lundi 28 décembre 2015

Demain d'aujourd'hui

Caresser du soleil dans un croissant de lune
Recevoir son éclat en visage supplémentaire
Vibrer de ses rayons sur une parure dorée
Sonner la cloche de la chance du moment
Puis, au retour du coucher du soleil
Le jour en déclin et ce besoin pressant
De l'étreindre à nouveau

dimanche 27 décembre 2015

Pour le reste, ils n'ont pas l'temps...

Beaucoup voient sans voir, promenant leur regard
distraitement. Ils parlent de la pluie et du beau temps!
Pour le reste, n'ont pas l'temps!

Et la cheminée fait des volutes, jamais les mêmes...
La neige a du rose sur les joues...
L'oiseau s'approche, mais a peur de toi...
Parfois, les secondes ont les pieds pesants
pendant que la lumière fait briller la glace
nonchalamment...
La nuit a le regard profond dans les bois...
Le chien frissonne de joie lorsque tu arrives...
Les montagnes ont des hanches, des ventres, des bras...
Le grand fleuve coule en paix malgré le froid qui le contraint...
Le vent se donne des ailes pour soulever un chapeau...
Un étroit chemin conduit au promontoire...
Un pont a toujours les pieds dans l'eau...
On s'endort avec le désir de se reprendre le lendemain...
La pluie s'amuse, frappe et glisse sur le toit, même en hiver...
Un enfant porte des chaussures trop grandes, un autre
se boutonne en jaloux...
Un visage irradie le bonheur, un autre soupire...
Une nappe voudrait manger les miettes de pain séché...
Le jardin fait des promesses...
Un livre vous appelle à l'aide...
Une rivière vous invite sans hésiter...
Je devine la fatigue qui te traverse, je reçois ton silence
qui parle...
Le crépuscule distribue des secrets violets sur le dessus
des collines...
Le regard est un trésor vivant de la vie éveillée.

Les murmures, partie seconde

Lorsque nous sommes perdus en soi-même, tous les chemins sont des portes de sortie, mais parfois, elles sont des rampes glissantes vers une fuite nécessaire, mais inutile... Dans l’instant d’inertie, entre deux soupirs d’hésitations, la mort s’était glissée vicieusement en elle. Pourtant la Dame éplorée n’en eut pas conscience, pas encore.

La brume dans sa tête, comme dans le chemin en croix en face d’elle, était opaque. Sa robe, humide par capillarité, trainait en lambeau sur le tertre en chemin boueux. Ses cheveux, à présent grichoux, tombaient en cascade, leste sur le bord de son visage. Jamais elle n’aurait cru descendre si bas, bas jusqu’à plus d’ombre sinon l’ombre d’elle-même. Pourtant, elle le savait, cette descente avait commencé depuis déjà longtemps, et l’ignorance intentionnelle avait accéléré le processus. Si seulement, croire en elle avait été autre qu’une option, la réalité, la sienne aurait pu être autre. D’une enfance en sourire vers une vie d’adulte en rêve déchu. Jalousie en perle de haine sur un souvenir encore amer, elle regrettait sa vie d’antan.

Perdue dans l’étalage de ses regrets, le vertige la prit et pour le dissiper, elle se remit en route. Le chemin qu’elle emprunta alors lui était inconnu de visu, mais elle était loin de se douter que son avancée la conduirait vers un lieu que tous redoutaient, mais dont nul ne parlait. Mythe parmi les vérités, cet endroit offrait à ceux qui osaient y plonger, l’agonie d’une mort lente tout en torture. Seule la folie survivait dans le résidu de l’âme qui s’y éteignait, et parfois moins aussi. Ce lieu, qui n’en est pas véritablement un, était connu sous le nom du Marais des Murmures. Endroit où nul n’en revenait et que tous abonnaient ici leur vie passée et succombaient aussi à celle future.

Point d’arrêt sur une mer morte, peu de récits portent la réalité au stade véritable des souffrances que peuvent vivre les égarés qui y entrent. Dire qu’avant, ce Marais était une plaine riche de sa culture où l’abondance de ses récoltes était la fierté de ces occupants. Paradis sur terre, tout y était prospère et l’harmonie des habitants était notoire et reconnue de tous. Sol de convoitise par les villages avoisinant, ils durent se protéger et comme la guerre est lucrative au bénéfice du marchand, ils payèrent d’un prix encore plus cher que leur propre perte.

Portant fruit dans ses débuts, les défenses ne tinrent qu’en illusions, subterfuge sous un tonnerre de honte. La faille tenait dans sa force. Car tous le savent, la sécurité n’existe qu’en théorie et rarement dans la pratique. Or, le bois qui avait été utilisé pour ériger les remparts n’était autre que le fruit d’une magie noire ayant comme finalité d’étouffer ceux qui étaient prisonniers en son sein. Donc, au fil du temps, l’air y devient nauséabond et malsain. Les habitants virent leur peau muter en diverses teintes passant du vert au gris. Le blé, d’ordinaire de teinte dorée se teintait du noir du charbon causant famine et désolation sur le champ des morts. Dès lors, les âmes furent prisonnières de cet endroit et hantaient le territoire de leur perte. Le paysage en paya le prix et rien de neuf ne put y vivre. Décomposition et fermentation jouèrent de pair et transformèrent ce jadis prospère en un marais mortifère. Et c’est exactement dans cette direction qu’elle posa pied.


Matin offert à même la grandeur.

Chaque morceau de champ se recouvre de blanc
Neige oblique du nord-est
Poudrerie dans l'oeil petit
Neige qui donne des qualificatifs au jour 
se soulevant hardiment
Murmure à travers les flocons:
Remue-toi!
Un rond dessiné sur le sol, deux yeux, un sourire:
Petit tableau qui raconte ce qui est vivant 
Matin offert à même la grandeur
Matin donné entièrement pour transformation
à travers la vie coulante

L'oiseau

Je vole où bon me chante.
Je chante mélodie sur mélodie.
Dis-tu que je prie?
Je prie oui... dans mes accords.
J'accorde du temps à l'espace...
Je passe oui... et je vis vraiment.
M'entends-tu?

vendredi 25 décembre 2015

J'espère un hiver !


Ce soir, la pleine lune de Noël roule en boule
dans les nuées mouvantes.

Elle fait la ronde dans les dortoirs du ciel 
pendant que décembre en tenue printanière avance vers janvier 
pour lui souhaiter la bonne année....
et que j'espère vent, poudrerie, congères! 


mardi 15 décembre 2015

L'opéra de mes initiatives

Le vent est un baryton qui souffle des notes puissantes
et graves lesquelles résonnent au plus profond de ma cabine corporelle.

Mes oreilles repèrent des accords familiers, je m'active à travers leur musique.
L'opéra de mes initiatives joyeuses emplit l'air et l'espace de ma cabane,
de concert avec le spectacle de l'ordinaire.

L'harmonique de la partition voyage à travers l'infiniment petit et me rassure
quant à l'infiniment grand.


vendredi 11 décembre 2015

De secondes en éternité

De secondes en éternité...


Sur ton fil, l'oiseau, tu te sens : juste né

Une patte dans le vide et affamé

Au pied de l'arbre, les loups

Dans ton nid, les coucous


D'amour en viduité...


Coeur en lambeaux, tu le suis : déchiré

Des rivières de sang et de larmes mêlés

Des vagues de souvenirs et d'oublis

Où donc est l'entrée de ce puits ?


D'efforts en stérilité...


Futile cerveau, tu le sais : vacuité

Absence de sens, inanité

Les mots résonnent hors saison

Il n'est plus temps pour la raison !


De clartés en ambiguïté...


Et coulent les fleuves de la Vie

Entre les berges de l'ignominie

Où les ongles acérés d'envies

Sèment leurs blessures sans répit. 


Toujours sur ta Voie... fatale vulnérabilité. 



Aubrée - 11/12/15

lundi 7 décembre 2015

Les murmures, partie première

Sur un souffle d’avant-hier, le temps écoulait son sable vers le fond de sa coupe. La lune semblait s’éclipser sous cette voute ombrageuse et duveteuse de nuages en berne. Sa lumière était diffuse et ses rares apparitions faisaient naître des formes que l’on ne voulait voir. L’homme possède ce don lui donnant le pouvoir ou la déraison de créer ses propres peurs.

L’écho de la nuit se palpait à coup de perle d’humidité sur la surface mousseuse du sol de cet automne pernicieux. Quelques feuilles, depuis peu détachées, coursaient sur les rares sentiers de cet endroit visité qu’en plein jour. Ces dernières dansaient sous le regard distrait de la chouette, attitude désabusée rappelant étrangement l’indifférence totale.

Le vent sous la tutelle d’un Éole généreux, s’amusait à jouer de la symphonie de sa présence sifflante entre les rameaux des arbres dénudés à présent. Bref, une nuit comme il y en avait tant dans ce lieu déserté sous sa phase nocturne.

Dans un coin de la colère d’une maisonnée jointe dans les remparts de ce village, la crise palpait l’horizon de ce couple querelle. Demeure sans histoire aux volets toujours fermés. Son toit de tôle brillait de son lustre perdu au fil des années et que dire des murs usés sans jamais avoir eu le luxe d’avoir été entretenu. Cris en averses trop fréquentes émanaient de ces murs lourds en histoire. Babillage en lutte de pouvoir sur un fond de n’importe quoi, mais pourtant… le résultat était le même. Mots au-delà de la pensée, lancés dans l’antre de la blessure permanente, volaient jusqu’au plus profond de son âme. Puis, dans un élan de pulsion provoqué par une parole de trop, la porte claqua de ces gonds sous la colère de la Dame éplorée qui quitta en courant vers un ailleurs qu'elle espérait meilleur.

De son côté, l’esseulé de la maisonnée, trop bourré pour la rattraper, se cala dans l’oubli bien alcoolisé. Laissant sa bien-aimée se perdre dans les pleurs de sa tristesse blessée.

Sa destination avait pour seul objectif de fuir et pour elle-seule, tenter de retrouver cette paix d’autrefois. Du temps où la vie s’offrait à elle en gerbe de fleurs suaves et que les rêves paraissaient encore réalisables. À présent, elle croyait davantage que le destin était une fleur fanée qui a trop souffert de sa beauté illusoire. Ce même destin qui se joue de notre volonté et ne sert que ses propres intérêts. Bref, elle souffrait.

Dans les dédales de sa fuite, malheur en complément d’un autre, elle quitta les remparts du village et fila vers le noir encore plus noir que son cœur. Les larmes en abondance sur ses joues, tombaient sur le pavé, le chemin de sa perte. Elle se retourna une dernière fois, espérant voir une âme la quérir, mais en vain. Puis de ce dernier coup d’œil blessant, elle quitta les lumières du village, résignée.

vendredi 4 décembre 2015

Flocon éphémère

C'est en levant la tête vers le ciel que j'ai aperçu 
ces mouvements délicats dans un précipité incroyable!
Une espèce de spectacle à grand déploiement...
une descente en chute libre!
Les flocons semblent pratiquer une danse folklorique,
une valse il me semble, à moins que ce ne soit un ballet
d'inspiration viennoise!
Ça voyage léger un flocon, mais ça déménage tout de même!
Je remarque que les particules déambulent 
dans un laisser-aller qui ressemble à une forme de confiance, 
celle de recouvrir peu à peu les chemins, les terres, les eaux, 
celle de réjouir le cœur des enfants nordiques.
Partout! Les flocons s'insinuent partout...
Les voitures portent des chapeaux, les mitaines se recouvrent
d'une épaisseur moite, les ruisseaux ont la chair de poule 
et sur les branches des arbres, une pelure molletonnée 
recouvre l'écorce en pictogrammes fondants.
Les brins d'herbe en concertation ont conservé la chlorophylle 
dans un mutisme parfait! 
Tout vit sous le couvert refroidissant...La neige est un agent de blanchiment! 
La terre change de saison tout à coup et 
Québec doit se vêtir chaudement.

La parade duveteuse poursuit sa descente et la musique est discrète,
appelant une mélodie intérieure, particulière et individuelle.
Le marcheur s'arrête, présente la paume de sa main, 
observe le dépôt et la mort subite du flocon éphémère.
Ses pensées rejoignent un concept d'impermanence puissant et
devant la suite ininterrompue des petits cristaux, 
il remercie la vie se déployant dans ce mouvement gracieux, 
fragile et émouvant.

La beauté respire ici, en ce moment béni.


samedi 28 novembre 2015

L'éplorée

Sur le fil du givre
Toile d'argent sur une fenêtre close
Gisait en son silence
Le deuil de sa forme

Perles en cristaux
Glissant sur le blanc de sa joue
L'esseulée jouait l'éplorée
D'un rôle trop souvent répété

De ses remparts troués par le désespoir
L'unique force atténuée de sens
Pour laquelle l'ocre n'était que noir
Et le nacre de gris

Mer d'adieu sur un désert oublié
La main au ciel tendue
S'offrait la Dame ténue
D'être par décret, la solitaire adoptée

Flocons en mosaïque monochrome
Tapissaient alors par défaut
Le tertre blanc de son écueil
S'ouvrait de généreuse bonté

Les yeux portés au loin
Le vide de sa portée
En proie d'honneur
Aux creux  de son décès blotti


mercredi 25 novembre 2015

Les notes de l'hiver ont glissé sur la plaine
Un parterre fleuri de flocons doux et blancs
Les violons suspendus aux branches des arbres
Pleurent les premières gouttes de froid sur les corps endormis
Ils étaient des dizaines à rêver au soleil
Ils se rêvent aujourd'hui sous les feuilles d'un chêne
J'ai compris leur silence quand j'ai vu le poison
Se couler sur les peaux en sourire à la Terre
Et j'ai vu dans leurs yeux quelques bouts d'un adieu
Qu'on chantait autrefois dans les vieux cimetières
Les oiseaux par centaines se dessinent dans le ciel
Le bruissement de leurs ailes est musique dans nos cœurs
Et j'écoute tristement le tourbillon de la plume
Se poser délicatement sur leurs paupières entrouvertes
Un écrit éphémère pour cacher l'obscurité
Qui s'est emparé ce matin
De ces enfants suicidés.

¤ Cat ¤ 25/11/2015

jeudi 19 novembre 2015

À contre-vent...

Le vent dans son souffle d'hier
Pousse et glisse dans les filets à maillons
Gonflant de sa joue dorée
Le temps écoulé

Parfum en brume d'un autrefois
Givre en écho de mes fleurs fanées
Je tressaille en sursis
Le temps d'y survivre

Écueil dans l'antre de sa dérive
Abandonnant mes balises
Aux leurres d'antan
Voguant à nu sur une mer inconnue

Je boussole sur un cadran sans aiguille
Palpant l'espoir d'une rive accueillante
Au sable fin d'ocre en jaune clair
D'un naufrage salvateur


samedi 14 novembre 2015

Féeries subtiles

La forêt danse dans un mouvement gracieux, 
déployant les troncs jusqu'aux cimes.
La troupe entière des ballerines courbe l'échine,
balançant de longs bras filiformes dans une fluidité 
à nulle autre semblable.
Je salue ce ballet poétique, diffuseur d'harmonie céleste bienfaisante.
Ici le déroulé du temps s'effectue sans heurts, les arbres sont
devenus des métronomes thérapeutiques accueillant tout élan intérieur
teinté de nostalgie salvatrice.
Dans l'esthétisme des mouvements répétés, les danseuses aux pieds prisonniers
chorégraphient pourtant un spectacle imposant, révélateur, 
proclamant de réelles louanges... 
et avec la complicité du vent, elles libèrent toute la créativité 
de leur propre genre.
La force puisée au sol circule et emplit tout l'espace boisé 
à travers leur formes manifestées.
La sève, sublime nourricière, se transforme et en hauteur perceptible, 
diffuse d'agréables parfums rejoignant bientôt les féeries subtiles.

Hélène Gonthier
tous droits réservés
14 novembre 2015

mercredi 11 novembre 2015

Existe-t-il....

Existe-t-il un aiguisoir de la perception des choses ?

Une prière pour appeler la Beauté à reconstruire le monde ?

Un mantra pour recoller les morceaux de promesse ?

Un message à décoder dans le givre de nos fenêtres intérieures ?

Existe-t-il des mots thérapeutiques à extirper de nos bouches ?

D'authentiques fruits de terroir à distribuer ?

Un sens véritable à donner à nos vies ?

dimanche 8 novembre 2015

Je reste ici.

Je me suis invitée dans les bois, déroulant une pensée derrière l'autre,
en changeant les projets, en chantant les possibles.  

Puis j'ai opté pour un coup de gouvernail, traversé la voie ferrée, 
bifurqué vers un champ déployé, marché sur son dos croustillant.
Les pâturages sont en attente, plus rien ne se passe.
Novembre est un étal désert.
Ici le ciel respire, c'est large, une mer d'herbe couchée, battue.

Au loin la montagne arrondie épouse un nuage dans un silence d'église.
Se questionnent-ils sur une quelconque poursuite du bien-être?
Je décélère le rythme, un oiseau fait la roue, s'invente des exercices 
entre les rais de soleil.

Le temps peut bien s'enfuir, se hâter sans fin... moi je reste ici.

jeudi 5 novembre 2015

Le mal de foi...

Ce que Dieu promet n'est en fait
qu'une promesse que l'on ne peut tenir seul...

lundi 2 novembre 2015

C'est une journée qui promet.

Les bourrasques ont désormais tout pris ce que les arbres retenaient. 
Une flopée de couleurs déménage!
Des feuilles encore frémissantes se retrouvent amoncelées au sol; 
un poids de pluie froide les recouvre et les retient au sol.
Ma forêt dénudée cherche à l'intérieur de ses troncs sentinelles la chaleur nécessaire pour traverser l'hiver... Elle semble condamnée au manque ou conditionnée par lui.
L'hiver est une saison de repos et de sobriété pendant laquelle la nature inspire à fond et remercie avant de redonner.
Quelle réforme pourrait davantage m'enjoindre à regagner mon petit temple intérieur?

Ce matin, longue marche en humant l'air frais qui rend rouge le nez pendant que mon garagiste préféré installe les pneus à neige...

Je me rends au petit aéroport du village, désert!
J'ai l'impression d'être la seule à profiter de la beauté environnante...
Le ciel est un tableau mouvant qui se déplace plus vite que moi.
Une feuille morte fait du jogging en traversant la rue et bondit dans le fossé, refuge hivernal.

Je reviens sur mes pas...

Le vent me contre, s'infiltre dans les mailles de mes mitaines.
La chair du chemin se fige lentement et forme une croûte jacassant sous les pas.

Un homme fend du bois dans sa cour arrière.  Son geste est précis, un habitué des poêles à bois!

Une belle corde se voit former, les rondins attendront là avant de rejoindre la cave.
Un geai bleu crie de sa voix de rockeur, me fait sourire sous le foulard! C'est une journée qui promet...

samedi 31 octobre 2015

Le petit marcheur

Sur une lune de gris, le noir de la nuit brillait de son absence de lumière. Pulse et pulse encore le temps sombre sur les herbes hautes en ocre de désir. Sous les feuilles en tapis de mort, les pieds de ce marcheur solaire les froisse sans précaution, évidemment... 

Puis, d'un mouvement sec et répété au besoin, il martèle du dos de sa main gantée, la porte de bois ébauché. Patientant sans prier, il demeure inerte dans l'attente. 

Dans le grincement des gonds usés d'être âgés, la lueur de cet intérieur se reflète sous le visage du marcheur patient. Humble, il incline sa frêle tête tout en tendant devant le fruit de sa cueillette encore incomplète. 

L'occupant de l'antre chaud, généreux de sa pitance, offre alors l'espoir chocolaté du petit déguisé. Puis, avant de refermer la porte, le donneur siffle de ses dents absentes par l'usure un "Joyeux Halloween chaleureux!"


dimanche 25 octobre 2015

Le poète exilé, partie dernière

Tapis de lune sur une plage de neige
Blanc de son immaculé conception
Ces reflets célestes m’entourèrent de sa bonté
Pour que le souffle revienne ceint de mon verbe renoué

Murmure à demi posé
L’antre de l’être de givre étendu
Remua de son réveil attendu
Hirondelle en bienvenue

Ourlet scintillant d’un cristal de nacre
Le printemps de mon éveil
Écho du renouveau
Saluait ma naissance

Gerbe de vert
Perce-neige en réverbère diurne
L’essence nouvelle coulait en moi
Sève en mère nourricière

Remuant dans le coffre glacé où je reposais
L’air parfumé d’un printemps en chaleur apporté
Obligeait le corps que j’étais de me terrasser
Et forcer le choc de l’ignorance nouvelle en moi ancrée


Gris de soif de parler
Mes mots se formèrent en mince filet de rayon lumineux
Un dimanche ocre sur un tapis de bonheur carmin
Perle ma journée comme une fleur en bouton

Je m’ouvrai d’une aurore à écrire
Et que tisse ma toile d’une vie de plume
Entrepris sous le couvert de l’exil dans l’écriture…



mercredi 21 octobre 2015

Le poète exilé, partie cinquième

Flocons à demi fondu
Sur un coin de mon cou se posa
Sursaut en sursis
Mon temps n’était pas encore venu

Hélas, que trop de hélas
Maudissant cette fin interminable
J’hurlai à l’essentiel ma défaite
Pour que me cueille l’étreinte faucheuse

Sourde à mes appels
Glacial en poncture, mes doigts gelés
Peinaient à s’émouvoir
De gratter le sol de ma fortune sans abri

Lentement, lentement
Le frimas en glacière minutieuse
S’introduisit en mes résistances éteintes
Pour y gercer l’écueil de mon décès annoncé

L’inertie de mon corps
Ouvrit alors le chemin à l’inconnu
Mes échos lointains du passé
À jamais terminés

Nuage blanc en page vierge
J’étais à écrire et à me composer
De nouveau et pour de bon
Tournant le dos à ce jadis éhonté

Puis, dans le berçant de ma chute
Tomba sur  moi la nuit de toutes les nuits
Ciel de décembre en guise de couverture
La neige m’inonda jusqu’à me soustraire de la lune

L’étreinte de ma flamme éteinte
Jouait la femme muette
Cercueil de neige
Pour qu’à jamais je me taise

Les mots de mon passé
Se turent enfin
Tandis que l’immaculé m’emplissait
En terre de givre libre de parler
 
Mes mots sans parole, sans voix
Mes lèvres prononcèrent le néant de mon être
Vide de sens j’étais sur ce lit de glace
Nu d’être à demi-mot prononcé

La mort a ceci de bon
Elle table rase l’équinoxe de l’éteint
Pour que l’espoir se porte en étincelle
D’un désir nouveau prononcé surgissant jusqu’au alors…

Être une page et s’écrire de nouveau
Porte flambeau d’une lueur à écrire
Rire des flammes que portent en son sein

Les morts d’avant-hier à jamais muselés

samedi 17 octobre 2015

Le poète exilé, partie quatrième

Surgissant d’une stèle
À demi-ensevelie par l’usage
Une fresque de mots trop de fois prononcés
Trop de fois déformés s’offrit de son innocence violée

Tel est l’homme qui lit
S’appropriant l’idée des autres pour la faire sienne
Déformant au passage cité
L’essence de sa forme palabrée

Masque de pleurs qu’est l’incompris
De ces poètes mal-cités
À des fins usurpées
Pour des hommes mal famés

L’automne de son déclin
Pâle en couleurs pourtant riches
Témoignait de sa fin
Comme la mienne annoncée

Courroux, ô tonnerre de courroux
La valse des vents froids heurtèrent
Artères en voie d’être enseveli
Dans le désert de l’oubli

Fin d’un terme, fin d’une vie
Le trépas n’est, après tout
Qu’un passage que trop commun
Et pourtant commun à tous

Je portais sur le déclin du temps
Le masque vermeil de mes pleurs étouffés
Terreur d’une lueur sombre à mes pieds gelés
Cherchant en vain réconfort dans le chaud de mon enfer

Givre en perle de froid sur mes joues gercées
La mort s’infiltrait en mes vies usurpées
Terrassé en moult occasions
Que par ma simple trahison

Esseulé de par mon choix
Esseulé de par mon être
Je maudis alors en silence l’être que je suis
Souffrance d’avant-hier au programme d’aujourd’hui

Le souffle en chaleur de mon intérieur
Saturé d’avoir que trop parlé
S’étiola en saccade estompé
Pour se taire et mourir enfin

dimanche 11 octobre 2015

Le poète exilé, troisième partie

Carte sans croix pour creuser
Ma destination ultime se cachait, se voilait, s’ignorait
Sous le couvert de son esprit volage
Dans le désir ardent d’être découvert

Quand le temps s’y prêtera
Le temps est un luxe que le mystère peut entretenir
Alors le vent, patient, me guida sans me/se presser
D’oser marcher vers la marelle de mes inquiétudes


Entre ciel et terre
Le délire de ma soif d’apprendre
Se gonflait de ma sécheresse grandissante
Laissant l’antre de mon souffle en aumône du bon vouloir

S’en remettre au destin
Revient à ne s’en remettre à rien
Naviguer à vue dans une mer de brouillard
Et oser… oser…

Mieux encore qu’oser
Se poser sur un désir de réussir
Et cet élan que trop passager ne survint alors
Que trop tôt, car un hélas d’évidence surgit

La symphonie ne se joue qu’à plusieurs
Et je ne savais pas chanter, ni jouer
Alors la musique se tut
Laissant un vide de silence pernicieux

Angoisse naissante dans cet inconfort
Les sourdes querelles de mes intérieurs
Jouaient à s’en débattre pour taire et museler
Cette absence de guide, de son

Égaré de par mon inexpérience, impertinence
J’errais donc à présent sur un pavé vierge des passants
L’ocre passant alors au vert et jaune
D’un pré valsant au gré du chant des vents dominants

Foulant mes pieds à des meurtrissures de ma démarche
Haletante et chétive, lacérée par les herbes hautes
Le chemin parcouru se couchait derrière moi
En guise de ficelles ou de bonbons de repères

Borne sans borne
La distance ne se mesurait qu’à ma fatigue
La lande s’éternisait de sa longueur
Et saluait l’horizon sans faiblir


mercredi 7 octobre 2015

Descente d'un automne

Entre deux ciels de novembre
Le temps d'un soupir
Le nuage de l'indifférence se meut, lentement
Pour que l'effroi de l'inconnu
Se tamise sur un horizon étiolé
Et que germe l'espoir renouvelé


dimanche 4 octobre 2015

Le poète exilé, partie seconde

Noir en tableau d’ardoise
Craie en berne de gratter
Nul trait à tracer
Silence en tout temps, en tous lieux

Âme en peine de savoirs
Grisonnant et pourtant
Porteur de leurres
D’illusions et de n’être point

Ridules en sourcils broussailleux
Je tremblais d’évidence d’un reflet
Miroir en éclat d’autrefois
Vers le vil de l’âge avancé

Ô comme terre promise n’eut lieu
Jamais berge n’est foulé
Au terme de ma déroute
Lilas que trop fané, sans parfum à humer

Fracas de ma route en lambris de terre d’asile
Mes genoux ensanglantés d’avoir trop tombés
Traçaient de leur carmin l’étal de ma déchéance
Vers une fosse aux allures de commune

Bassin de rétention sur une ardeur rebutée
Ma nuit devint plus noire encore que ma nuit
Le déclin du jour surpassant sa propre perte
Décan d’une lune en paupière close

Seul à présent
Je tremblais
Métronome en cœur sans battement de vie
L’espoir porte lourd au cœur des exilés

Vint alors un vent
Du nord ou de l’est
Provenance incertaine, car destination inconnue
Pulsant sa volonté contre la mienne

Résistant comme je le pouvais
Mince en filet de désuétude
Ma foi en cet instant de changement
Se portait bien en contre sens, et pourtant…

Masque de perles sablonneux
Ma vue se troubla en myriade irisée
Révélant arc-en-ciel de mes désirs
Sur le non-choix d’une orientation à entreprendre

Puis, chevauchant un nuage blanc de ma conscience
Mes idées d’un jadis enivré par tant de sécurité
S’enfuirent en courant devant ce nouveau venu
Qu’était ma résignation à ne plus être cet autrefois

Pourtant, vacillant sur le fil de ma décision
Le néant en toile de fond sous mes pieds émincés
Funambule précaire au corps usé d’avoir été
Cheminant alors sur un rythme de précarité


mardi 29 septembre 2015

Chaleur

Nul déficit ni effet de serre
Quand on sait pertinemment
Que la chaleur humaine
Est une énergie propre et renouvelable!

dimanche 27 septembre 2015

Le poète exilé, partie première

Haut, bien haut
Au-dessus de mon abysse
Et même au-delà
Mourait l’être que j’étais

Mourir sans rendre l’âme, sursis sans lendemain
Mourir en sacrifice d’une vie pour une autre
Davantage l’usage d’une chance nouvelle
Ultérieure à celle qui fut gâchée voire reniable

Choix ulcéreux en lumière sombre
Tamise la voie qui j’ai lâchement empruntée
Lâchement, certes, lâchement, assurément
Et pourtant… non désirée et que par dépit, débité

Vole alors en éclats épars,
Mes soupirs de regrets sur un lit de leurre
Franchissant le cap de ma déchéance
Je me lançais dans une descente

Lente et triturée aux masques récifs altérés
Mes pieds nus de misère,
Foulant ma rédemption promise
Je trébuchai, mais surtout…  je pleurai

Larmes en mal de vivre
Larmes en soufre d’acier
Larmes en peine d’être
Larmes et rien d’autre que le salin de son expulsion

Et me voilà
Fracassant la murale de ma propre frontière
Armé de ma seule volonté résiduelle
Fractal de beauté espérée, résigné que j’étais

Lambeaux en charpies
Hissés bien haut les vestiges
De mon cœur, exhibé au vent
Ulcéré et lacéré de son état d’antan

Désert en ocre
Silice en étincelle d’or
Bercé, voire berné de ces mirages
S’offrit à mon fantôme en guise de pâturage

Dunes en paysage d’automne
Mes pas sifflant sur l’ombre de l’horizon
D’une quête amourachée d’ignorance
Je pleurais d’un éden à m’offrir


mercredi 23 septembre 2015

Caméléon

De par sa peau bicolore,
Nul ne peut connaître sa véritable nature.
Trompe l'œil en éternel dû,
Elle n'affichait qu'au final
Que le vide qui l'habitait...

dimanche 20 septembre 2015

Octobre

L'aube au chant des morts
De par son chevet veillé
Aux abords de l'astre à la face voilée
Carmin d'ocre orangé sur un voile tamisé
Étend son ombre lumière vers un demain qui brûle
Solennelle et toute parcimonie
Couvrant la voûte d'un bleu ciel 
Annonçant, tel un coq métronome
L'arrivée partielle de ces heures éclairées
Tel un pendule aurifère
De son mouvement ourlé
Hisse à son zénith 
Le kelvin embrasé
Zèbre de lumière
Par des duveteux parsemés
L'étendue de son jaune en bras de fer
Chassant tout bonnement les perles de sa rosée
Vie en lente allure amorcée 
Cueille le fruit du labeur qui abonde
Chatoyant en sillons de gerbes de blé
Passées du lime de son vert aux dorés de ses reflets 

jeudi 17 septembre 2015

Tisse

Balafre dans un océan d'ombres
Le vent froid de l'indifférence
Souffle ardent dans son perpétuel mouvement
Tisse l'écueil de son gouffre
D'un fil d'argent fin
Pour que brille à la lueur des astres
Le piège au destin létal
De givre cuisant


dimanche 13 septembre 2015

Mentir

Le mensonge... il est cet écran de fumée de l'on souffle au visage de ceux auxquels on ne veut pas perdre la face...
Le mensonge... il est cet écran de fumée de l'on souffle au visage de ceux auxquels on ne veut pas perdre la face...

mercredi 9 septembre 2015

Les larmes des forêts

Et demain s'envoleront les forêts. Ne laissant à la terre que ses racines de chairs. Nous serons tous pendus aux déchets de nos vies et nous pourrirons nos carcasses dans le feu des enfers. Nos vertes prairies en charbon consumé, fumeront nos pensées que nous cracherons au silence des mers, comme nous tousserons nos cancers dans le froid de l'hiver.
Les arbres s'oublieront au céleste éphémère, que l'humain trop pressé, a changé en poussière. Et la terre brûlée chantera ses souffrances sous nos pas fissurés aux gerçures carnassières. Nous serons les cadavres vulgaires, entassés comme des fous dans la gueule des misères, qui s'apprêteront au festin sur l'autel de nos vaines prières.
Nos enfants, impuissants, "larmeront" leurs regards desséchés quand l'adieu des forêts glissera l'univers dans un souffle de verre. Ils s'arracheront les masques à oxygène, les testaments retrouvés sous les cendres des guerres. Ils s'arracheront l'héritage funeste de leurs pères, ces hommes inconscients à la conscience meurtrière.
Dans des boites de conserve, quelques ridicules petites bulles d'air, se vendront au marché noir sous l’œil engraissé d'un hideux ver de terre.
Les autres. Les autres dormiront sous les cartons souillés aux parfums nucléaires que les vieux, plus fragiles, vomiront en tumeurs rancunières. Et de temps en temps, un shoot de lumière dans nos veines goudronnées, une dose suicidaire de ce que nous avons massacrés. Et de temps en temps, nous vivrons la forêt, dans nos rêves effacés aux nombreux jets de pierres. 
Souvenirs irréels de ces matins vivants où la forêt ne savait pleurer que la douce rosée.
Et de temps en temps... La main sur le revolver.

¤ Cat ¤ 08/09/2015

jeudi 3 septembre 2015

Petite fleur des champs

Quelques marguerites ont fleuri dans le silence des nuits blanches. Une pétale pour un "je t'aime", et des centaines d'autres "d'un peu", "beaucoup".

Et là bas... Le corps nu de l'une d'entre elles, assassinée par un dernier "pas du tout". Abandonnée dans son cri chuchoté, elle coule sa dernière pétale comme on coule larme futile sur un amour à jamais disparu. Elle secoue sa tête jaunie sur le corps inerte de l'amoureuse, comme une caresse volée pour la faire frissonner. Une toute dernière fois. Mais sa peau trop pâle à fermé son regard aux passions. Le vent, en souffle agacé, hurle dans les arbres, sa colère soudaine. Le sifflement froid dans le creux de l'été. Le cri déchiré d'un appel à "trop tard".

Recouvert par le ciel obscurci de cette fin de journée, l'enfant attend la nuit pour s'oublier à son sang. Les pétales meurtries ont rougies simplement et la tige marguerite se désole lentement. Elle se voulait "beaucoup" pour l'entendre sourire, et s'espérait juste mourir dans un "passionnément" hurlé à la prairie.

A jamais amputée, elle périt tristement, s'écrasant, à bout de souffle, sur le corps endormi d'une trop grande éternité.

Et voici qu'elle s'immortalise sur la peau de l'enfant. Le baiser doucereux d'un adieu crucifié sur la croix des "pourquoi".

Et partout dans les bois, on entend hululer le hibou majesté. Et partout, on l'entend appelé la nature pour protéger cet enfant, où s'endort joliment, la petite marguerite, tatouée sur son petit corps blanc.

¤ Cat ¤ 

Note du chat : Ne cherchez point de fautes à "une pétale"... Je l'ai volontairement féminisé.

mardi 1 septembre 2015

La mort en embuscade


Suis-je réellement, en cet instant, l’unique narrateur d’un chapitre  de ma vie? Du bout des doigts, je tambourine les mots qui se maquillent de liberté.  Mon parcours, très incolore lorsque je le compare, est cruellement intense dans ma profondeur et dans ma sensibilité.

Cadette d’une famille de quatre enfants, j’ai  compris très tôt la bienveillance et l’empathie. Ma grande sœur, éclot  un hiver avant moi,  presque jumelle de chair, avait l’apprentissage en difficulté. Moi, j’avais  la facilité. Les années primaires au bout des doigts, je montais mes classes à grandes enjambées. Ma frangine, plus discrète, tirait ses leçons dans des  groupes adaptés. Déjà, à sept bougies, je camouflais  mes aptitudes pour protéger  son amour-propre. Cercle vicieux d’une petite sœur qui surprotège et qui grandit en offrant sa place aux autres aussi.

 Un discours d’interdiction s’était enraciné dans mon inconscient :

  • Tu ne peux pas être meilleure qu’un autre, tu blesseras sa personnalité
  • Soit juste assez  bonne, mais ne le laisse pas paraître

L’unique talent que je me permettais était celui de la gentillesse. J’avais en auréole le foulard de Mère Theresa, les couilles de superman pour  protéger les oubliés et la naïveté du Chaperon rouge, la tête à deux pouces des canines d’un loup déguisé, d’un simple chapeau en dentelle tricoté. Gagnante du trophée de l’Humanité au bal des finissants, je portais bien le costume du cœur sur la main.

Mais  à l’aube  de ma vingtaine, les désillusions commencèrent à s’installer. Le cégep, moment décisionnel d’un gagne-pain futur, m’enrôla aveuglément  dans les sciences humaines pour suivre le troupeau. Une crise identitaire, un peu tardive, justifia à mes parents un ton accusateur envers ma personnalité et motiva mon envol en appartement. Et ce fameux prince charmant, pectoraux d’orgueil sur un canasson en rut, n’avait laissé comme seul empreinte sur notre amour imaginaire, que des feux sauvages et une fusillade de sperme qui avait terni ma robe blanche et voilé ma valeur.  

Vingt et un ans, le regard pour moi-même toujours vers l’extérieur, un  travail à temps plein dans un restaurant, une inaptitude à comprendre ce que la vie attendait de moi et un regard parental qui doute, fit exploser les crises d’angoisses. Étau clôturant  ma gorge de fumeuse, soubresauts anarchiques de mes membres, cœur en cavale : le cauchemar d’une mort imminente. La détresse d’une vie en sourdine avait finalement piétiné ma vitalité. Image d’une vendange bafouée ou l’espérance d’un grand cru avait finalement embouteillé une Diarrhée.

Je cognais la vie à grande lichette d’alcool et de soirées sans souvenirs afin d’évanouir ces incompréhensions d’une logique qui manquait à l’appel. J’avais  l’ardeur du mépris collée au sternum et qui coulait sur mon cœur. Je noyais  l’angoisse pour la faire taire mais il m’a fallu beaucoup de  temps avant de comprendre qu’elle s’animait  dans l’ivresse. Le rire autrefois comme une seconde peau, s’enfargeait dans des idées sombres.

Je me suis fractionnée. Coupée du monde à chacune de ces crises de paniques. Prisonnière des salles de bain publiques, ces refuges m’ont reconnectée avec mon essence à grand coup d’essoufflement et de retour au calme. Assise, en petite boule, le visage effleurant  la fraicheur d’un bol de toilette, j’ai appris à tourner mon regard  vers mon importance. Je n’aurais  jamais pensé qu’avoir la tête si proche des déjections pouvait insuffler un élan libérateur de mes propres besoins.

Période noire et de serrements de cœur, je quémandais  en silence  l’amour mèreconditionnel. Il ne se présenta pas. Je coulais la honte sur son sein.

La fuite  géographique s’invita. Cette fausse liberté accrochée à  mon sac à dos avait trouvé écho pour calmer mes paniques. Je ne savais pas encore prendre position dans mon identité mais je n’avais plus ce fardeau de plaire ou au mieux celui de déplaire. Le silence chuchotait des instants sereins.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours crayonné mon âme sur le papier. Gamine, j’inventais des histoires de princesse pour le bonheur de mon petit cœur de Cendrillon. À l’adolescence, les premiers poèmes maladroits et les lettres d’amours griffonnées durant des cours inintéressants. La vingtaine a fait éclore les malaises mais aussi cet appel criant d’écrire. L’arbre dénudé façonné en pâte à papier m’a aidé à progresser de maux en mots de fois en Foi.

 Des dizaines de petits cahiers vierges achetés à  rabais, m’inspirèrent des millions de  possibilités d’exister. Ma souffrance émotive avait trouvé une hospitalité sincère à l’épaule d’une marge sans limite et sous une couverture protectrice.

Dans mon sac à dos de la liberté s’y  trouvaient des sous-vêtements et une brosse à dent, deux t-shirts et un legging, un porte-monnaie sans le sous et des recueils de pensées.

Extrait d’un recueil de  1999 :

Délivrez ma princesse

De sa tour d’angoisse

De la soumission de ses murs

Du jugement de son miroir

 

Elle se mutile elle –même

Oubliant d’exister

Oubliant de ne pas que regarder

Les mendiants de la pitié

 

Extrait d’un recueil  2001 :

De petits mots

Simplement petits

De gentillesse  S.V.P

Pour mon égo si sensible

 

De l’Ouest Canadien  à la Californie, de Baie Comeau à la Floride, sinueux carrefours giratoires porteurs d’expériences.  Ne pouvant  pas  fuir plus longtemps mes apprentissages sur cette Terre,  j’ai  senti la peur revenir au galop.  Longeant les murs pour me surprendre d’une jambette ou d’un étourdissement, l’angoisse était revenue. Je me suis battue. Affronté sans relâche ce sentiment de devenir folle et cette frayeur de mourir. Image d’une camisole de force transformé en zombie qui tente de kidnappé ma tête.

Combat ultime de pensées qui s’entrechoquent : 

Ça va Bien! Respire! Je vais mourir! Non, tout va bien! Calme- toi. Je peux plus  respirer, je vais m’évanouir. NON, tu n’as rien. Ma vision s’embrouille, je ne veux pas  mourir dans une épicerie! Ferme tes yeux, écoute ta respiration! Mon cœur bat trop vite, je vais  faire une crise cardiaque!

Respire!       Chut!     Respire!     Chut!     Respire!    Chut!     Respire!     Chut!

Quinze années à tenter de maitriser ces malaises en les flattant de paroles sécurisantes. Cette peur de m’éteindre était enracinée dans mes tripes depuis toujours. M’a-t-elle persécuté ainsi toutes ces années pour me guider vers des morceaux d’éveils? J’ose sincèrement y croire.

Il y a trois ans, la mort n’est pas que venue chatouiller mes angoisses. Elle a muselé mes mots qui lui étaient destinés. À la pénombre d’un jour de mai, Daniel a repris sa liberté emprisonné dans une tumeur au cerveau. Mon frère, ce guerrier pacifique a bravé l’impossible pour exister. Déchirures incompréhensibles, j’étais incapable de lui écrire mon amour. Mes paroles étaient trop simples, le poids de ma douleur ne trouvait pas les larmes appropriées.

Mes recueils s’ouvraient et se refermaient  sur des pages blanches immaculées comme la lumière du paradis. Mon crayon se déguisait en efface, il n’avait pas la justesse des émotions afin de lui exprimer ce vide qu’il avait laissé.

Et moi, comment avais-je pu vivre tous ces printemps avec cette crainte de périr, alors que j’avais toujours eu la santé plein les poches?

Le dernier repos ne s’invente pas, il n’est pas un mirage, ni un jeu de l’esprit. Il est authentique, déchirant et meurtrier. 

Aujourd’hui, la mort ne m’angoisse plus. Elle a pris racine beaucoup plus profondément dans mes entrailles. Elle m’a condamné à exister. Je ne peux offrir meilleur hommage à mon frère, que d’acclamer la vie à grande intensité dans l’amour, la compassion et le respect, malgré les incertitudes et les épreuves. Image d’un cœur qui bat et qui pleure, qui pleure et qui bâtit.