samedi 31 octobre 2015

Le petit marcheur

Sur une lune de gris, le noir de la nuit brillait de son absence de lumière. Pulse et pulse encore le temps sombre sur les herbes hautes en ocre de désir. Sous les feuilles en tapis de mort, les pieds de ce marcheur solaire les froisse sans précaution, évidemment... 

Puis, d'un mouvement sec et répété au besoin, il martèle du dos de sa main gantée, la porte de bois ébauché. Patientant sans prier, il demeure inerte dans l'attente. 

Dans le grincement des gonds usés d'être âgés, la lueur de cet intérieur se reflète sous le visage du marcheur patient. Humble, il incline sa frêle tête tout en tendant devant le fruit de sa cueillette encore incomplète. 

L'occupant de l'antre chaud, généreux de sa pitance, offre alors l'espoir chocolaté du petit déguisé. Puis, avant de refermer la porte, le donneur siffle de ses dents absentes par l'usure un "Joyeux Halloween chaleureux!"


dimanche 25 octobre 2015

Le poète exilé, partie dernière

Tapis de lune sur une plage de neige
Blanc de son immaculé conception
Ces reflets célestes m’entourèrent de sa bonté
Pour que le souffle revienne ceint de mon verbe renoué

Murmure à demi posé
L’antre de l’être de givre étendu
Remua de son réveil attendu
Hirondelle en bienvenue

Ourlet scintillant d’un cristal de nacre
Le printemps de mon éveil
Écho du renouveau
Saluait ma naissance

Gerbe de vert
Perce-neige en réverbère diurne
L’essence nouvelle coulait en moi
Sève en mère nourricière

Remuant dans le coffre glacé où je reposais
L’air parfumé d’un printemps en chaleur apporté
Obligeait le corps que j’étais de me terrasser
Et forcer le choc de l’ignorance nouvelle en moi ancrée


Gris de soif de parler
Mes mots se formèrent en mince filet de rayon lumineux
Un dimanche ocre sur un tapis de bonheur carmin
Perle ma journée comme une fleur en bouton

Je m’ouvrai d’une aurore à écrire
Et que tisse ma toile d’une vie de plume
Entrepris sous le couvert de l’exil dans l’écriture…



mercredi 21 octobre 2015

Le poète exilé, partie cinquième

Flocons à demi fondu
Sur un coin de mon cou se posa
Sursaut en sursis
Mon temps n’était pas encore venu

Hélas, que trop de hélas
Maudissant cette fin interminable
J’hurlai à l’essentiel ma défaite
Pour que me cueille l’étreinte faucheuse

Sourde à mes appels
Glacial en poncture, mes doigts gelés
Peinaient à s’émouvoir
De gratter le sol de ma fortune sans abri

Lentement, lentement
Le frimas en glacière minutieuse
S’introduisit en mes résistances éteintes
Pour y gercer l’écueil de mon décès annoncé

L’inertie de mon corps
Ouvrit alors le chemin à l’inconnu
Mes échos lointains du passé
À jamais terminés

Nuage blanc en page vierge
J’étais à écrire et à me composer
De nouveau et pour de bon
Tournant le dos à ce jadis éhonté

Puis, dans le berçant de ma chute
Tomba sur  moi la nuit de toutes les nuits
Ciel de décembre en guise de couverture
La neige m’inonda jusqu’à me soustraire de la lune

L’étreinte de ma flamme éteinte
Jouait la femme muette
Cercueil de neige
Pour qu’à jamais je me taise

Les mots de mon passé
Se turent enfin
Tandis que l’immaculé m’emplissait
En terre de givre libre de parler
 
Mes mots sans parole, sans voix
Mes lèvres prononcèrent le néant de mon être
Vide de sens j’étais sur ce lit de glace
Nu d’être à demi-mot prononcé

La mort a ceci de bon
Elle table rase l’équinoxe de l’éteint
Pour que l’espoir se porte en étincelle
D’un désir nouveau prononcé surgissant jusqu’au alors…

Être une page et s’écrire de nouveau
Porte flambeau d’une lueur à écrire
Rire des flammes que portent en son sein

Les morts d’avant-hier à jamais muselés

samedi 17 octobre 2015

Le poète exilé, partie quatrième

Surgissant d’une stèle
À demi-ensevelie par l’usage
Une fresque de mots trop de fois prononcés
Trop de fois déformés s’offrit de son innocence violée

Tel est l’homme qui lit
S’appropriant l’idée des autres pour la faire sienne
Déformant au passage cité
L’essence de sa forme palabrée

Masque de pleurs qu’est l’incompris
De ces poètes mal-cités
À des fins usurpées
Pour des hommes mal famés

L’automne de son déclin
Pâle en couleurs pourtant riches
Témoignait de sa fin
Comme la mienne annoncée

Courroux, ô tonnerre de courroux
La valse des vents froids heurtèrent
Artères en voie d’être enseveli
Dans le désert de l’oubli

Fin d’un terme, fin d’une vie
Le trépas n’est, après tout
Qu’un passage que trop commun
Et pourtant commun à tous

Je portais sur le déclin du temps
Le masque vermeil de mes pleurs étouffés
Terreur d’une lueur sombre à mes pieds gelés
Cherchant en vain réconfort dans le chaud de mon enfer

Givre en perle de froid sur mes joues gercées
La mort s’infiltrait en mes vies usurpées
Terrassé en moult occasions
Que par ma simple trahison

Esseulé de par mon choix
Esseulé de par mon être
Je maudis alors en silence l’être que je suis
Souffrance d’avant-hier au programme d’aujourd’hui

Le souffle en chaleur de mon intérieur
Saturé d’avoir que trop parlé
S’étiola en saccade estompé
Pour se taire et mourir enfin

dimanche 11 octobre 2015

Le poète exilé, troisième partie

Carte sans croix pour creuser
Ma destination ultime se cachait, se voilait, s’ignorait
Sous le couvert de son esprit volage
Dans le désir ardent d’être découvert

Quand le temps s’y prêtera
Le temps est un luxe que le mystère peut entretenir
Alors le vent, patient, me guida sans me/se presser
D’oser marcher vers la marelle de mes inquiétudes


Entre ciel et terre
Le délire de ma soif d’apprendre
Se gonflait de ma sécheresse grandissante
Laissant l’antre de mon souffle en aumône du bon vouloir

S’en remettre au destin
Revient à ne s’en remettre à rien
Naviguer à vue dans une mer de brouillard
Et oser… oser…

Mieux encore qu’oser
Se poser sur un désir de réussir
Et cet élan que trop passager ne survint alors
Que trop tôt, car un hélas d’évidence surgit

La symphonie ne se joue qu’à plusieurs
Et je ne savais pas chanter, ni jouer
Alors la musique se tut
Laissant un vide de silence pernicieux

Angoisse naissante dans cet inconfort
Les sourdes querelles de mes intérieurs
Jouaient à s’en débattre pour taire et museler
Cette absence de guide, de son

Égaré de par mon inexpérience, impertinence
J’errais donc à présent sur un pavé vierge des passants
L’ocre passant alors au vert et jaune
D’un pré valsant au gré du chant des vents dominants

Foulant mes pieds à des meurtrissures de ma démarche
Haletante et chétive, lacérée par les herbes hautes
Le chemin parcouru se couchait derrière moi
En guise de ficelles ou de bonbons de repères

Borne sans borne
La distance ne se mesurait qu’à ma fatigue
La lande s’éternisait de sa longueur
Et saluait l’horizon sans faiblir


mercredi 7 octobre 2015

Descente d'un automne

Entre deux ciels de novembre
Le temps d'un soupir
Le nuage de l'indifférence se meut, lentement
Pour que l'effroi de l'inconnu
Se tamise sur un horizon étiolé
Et que germe l'espoir renouvelé


dimanche 4 octobre 2015

Le poète exilé, partie seconde

Noir en tableau d’ardoise
Craie en berne de gratter
Nul trait à tracer
Silence en tout temps, en tous lieux

Âme en peine de savoirs
Grisonnant et pourtant
Porteur de leurres
D’illusions et de n’être point

Ridules en sourcils broussailleux
Je tremblais d’évidence d’un reflet
Miroir en éclat d’autrefois
Vers le vil de l’âge avancé

Ô comme terre promise n’eut lieu
Jamais berge n’est foulé
Au terme de ma déroute
Lilas que trop fané, sans parfum à humer

Fracas de ma route en lambris de terre d’asile
Mes genoux ensanglantés d’avoir trop tombés
Traçaient de leur carmin l’étal de ma déchéance
Vers une fosse aux allures de commune

Bassin de rétention sur une ardeur rebutée
Ma nuit devint plus noire encore que ma nuit
Le déclin du jour surpassant sa propre perte
Décan d’une lune en paupière close

Seul à présent
Je tremblais
Métronome en cœur sans battement de vie
L’espoir porte lourd au cœur des exilés

Vint alors un vent
Du nord ou de l’est
Provenance incertaine, car destination inconnue
Pulsant sa volonté contre la mienne

Résistant comme je le pouvais
Mince en filet de désuétude
Ma foi en cet instant de changement
Se portait bien en contre sens, et pourtant…

Masque de perles sablonneux
Ma vue se troubla en myriade irisée
Révélant arc-en-ciel de mes désirs
Sur le non-choix d’une orientation à entreprendre

Puis, chevauchant un nuage blanc de ma conscience
Mes idées d’un jadis enivré par tant de sécurité
S’enfuirent en courant devant ce nouveau venu
Qu’était ma résignation à ne plus être cet autrefois

Pourtant, vacillant sur le fil de ma décision
Le néant en toile de fond sous mes pieds émincés
Funambule précaire au corps usé d’avoir été
Cheminant alors sur un rythme de précarité