dimanche 9 juin 2013

Les oreillers en Madeleine.

La grande malade souhaitait qu'on les dispose en Madeleine...
La préposée connaissait bien cette façon de placer les oreillers.
Habilement, avec délicatesse, elle savait les retourner d'une seule main,
l'autre soulevant la tête de la patiente, ensuite elle les croisait,
les superposait à la façon d'un A majuscule.
La dame fatiguée livrait un sourire d'enfant comblé, dessinant sur le visage
amaigri un sentiment réel de bien-être, quoique fugace.
La tête reposait pour quelques minutes dans un confort suspendu,
dans cet espace duveteux offert par les mains bénies.
Le sommeil pouvait l'envelopper à nouveau.
Moi j'observais de très près ses paupières immobiles, ses cils noirs
comme la nuit voleuse de vie, sa peau de plus en plus diaphane.
La respiration très courte gonflant à peine sa poitrine décharnée,
retenait mon attention.
Il n'y avait plus de place à l'intérieur ni pour l'air ni pour la vie.

Les oreillers en Madeleine sont de grandes mains blanches qui caressent
les joues des mourants.

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