mercredi 31 octobre 2012

Apprentissage.

Deux petits garçons à l'aide aux devoirs, côte à côte.
Crayon à la main, lente calligraphie, langue qui travaille autant que les doigts!
Je suis tout près. J'observe. 
Quelques mots-étiquettes sont placés, comme un jeu sur la table, jeu de mémoire.
Visiblement, des connexions se joignent dans leur cerveau.
Je pointe du doigt un mot, puis un autre.  Les garçons se concentrent, se remémorent  les lettres, proposent un mot. Parfois le bon, parfois le mauvais.  Et l'on joue à trouver où se cache le mot demandé?
Ils sont bons mes amis, très bons!
Puis ils s'amusent à faire des phrases, me jetant de furtifs regards d'approbation.
Lentement, les lettres, les mots font leur chemin.
Et le chemin s'embellit.

 


B R I S U R E


Bris d'usure.
Cette fissure
Dans mon mur.

Tu pourrais passer
Sans remarquer.

B R I S U R E

L'écorchure.
Cette blessure
Dessous l'armure.

Tu pourrais t'approcher
Sans regarder.

B R I S U R E

La froidure.
L'épaisse doublure.
Ces inutiles parures.

Tu choisis de déposer
Délicat baiser.

B R I S U R E

Grains de levure.
Nouvelle texture.
Possible enjolivure.

Comme une dragée,
Emmitouflée.

B R I S U R E 

Je dessine la tournure,
Les enluminures.
J'entends tes murmures.

De ma tranchée,
Possible remontée.














Enfin


Souffle la bougie d'une rencontre à venir
Nourrir ce bonheur encore naissant
Rêve qui va enfin aboutir
Célébrer avant le temps

Tremplin d'un espoir
Fin des temps noirs
Avenir de l'entrevoir
Toujours y croire

Chercher la bénédiction
Travailler à la solution
Esprit en ébullition
Révolution

lundi 22 octobre 2012

Ménage


Triant sur le volet de ses désespoirs
Ombre noire
Savant calcul d'une économie
Soulageant, une à une, souffrances d'une vie

dimanche 21 octobre 2012

Humilité

Homme marche
À pied d'Estale
Détale devant les marches
À gravir
Gravés de son infortune
Fortuné des expériences passées
Passant du statut de haut placé
À celui de déplacé!

Frissonnante, elle se lance.

Une seule feuille reste dans l'arbre dénudé.  Une feuille tenace au-dessus du fouillis tout en bas.
Repue de ses nervures colorées, elle se tient dans un dernier souffle de vie, encore accrochée à la branche.
Sèche, craquante, fébrile, sur le point de tomber, mais la tête relevée!  Une dure à cuire, une résistante et à la manière du plongeur inexpérimenté au bout du tremplin, elle hésite!
Elle imagine ce qui l'attend au pied de l'arbre, elle s'agrippe, histoire de gagner quelques minutes et ranger en mémoire son été merveilleux.  À ce moment, et seulement à ce moment, elle plongera lentement, zigzaguant dans l'invisible pour se déposer irrémédiablement sur le sol humide et froid. 

"À la bonne heure!" pense-t-elle. Dans l'acceptation de sa condition de feuille, frissonnante, elle se lance.  Elle veut bien laisser la pluie couvrir son corps, le ramollir, lui prendre son dernier pigment.  Camouflée dans la foule feuillue et malgré le vent curieux, elle incorpore sa forme à toutes celles semblables. On viendra bientôt les balayer, les piétiner, en faire des montagnes de jeu!  Et les enfants rieurs avec leurs mains enjouées les feront rouler par-dessus tête, dans une dernière valse. Minuscule, la feuille tombée exulte à y songer, elle n'a plus peur. Elle devine celles qui tenteront de se camoufler dans une poche, se coller sur un foulard de laine, se cacher dans une botte, ainsi saisiront-elles la chance de prolonger la saison, de mourir au chaud.  Car mourir... c'est bien de cela qu'il s'agit, elle le sait maintenant. 

Ils sont là, les petits!  Elle jouit de tous ces petits cris d'enfants. Fermant les yeux, se laissant virevolter, elle sait qu'elle est complètement détachée.  Elle n'est plus reliée à la branche et connait l'ultime ivresse de la danse!  Les jeunes s'excitent, la prennent, la relancent dans le bleu du ciel.  C'est vraiment une belle fête de feuilles!

"C'est cela mourir", se dit-elle à elle-même."Oui, je veux bien maintenant, je suis prête!"

jeudi 18 octobre 2012

La mort, second tome

La vie m'a appris à vivre avec la mort,
tandis que la mort m'a appris à vivre ma vie

dimanche 14 octobre 2012

Rien de plus doux.


Je suis assise sur le plancher du salon, en pyjama,
le dos appuyé contre le divan rouge, cette grosse bête
à 4 places. Mon père est derrière moi, confortablement installé sur le coussin du milieu. J'ai probablement dû mériter ce bonheur dans la journée, car mon père est un homme sévère, très occupé et rarement à la maison. Délicatement, il démêle mes longs cheveux blonds et bouclés, d'une main douce, d'un geste lent. Nous ne disons mot. Lui, bien concentré, très appliqué à tenir la brosse, moi, immobile, espérant étirer les minutes d'une si rare attention paternelle. Dans mon cœur d'enfant, il n'existe rien de plus doux, et j'espère prolonger ce rare moment d'intimité avec ce papa que j'aime tant. Aujourd'hui, quand mon amoureux caresse mes cheveux, il y a toute une mémoire ancienne et délicieuse qui refait surface! J'étire encore les minutes et c'est tout aussi délicieux!

Surcharge

Démarche universitaire
Jumelée d'une quête identitaire
Vont parfois mal de paire
Risque élevé de se laisser distraire
Égalant travaux déficitaires
Comblés d'une perte de savoir-faire

samedi 13 octobre 2012

La visiteuse.

Sans prévenir, elle s'immisce lentement, enrobant d'abord mes chevilles, mes jambes, puis mon être tout entier. Sans invitation, elle s'installe, m'enveloppant de sa présence, épiant ma nuit à peine déroulée. La visiteuse fait corps avec moi, colle à ma peau, m'interroge à voix basse et insiste pour bavarder au lit sans toutefois fermer l’œil.  Quoique habituée à ses visites impromptues, je suis inconfortable et prisonnière, tendue depuis peu comme la corde de l'arc, pourtant prête il y a quelques minutes à laisser la flèche du sommeil s'envoler. Je respire lentement, je ne peux plus m'endormir à présent.

Alors, nous nous levons et marchons d'un même pas, histoire de bien saisir ce qui se passe.  Je lui offre un breuvage chaud, j'allume une lampe sur son passage, je lui recouvre les épaules d'une petite laine bien chaude.  À ce moment précis, le spectacle se déploie et une expression s'impose pour la décrire: "Une vraie pie!"

Pour avoir cent fois combattu sa présence, m'être rebellée, lui avoir crié de partir, je choisis cette fois l'écoute active.  Je la laisse donc déballer son interminable bavardage, me réfugiant dans un silence qui hoche la tête de temps en temps. De longues et interminables minutes s'égrainent, toutes aussi déplorables les unes que les autres...Je sens l'envie de lui répondre, de m'objecter mais je résiste.  Mon accompagnatrice dit des sottises, en fait elle arrive même à me faire douter de moi; je me mets alors martel en tête, je réfléchis, je ne m'endors plus.  Ça y est! Je suis complètement réveillée!  Elle ne saisit pas qu'elle monologue et passe en revue ma journée entière, questionne, décortique ma dernière semaine, m'interpelle, revisite la page entière du calendrier, me fait des remarques désobligeantes.  Je suis coite, j'ai un seul souhait, la voir partir. Mon lit douillet m'attend, je suis tellement fatiguée de l'entendre. Ce bavardage est de la caféine pure! 

Elle a tout déballé, parle maintenant moins fort, et sans que je comprenne entièrement pourquoi,  je sens une lassitude la gagner, comme un engourdissement bienfaisant, la laissant à peine capable de marmonner! Cachée dans son égo, la voici qui répète son discours, repose la même dernière question, s'embrouille, s'excuse, s'immobilise.  L'intruse, cette folle de la nuit, cette forme insomniaque se désarticule visiblement. Faisant fi de toute ma personne, elle s'évanouit et se métamorphose en courant d'air.  Bien fait pour moi!  Enfin, elle a disparu, je suis complètement seule et épuisée. Vous arrive-t-il, comme moi, d'être aux prises avec une telle insomnie?

Quelques heures avant l'aurore, les pieds pesants, les yeux à demi-fermés, je regagne mon matelas-bateau, mon île au trésor, mon petit oreiller.  Tout ce que je désire en ce moment, c'est plonger profondément dans le sommeil!





 


Mort...

La mort a ses raisons que la vie ignore.

dimanche 7 octobre 2012

Sans la plume de mon chapeau!

Écrire, écrire, encore écrire...
Tout est beau, mais là, c'est trop!
J'ai des fourmis dans les jambes,
la bougeotte de bas en haut!
Au p'tit matin, entre mes mains,
tenu le thé, connu l'entrain.
À cette heure, faut que j'décampe,
et sans la plume de mon chapeau!
J'enfile un jeans, un chaud manteau,
je veux marcher, m'éparpiller
et dans l'automne vous rencontrer!

Le petit rideau.

Il était tout petit, vraiment très petit, mais il remplissait le rôle qu'on attendait de lui. Les petites fraises rouges éparpillées sur lui connaissaient parfaitement les heures de sommeil et de réveil de ce petit rideau, suspendu et immobile, comme une paupière alerte, sur la fenêtre rectangulaire de la cuisine de grand-mère. Aussitôt que le jour lui faisait signe, ce voile décoratif de tissu léger ajoutait une note gaie, tout à fait culinaire, à cette pièce dans laquelle grand-maman aimait passer des heures et des heures, entre la table, l'évier et les nombreuses armoires remplies à pleine capacité. Il était témoin de toutes ses allées et venues, ses petits pas incalculables, ses murmures de grand chef, mais ce qu'il préférait davantage et avant tout, c'était les effluves gonflées et sucrées qui s'agrippaient dans les fibres gourmandes de son tissu.  Muet, il se gavait avidement, rêvant en secret de prendre le large, mais il suffisait que la porte bâille pour qu'une légère brise le fasse se balancer rêveusement.  Alors, bien repu, confident de la solitude du grand âge, il fermait les yeux de toutes ses petites fraises dodues, soupirant d'aise au cœur d'une chansonnette de vieille dame.

samedi 6 octobre 2012

La mésange se tait.

Il pleut, j'entends la pluie réjouie!
Une version mouillée des beaux jours...
La terre exulte, cela fait des semaines qu'elle n'a pas pris sa douche!
Les cailloux font le dos rond, les nids de poule de petites baignoires pour les oiseaux!
À travers le feuillage jauni, les branches s'étirent dans un contraste de noir luisant.
Et la mésange se tait, cachée dans le grand pin, épiant chaque goutte bénie.

mercredi 3 octobre 2012

Quelque chose que j'aime!

J'aime écrire le matin au réveil.
Écrire à propos de quelque chose que j'aime...
Il me semble que ça débute tellement bien ma journée.
Aujourd'hui, mon texte racontait le bonheur de voir en couleurs.
Évidemment, c'est la saison idéale pour se gaver!  C'est la féérie à l'extérieur!
Je suis gourmande!  Toutes ces nuances à profusion, partout, et lorsque le soleil jette de la brillance, je ressens immanquablement cette énergie, je la capte, la savoure, mémorisant les éclats! Mes yeux scrutent les dégradés, les variantes, toutes ces teintes dévoilées.  Quelle palette impressionnante!

Mon corps se souvient, c'était en 1979.  Pendant quelques minutes, il m'a été impossible de voir les couleurs.  Une abeille avait déposé son dard sur une veine de ma main et en quelques secondes, le venin avait circulé, rendant ma respiration extrêmement ardue, ma peau très rouge et enflée avec une perte inattendue du spectre des couleurs.  Une vision en noir et blanc!  L'injection de Bénadryl administrée par l'équipe médicale a fait en sorte que la vision est revenue à la normale ainsi que la réaction cutanée et la sensation d'étouffement. Une expérience que je n'oublierai jamais.

Vivement les couleurs!





mardi 2 octobre 2012

Réussir.

On apprend à faire du vélo en tentant d'abord de s'asseoir sur le banc sans tomber.
En déplaçant ses doigts doucement sur les touches du piano, on apprivoise la musique.
L'enfant tombe maintes et maintes fois avant d'être un habile marcheur.
L'élève qui veut écrire des mots doit apprendre son alphabet.
Si l'on veut nager, il faut être capable de placer sa tête dans l'eau.
Avant de devenir un grand peintre, l'apprenti en aura fait des croquis, des essais.
Combien d'exemples ici pourrions-nous évoquer!

La confiance que l'on s'accorde est essentielle pour réussir.
Chaque étape d'un apprentissage est importante.
Que dire du courage et de la ténacité?
Que penser de l'humour que l'on s'accorde devant l'échec?
La réussite est-elle possible sans la complicité et l'encouragement des autres?