samedi 28 novembre 2015

L'éplorée

Sur le fil du givre
Toile d'argent sur une fenêtre close
Gisait en son silence
Le deuil de sa forme

Perles en cristaux
Glissant sur le blanc de sa joue
L'esseulée jouait l'éplorée
D'un rôle trop souvent répété

De ses remparts troués par le désespoir
L'unique force atténuée de sens
Pour laquelle l'ocre n'était que noir
Et le nacre de gris

Mer d'adieu sur un désert oublié
La main au ciel tendue
S'offrait la Dame ténue
D'être par décret, la solitaire adoptée

Flocons en mosaïque monochrome
Tapissaient alors par défaut
Le tertre blanc de son écueil
S'ouvrait de généreuse bonté

Les yeux portés au loin
Le vide de sa portée
En proie d'honneur
Aux creux  de son décès blotti


mercredi 25 novembre 2015

Les notes de l'hiver ont glissé sur la plaine
Un parterre fleuri de flocons doux et blancs
Les violons suspendus aux branches des arbres
Pleurent les premières gouttes de froid sur les corps endormis
Ils étaient des dizaines à rêver au soleil
Ils se rêvent aujourd'hui sous les feuilles d'un chêne
J'ai compris leur silence quand j'ai vu le poison
Se couler sur les peaux en sourire à la Terre
Et j'ai vu dans leurs yeux quelques bouts d'un adieu
Qu'on chantait autrefois dans les vieux cimetières
Les oiseaux par centaines se dessinent dans le ciel
Le bruissement de leurs ailes est musique dans nos cœurs
Et j'écoute tristement le tourbillon de la plume
Se poser délicatement sur leurs paupières entrouvertes
Un écrit éphémère pour cacher l'obscurité
Qui s'est emparé ce matin
De ces enfants suicidés.

¤ Cat ¤ 25/11/2015

jeudi 19 novembre 2015

À contre-vent...

Le vent dans son souffle d'hier
Pousse et glisse dans les filets à maillons
Gonflant de sa joue dorée
Le temps écoulé

Parfum en brume d'un autrefois
Givre en écho de mes fleurs fanées
Je tressaille en sursis
Le temps d'y survivre

Écueil dans l'antre de sa dérive
Abandonnant mes balises
Aux leurres d'antan
Voguant à nu sur une mer inconnue

Je boussole sur un cadran sans aiguille
Palpant l'espoir d'une rive accueillante
Au sable fin d'ocre en jaune clair
D'un naufrage salvateur


samedi 14 novembre 2015

Féeries subtiles

La forêt danse dans un mouvement gracieux, 
déployant les troncs jusqu'aux cimes.
La troupe entière des ballerines courbe l'échine,
balançant de longs bras filiformes dans une fluidité 
à nulle autre semblable.
Je salue ce ballet poétique, diffuseur d'harmonie céleste bienfaisante.
Ici le déroulé du temps s'effectue sans heurts, les arbres sont
devenus des métronomes thérapeutiques accueillant tout élan intérieur
teinté de nostalgie salvatrice.
Dans l'esthétisme des mouvements répétés, les danseuses aux pieds prisonniers
chorégraphient pourtant un spectacle imposant, révélateur, 
proclamant de réelles louanges... 
et avec la complicité du vent, elles libèrent toute la créativité 
de leur propre genre.
La force puisée au sol circule et emplit tout l'espace boisé 
à travers leur formes manifestées.
La sève, sublime nourricière, se transforme et en hauteur perceptible, 
diffuse d'agréables parfums rejoignant bientôt les féeries subtiles.

Hélène Gonthier
tous droits réservés
14 novembre 2015

mercredi 11 novembre 2015

Existe-t-il....

Existe-t-il un aiguisoir de la perception des choses ?

Une prière pour appeler la Beauté à reconstruire le monde ?

Un mantra pour recoller les morceaux de promesse ?

Un message à décoder dans le givre de nos fenêtres intérieures ?

Existe-t-il des mots thérapeutiques à extirper de nos bouches ?

D'authentiques fruits de terroir à distribuer ?

Un sens véritable à donner à nos vies ?

dimanche 8 novembre 2015

Je reste ici.

Je me suis invitée dans les bois, déroulant une pensée derrière l'autre,
en changeant les projets, en chantant les possibles.  

Puis j'ai opté pour un coup de gouvernail, traversé la voie ferrée, 
bifurqué vers un champ déployé, marché sur son dos croustillant.
Les pâturages sont en attente, plus rien ne se passe.
Novembre est un étal désert.
Ici le ciel respire, c'est large, une mer d'herbe couchée, battue.

Au loin la montagne arrondie épouse un nuage dans un silence d'église.
Se questionnent-ils sur une quelconque poursuite du bien-être?
Je décélère le rythme, un oiseau fait la roue, s'invente des exercices 
entre les rais de soleil.

Le temps peut bien s'enfuir, se hâter sans fin... moi je reste ici.

jeudi 5 novembre 2015

Le mal de foi...

Ce que Dieu promet n'est en fait
qu'une promesse que l'on ne peut tenir seul...

lundi 2 novembre 2015

C'est une journée qui promet.

Les bourrasques ont désormais tout pris ce que les arbres retenaient. 
Une flopée de couleurs déménage!
Des feuilles encore frémissantes se retrouvent amoncelées au sol; 
un poids de pluie froide les recouvre et les retient au sol.
Ma forêt dénudée cherche à l'intérieur de ses troncs sentinelles la chaleur nécessaire pour traverser l'hiver... Elle semble condamnée au manque ou conditionnée par lui.
L'hiver est une saison de repos et de sobriété pendant laquelle la nature inspire à fond et remercie avant de redonner.
Quelle réforme pourrait davantage m'enjoindre à regagner mon petit temple intérieur?

Ce matin, longue marche en humant l'air frais qui rend rouge le nez pendant que mon garagiste préféré installe les pneus à neige...

Je me rends au petit aéroport du village, désert!
J'ai l'impression d'être la seule à profiter de la beauté environnante...
Le ciel est un tableau mouvant qui se déplace plus vite que moi.
Une feuille morte fait du jogging en traversant la rue et bondit dans le fossé, refuge hivernal.

Je reviens sur mes pas...

Le vent me contre, s'infiltre dans les mailles de mes mitaines.
La chair du chemin se fige lentement et forme une croûte jacassant sous les pas.

Un homme fend du bois dans sa cour arrière.  Son geste est précis, un habitué des poêles à bois!

Une belle corde se voit former, les rondins attendront là avant de rejoindre la cave.
Un geai bleu crie de sa voix de rockeur, me fait sourire sous le foulard! C'est une journée qui promet...