situations nuancées
Noir sur blanc de lumière sombre
Enfonçant sa proie dans ses décombre

Nuage en gris de pluie
Le mensonge renaît d’un sursis
Engluant les résistances
De ses citoyens de faillances

Pailles de son feu consumé
Cendre en guise de suie vitrifiée
Noircissant le visage
De ceux en faisant usage…


mardi 7 mai 2013

Écrire sur les galets.

Rien de mieux qu'un caillou pointu pour écrire sur les galets.
De beaux galets plats, ronds, aérodynamiques. 
Les accumuler, puis les lancer.
On suggère ainsi d'alléger le cœur, les pensées.
Un mot, un seul mot par galet, puis un mouvement de disque vers l'avant.
Le voir planer puis rejoindre la vague invitante.
Moi, j'ai un puissant vague à l'âme.
Cinq lettres prêtes à sauter. Dans ma poche, côté cœur. 
Il décrit un arc, puis fait trois sauts de crapeau avant de disparaître sous l'eau. 
La vie est belle, le plus souvent possible. 
C'est maintenant au bord de l'eau, les poches pleines de galets, 
les mots pleins la bouche, que je ne voudrais plus perdre ni ce petit caillou pointu, 
ni l'intensité du cœur battant, ni mon souvenir pour toi.

dimanche 5 mai 2013

M. Frigon


Lumière tamisée par les toiles défraîchies, suspendues au bord d’une fenêtre donnant sur le mois de juillet naissant. Poussières aux mille éclats, volants, tourbillonnant d’un ballet sous une caresse de la brise chatoyante dans l’ouverture perdue entre deux fermetures.

Dans le silence de son appartement, M. Frigon tournait en boucle les ficelles de ses réflexions. Seul le tintement étouffé d’un coucou meublait l’ambiance de son sanctuaire. Errant d’once en once dans les dédales du pour et du contre, il cherchait à se convaincre d’une décision. Son cœur penchait vers la passion à rallumer tandis que sa tête s’entête comme de raison. Océan de souvenirs sous un jet de lumière pointant la photo de celle perdue depuis trop longtemps, perlant dans la tristesse sur sa joue sillonnée par l’amertume, il regrettait.

Il voudrait tant offrir à sa vie une réconciliation sous le ciel amour négligé. Les années passées n’ont cure de lui alléger sa souffrance.

Il portait en lui le regret desséché du laisser-aller sous le thème de la lâcheté,
ou d’un remis à plus tard.

Le temps du coucou lui rappelait les instants perdus à ne pas agir, préférant se vautrer dans l’incapacité de s’assumer. Exception en ce mardi matin, sous le pli d’une mauvaise nouvelle en lecture, le temps écourté lui étant alloué se voyait maintenant rogner d’un délai en dormance.

Regard ternissant, les fissures du temps sur son visage avachi par l’usure lui reflétaient l’urgence d’une réaction. Que faire dans le doute quand celui-ci s’impose d’une solution, sinon que faire sans plus attendre?

Telle une voiture rouillée de n’avoir bougé depuis des années, M. Frigon se mettait péniblement en marche vers les préparatifs de son départ. Destination en course dans l’espoir d’une retrouvaille espérée. Y serait-elle encore? Appréhension angoissante d’une démarche peut-être vaine bercée par les dialogues internes d’un « mais si… »

D’un pas à pas décidé, il s’entreprit d’une démarche clamant haut et fort à qui voulait bien l’entendre, qu’il retournait aux côtés de sa belle. Soupirs désespérés en guise de réponse, éveil de découragement devant l’absurdité de ces retrouvailles trop tardives. Sourd aux remontrances en outrances, M. Frigon s’affaira au meilleur de ses capacités amoindries, réservant le temps nécessaire d’un délai entre deux cavales. Tissant une toile d’une beauté à venir, entre deux valses en mémoire, soif de vivre dans cette nouvelle rivière, rien ne tarirait cette conviction grandissante d’un bon choix parmi d'autres douteux. Certitudes en fondation, terrain d’assise en levier de bonnes volontés.

Derniers réglages dans les vestiges d’une étape à tourner, la vie se consumant dans la fumée des rêves déçus, alors le temps restant obligeait l’urgence d’agir. Frivolité renouée dans les images au fusain dessinées de cette destination signée. Adieu en office à tous ceux qui se rient de sa décision, qu’en a-t-il à faire, mise à part les tourner en dérision. Départ ainsi facilité par ces risées que son entourage déplumé lui offre en au revoir.

Billet en poche, allée simple dans l’espoir d’un non-retour, M. Frigon partit l’âme au pied de marche vers un idéal fantasmé. Bien calé dans le siège de son départ, il divaguait en quête de scénarios à la fin heureuse. Endormi dans les airs, porté par les ailes d’une destinée en cours d’écriture, il s’égarait dans les fougères plumeuses dans le sous-bois de sa conscience.

Atterrissage onirique, bulle divagante, M. Frigon aux teintes de son reflet virtuel fleurissait dans un idéal ponctué de bonnes nouvelles. Décor en fée des bois sous le déluge mielleux de ces retrouvailles de soie, naviguait sur la toile de sa destination.

Dès l’éveil du rêveur, il sentit que le sol sur lequel foulaient les pneus crissant dans la force de leur impact s’ouvrait vers une finalité de sa course. Douane en fouille de perte de temps, le peu de bagages à récupérer le soulagea des files d'attente. D'un air climatisé à l'air frais, il se mit en route vers celle qui occupait l'entièreté de ses pensées.

Vie en fin de parcours, souffle haletant d’une maladie galopante, M. Frigon peinait à prendre son pied devant l’autre. Seul l’appel de cette rencontre programmée lui donnait le courage de poursuivre malgré la douleur qui le gagnait. Dans le fort de sa croyance, il souhaite de tout cœur que le sien ne le lâcherait pas avant l’avoir rejoint.

Sur le vestige d’une note sur un papier froissé, il cherchait à rejoindre l’adresse qui y figurait. Les quelques billets en poche ne lui permettaient pas de folie dans l’exagération de ses excès. Résigné dans sa démarche, il franchissait l’écart entre lui et sa tendre moitié délaissée.

Palpant l’envie d’y arriver au plus vite, il hâta le pas et ces derniers ne le trahirent pas en le menant tout droit vers la grille de fer forgé ornant la demeure de celle qu’il aimait depuis toujours. L’air était bon et la cour entretenue sous la minutie de ses occupants. Malaise au corps éreinté d’un effort que trop soutenu, il tentait de remettre de l’ordre dans l’idée de ses mémoires. Quels seront les mots qu’il lui soufflerait une fois à ses côtés, il n’en savait plus rien. Peut-être que seule la proximité parlerait pour lui.

Dédale en dalle de pierre sous la stèle qui l’abritait, M. Frigon la reconnut parmi les autres. Fresque d’une vie en perte de vie, il prit place à ses pieds et sans mot dire, la rejoignit les mains en croix.

Souriante enfin, sur le seuil de son trépas, elle l’attendait depuis des lunes croissantes et décroissantes, se succédant sans l’ombre de son âme. Mais cette fois, il était là. Enfin réunis sous un même monde en déconstruction, l’amour qu’il avait perdu depuis trop longtemps déjà renouait dans la dimension qui les hébergeait tous deux maintenant. Puis sur# le sol de ses décombres, on y inscrit un simple ci-gît.