lundi 21 mai 2012

Cube

Prisonnier d'un cube qui me contient tout entier, je suffoque. Il est ma prison et mon sanctuaire également. Je voudrais bien en sortir, me libérer de son emprise, mais à chaque tentative je fuis et j'échoue. Je ne peux défaire cette dualité qui m'accapare et gère mon quotidien. Je fuis donc je vis? Je vis donc je fuis? Je fuis ce que je vis? Je vis ce que je fuis? 

Les réponses à mes solutions ne trouvent que des questions. Ces dernières ne sont toutefois pas plus éclairantes qu'une lune en pleine éclipse. C'est joli, mais c'est noir et n'apporte aucun réconfort ni lumière. Au contraire, ce jour nuit constitue le même reflet que ce cube qui encadre ma vie. Elle me terrorise et m'éblouit.

Je continue donc à m'éteindre vers une nuit encore plus noire que mes espoirs.

mercredi 9 mai 2012

Marée noire


Marée noire envahit mon esprit qui tombe vers un néant abyssal.
Je vois le vide me guider vers le seuil de mon gouffre.
Mes forces m'abandonnant je ne pouvais lutter contre ce courant sombre.
Que faire quand l'envie d'y survivre n'y est plus.
Comment faire pour survivre quand la foi n'y est plus.
Quand même l'espoir d'un demain meilleur se fait absent.
Le soleil ne brille que pour brûler mes pas futurs.
La pluie pour noyer mes désirs ardents.
Le feu pour réduire en cendre mes espoirs.
La nuit pour m'illustrer l'état de mon non-être.
Bref, tout tourne en boucle, sur un monde vide de sens.
Sens unique du non-sens.
L'absence de rêves nous mène inéluctablement vers un cauchemar permanent.
Alors, je me réfugie dans la folie qui berce encore mes illusions.
D'un monde encore en mutation qui ne laisse présumer rien de bon.

Émergeance


Voile d'une lueur qui croît
Vers un univers serein
Entre les deux destins distincts

Désormais sombre la morosité
Dans le néant d'une histoire révolue

Viennent alors les temps nouveaux d'un espoir
Naissants d'entre les décombres usés
D'un passé trop souvent répété



mardi 8 mai 2012

Le Yin et le Yang


Je suis dans mon homme
Quand je vois ta femme
Je suis dans ma femme
Quand je vois ton homme
Le yin le yang


Plus tu es femme
Plus je suis homme

Le contraire brouille
Et fait des embrouilles

Je suis dans ma femme quand je dis je t'aime
Je suis dans mon homme lorsque je te porte des fleurs
Je suis dans ma femme lorsque je pleure
Je suis dans mon homme lorsque  je trime dur
Tu es dans ta femme lorsque tu as peur
Tu es dans ton homme lorsque tu marches dans tes talons haut
Tu es dans ton homme quand tu prends les choses en mains

Je complète ton homme
Tu complètes ma femme
Mais unie tous les deux
Nous sommes un..

Yves

dimanche 6 mai 2012

L’interlude


Je désirais ce voyage plus que mon mari. Je le désirais depuis que son regard ne voyait plus l’amante en moi. J’ai porté ses enfants, j'ai compensé ses absences, je l’ai épaulé dans son ascension, mais j'ai perdu le rôle pour lequel il m’a épousée, être son amoureuse. Il a bien sûr protesté qu’il n’avait pas le temps de prendre des vacances, que les enfants avaient besoin de nous, qu’un voyage d’amoureux pouvait tout aussi bien avoir lieu au Québec. Je tins bon. Et c’est plus tard dans une chambre d’hôtel de Venise qu’il redevint mon amant.

Nous sirotions distraitement un verre après une journée bien remplie où nous avions joué aux touristes, sans grande conviction. Mon mari arbora toute la journée son air absent tandis que j’endossai le rôle de la femme négligée. Bien assis à une terrasse alors que chacun de nous se complaisait dans son silence, un magnifique jeune homme vint s’asseoir tout près de nous. D’une beauté insolente et nonchalante, il demanda du feu à mon mari tout en me laissant un sourire ravageur au passage. Mon époux ne sembla pas s’offusquer des manières du jeune bellâtre, au contraire il engagea la conversation avec lui. J’en fus horriblement offusquée. Non seulement il m’ignorait totalement, mais en plus il semblait prendre beaucoup de plaisir à converser avec cet étranger. Je décidai de les ignorer tous les deux. Je contemplais depuis quelque temps la magnifique architecture qui nous entourait lorsque notre adonis se leva, serra la main de mon mari, me fit un signe de tête et s’éloigna. Je le vis traverser la rue et s’engouffrer dans un hôtel situé non loin de notre terrasse.

Le soir venu, nous mangeâmes dans un excellent restaurant où nous bûmes plus que de coutume. Mon mari me suggéra de marcher jusqu’à notre hôtel. Il me tenait par la taille comme avant et nous marchions silencieusement. Subitement, je me rendis compte qu’il m’avait amenée devant l’hôtel où notre éphèbe de l’après-midi était entré. Je demandai à mon mari ce que nous faisions là. Pour toute réponse, il me regarda, me sourit et me demanda de le suivre. Ce que je fis. Il cogna discrètement à une porte et le jeune homme de la terrasse nous ouvrit. Mon mari me prit délicatement la main et me fit entrer. Du champagne nous attendait. Je pensai que mon mari avait demandé à ce jeune maître d’hôtel de tout organiser pour notre nuit. Je me trompais…

Notre hôte s’approcha de moi et m’invita à m’asseoir. Mon mari choisit un fauteuil en face de nous. Le bel Italien nous servit du champagne puis vint s’asseoir tout près de moi. Sa chaleur était très perceptible et cela me troubla énormément. Nous bûmes en silence quelques minutes puis je sentis sa main effleurer mes cheveux et ma nuque. Des frissons parcoururent mon corps. Je fixai mon mari et ce que je vis dans son regard fit tomber mes réserves. J’y revis enfin du désir. Mon amant de passage m’amena très haut. Ses mains, sa bouche et sa sensualité firent sur moi des merveilles. Encore sous les effets anesthésiants du plaisir, je le laissai aller vers mon mari. Ce jeune homme lui offrit ce qu’il m’avait offert auparavant, de la sensualité et du plaisir. J’avais oublié à quel point mon mari est beau dans la jouissance. Ce soir-là, je le redécouvris. Il m’était bien égal que les mains sur le corps de mon amoureux ne soient pas les miennes puisqu’elles me permirent de mieux le désirer.   

Le jeune homme quitta la chambre sitôt sa mission terminée. Mon amoureux et moi poursuivîmes nos retrouvailles toute la nuit. Quand je repense à cet interlude dans notre vie, je me fous de savoir s'il fut le fruit du hasard ou orchestré par mon mari. L’important c’est qu’après plusieurs années, il subsiste toujours.

samedi 5 mai 2012

Rêve

J'ai semé des rêves à l'horizon des possibles en vue de
les récolter dans un avenir rapproché. Ainsi, l'aube
sera plus lumineux pour moi.

mercredi 2 mai 2012

Masque de chaînes...

Trop longtemps j'ai porté ce lourd fardeau qui abîma ma peau

Ce n'est pas par paresse que j'en ai souffert, ce n'est pas sans effort que j'ai tenté d'y remédier

Mais son poids m'a terrassé jusqu'à me mettre à genou

Moi, face contre terre, atterré, sans amarre, sans frontière, sans limite, bref sans repère.

C'est que je vivais cette pression, pression qui ne m'était qu'affligée que par moi-même

Pourtant, j'ai tant voulu tout tenir, tant voulu retenir, tant voulu tout maintenir

Mais en réalité, je ne traînais que mes propres illusions qui hantaient mon déséquilibre

Cet état chaotique qui torture toutes notions propres à soi, soi envers soi, soi envers les autres et les autres envers soi, soi face au néant, soi face à l'absolu...

En vérité, j'ai maintenant saisi...

Je suis ce fardeau, je suis ce poids, je suis cet accablement

Je retire enfin ce masque de chaînes qui a trituré mon âme jusqu'à son anéantissement

Pour enfin découvrir que tout est important quand on le considère comme tel...

Pourtant, pourtant...