mardi 31 mars 2015

De l'autre côté

De l'autre côté du miroir

il me sourit son espoir.

 

A l'autre bout du téléphone

ses doutes déraisonnent.

 

Au coeur de ses mots

palpitent des vibratos.

 

Au fil de ses peurs

il coud une douce lueur.

 

De l'autre côté du miroir

il suffit d'y croire.



vendredi 27 mars 2015

LA VIEILLE SUR UN BANC


Toute seule sur son banc avec ses fêlures
elle a atteint son point de rupture
Elle sait plus trop bien son futur
alors elle reste là à compter ses brisures

Dans sa tête, ça se bouscule tous ces murmures
qui lui serinent sans cesse ses mésaventures
alors elle reste assise avec ses déchirures
perdue dans le dédale de ses meurtrissures

Parfois, elle invective un passant
ça dépend des jours, ça dépend du vent
elle parle toute seule pour la joie des enfants
elle sait plus conjuguer sa vie au présent

Elle fait un peu peur à ces bonnes gens
qui la croisent là, toute seule sur son banc
Son esprit n'a pas supporté les ouragans
qui se sont abattus sur ses ans

Elle vient là tous les matins
avec son sac rempli de chagrins
et ses yeux qui se sont éteints
elle a perdu de sa vie, le chemin

Elle sera là encore demain
sous l'oeil amusé de tous les gamins
qui jouent au foot sur le terrain
et personne ne viendra lui tendre la main


Christine MILLOT-CONTE


mercredi 25 mars 2015

BIPOLAIRE


En vagues déraisonnables, le flux insidieux happe l'âme
et condamne l'esprit en tourments insondables.
Broyant toute réflexion dès sa première lueur,
écrasant toute conception tant soit peu équitable.
Il assassine la moindre velléité de pardon
pour imposer sa noirceur en tonnerre implacable.
Brûlant les fines et fragiles entrailles du bien,
il lance ses assauts d'ondes vénéneuses en poussières de sable.
Ne laisse que le goût de traîtrise, affame la volonté angélique
et submerge le tout d'un torrent d'acide insupportable.

Limpide courant bienfaiteur, il glisse dans les veines
et emporte le cœur en rondes joyeuses.
Emplissant l'atmosphère de couleurs chatoyantes,
il s'immisce en gouttes vibrantes et joueuses.
Las, impossible de résister à cet élan liquide
et salvateur baignant toute fibre de vagues rieuses.
Souvent, il transporte à l'orée d'une éternité de bonheur
sur ses fils dorés et au creux de ses tentures amoureuses.
Puisant son attirante luminescence au puits des sentiments
il déverse encore ses vagues déraisonnables mais radieuses.

mardi 17 mars 2015


À  ceux qui prétendent tout savoir
Je vous accuse de mon ignorance

lundi 16 mars 2015

Le petit ruisseau de larmes sanguines
Coule au corps en poison comateux
Tranquille
Et navigue paisible au cercueil de son cœur
Le petit radeau vide des rêves libertés
Sans rames
Le mât violenté aux noires douleurs
Jusqu’aux boues du cerveau qui enlisent les pensées
Noie l’âme
S’étouffant aux violences de ces brises orphelines
Qui se claquent aux parois et qui crèvent malheureux
Claustrophile

Le petit ruisseau aux eaux carminées
Passe et repasse en trépas inconscient
Dangereux
Sous le pont narcotique lentement, elle s’endort
Abandonne le souffle d’un espoir incertain
Impur
Cœur tambour en écho trop rythmé
Brise le silence du dernier subconscient
Vitreux
Vibrations meurtrières et qui cognent plus fort
Déchirer ces souffrances pour s’ouvrir un chemin
D’air pur

La rivière de sang a perçu la lumière
Et s’évade sereine sur la peau oubliée
Veine tranchée
Pitié…Point ne me coupez!

On me hume autant que bois de santal sacré;
Suis pareille à la Bretonne de Brocéliande.
Et quand la pluie dactylographie ma légende,
C’est pleurs par plaisir comme amour à partager.

Je chevauche en la France jusque par la Belgique:
Image fresque couleur verte Véronèse.
Belle essentielle, je suis la Vierge Ardennaise!
Nature en Forêt-Noire et Fée Blanche mystique.

Vos rêves logiciels en lisières m'échancrent:
Moins virtuels sont mes chemins entre taillis,
Mes Clairs-Chênes près la route font abbayes...

Mais si las de publicité vous jetiez l'encre:
Alors peut-être me diriez... Si vous m’aimez...

Pourquoi ce bûcheron se plait à me couper!

Robert-Henri D.

samedi 14 mars 2015

Et scie....

Des arbres troncs
Des troncs branches
Des branches brins
Des brins de scies

Des cimes souches
Des souches racines
Des racines pétales
Des pétales en croix

Des pins épines
Des épines bourgeons
Des bourgeons nœuds
Des nœuds aux cœurs

Une forêt dense
Et une danse s'y meurt

mardi 10 mars 2015

VOUS LES ILLUSIONNISTES

Je vous hais du plus profond de mon âme meurtrie
pour tous les enfants encore morts pour une quelconque patrie
pour tous ces malheureux, ces gueux
pour la mort de l'arabe et celle de l'hebreu
Je vous hais pour les gamins pleurant dans un orphelinat
pour la putain jetée aux mains des scélérats
Je vous hais pour toutes vos inquisitions
pour tous vos viols de la pensée à répétition

Je vous maudis pour le non voyant privé du ciel
des oiseaux, de la mer et d'un bel arc en ciel
pour le sourd qui n'a de la musique
que la clé du silence ouvrant l'âme ascétique
Je vous maudis pour le nain, le difforme, le boiteux
qui n'ont pas l'argent pour se payer un avenir heureux
Je vous maudis pour la drogue et tous les microbes
pour ce pauvre animal qui fait fourrure de sa robe

Je vous abhorre pour le sexe atrophié par vos moeurs
pour tous ces fous enfermés au pauvre coeur
pour tous vos innombrables exactions et malheurs
pour ces enfants martyrs, pour toute leur rancoeur
Je vous abhorre vous qui faites la pluie et le beau temps
décidant, tranchant, d'un coup d'un fil, le juste châtiment
Je vous abhorre pour tout ce que vous êtes, tout ce que vous faites
Je vous l'dis tout de go, du haut de ma petitesse

Un jour, les enfants se réveilleront
et marcheront ensemble par plein bataillons
Craignez ce jour vous les illusionnistes
car je peux vous assurer que ce sera votre dernier tour de piste !



       Christine MILLOT-CONTE

lundi 9 mars 2015

Pelleteur de Nuages je suis...

L’image intemporelle semblait s’être directement incarnée depuis la glaise.

C'était un peu comme si cela avait surgi de la poussière cosmogonique qui soudain serait mouillée par les eaux de sa propre matrice.
    La formation de nouveaux corps célestes l’attestait : une ombre inquiétante allait bientôt s’accoupler à la Lumière…

*


   Si je vous montre quelquefois l'image claire d'un obscur poète de "quatre sous" au tempérament  de plume bien trempé, il est à reconnaître en cela que je passerai aussi pour être un trublion râleur quelque peu déjanté. Mais c'est avant tout en rêveur, que je crois à ma manière à des vertus depuis longtemps dépassées. Cela s'explique peut-être par le fait que j'aime participer à des compagnonnages imaginaires. Lesquels seraient cependant jugés libertins par d’autres qui s’y aveugleraient. Mais chacun qui se dira poète y saura voir autrement qu'eux le doux scintillement virginal des "belles théories". Celles-là mêmes, qui se trouvent affichées, non pas, en pleine page des revues ordinaires, mais secrètement calligraphiées sur la tranche méticuleusement dorée des feuillets qui composent, jour après jour, le grand livre de notre vie terre-à-terre lorsqu'elle s'amourache de celle cosmique. 

dimanche 8 mars 2015

Langues de vipères




Ces serpents qui sifflent dans nos têtes
Susurrent des mots assassins
De doutes et de craintes.

Ils soufflent un vent de peur
Sec et assoiffé de compassion
De vérité et de compréhension.

Stériles atermoiements
Valsent et dansent inutilement
En simples sauts de puces.

Essais vains et infructueux
De s'aimer soi au miroir fracturé
En subtiles insinuations délibérées.

Sensibilités exacerbées de maux,
De paroles insouciantes
Et de sourires factices de néant.

Symphonies inconscientes
Suturent les plaies béantes
et emplissent nos solitudes.

vendredi 6 mars 2015

H comme Amour


           Maman me réveille tous les matins et elle commence par me faire un bisou alors que je suis encore couché sur mon lit. Ensuite elle m'aide à me lever car ce n'est pas très facile pour moi. Vous comprenez après la nuit, je suis toujours un peu ankylosé. Il faut vous dire que j'ai été opéré deux fois des hanches et que l'arthrose vient gripper le mécanisme.
          Alors, on sort tous les deux pour une petite promenade matinale et je marche cahin cahan. La chatte de la maison nous suit invariablement, c'est amusant. Lorsque nous rentrons, elle me prépare mon petit déjeuner en m'appelant son bébé. Son bébé ? J'ai treize ans tout de même ! Enfin.. elle est comme ça, Maman. Comme je ne tiens pas assis, à cause de mes problèmes articulaires, elle pose mon repas à ma portée alors que je reste allongé. Et puis, elle s'occupe de moi, elle me donne mes médicaments en faisant très attention. Je n'aime pas toujours ça, ça m'embête. Surtout les gouttes dans les yeux. Ah oui, je ne vous ai pas dit. Je me suis cogné l'oeil en voulant me déplacer tout seul. Résultat, j'ai gagné un beau cocard qu'il faut soigner. Dur dur d'être un bébé.
          Pendant que Maman prend son petit déjeuner, je reste sagement allongé jusqu'au moment où elle me donne un gâteau. Je sais bien que ce n'est pas un vrai gâteau, j'suis pas fou. Mais elle appelle ça comme ça alors je ne vais pas la contrarier.
          Et puis, elle part travailler. Travailler ? Je n'ai jamais compris ce que ça voulait dire. Mais un jour, elle m'a expliqué que c'est grâce à ça qu'elle pouvait ramener à manger et acheter mes médicaments. Alors, je suppose qu'elle va dans un grand entrepôt où on trouve toutes ces choses là. Mais il doit être très grand parce que ça lui prend un temps fou pour trouver ce dont on a besoin. C'est sûrement un vrai labyrinthe, ce truc, et elle n'a pas du trouver de plan.
          Bref, je reste à l'attendre mais avant de partir, elle me donne toujours à boire. Le docteur lui a dit que mes médicaments à la cortisone me donnerait soif alors, là aussi, elle fait attention à ce que je ne manque de rien en son absence.
          Et dès qu'elle rentre, elle me refait un gros bisou et on repart pour une promenade. Elle dit que même si c'est difficile, il faut que je marche. C'est bon pour mes articulations. Les ballades que nous faisons sont bien plus courtes qu'avant. Avant ma dernière crise, je veux dire. C'était l'an dernier. Je me suis retrouvé coincé, je ne pouvais plus du tout bouger. Oh la la, ça l'a affolée Maman. Elle a du demander de l'aide pour me transporter jusque chez le docteur. Elle ne peut pas me porter, je suis plus lourd qu'elle. Enfin, je vous précise que ce n'est pas moi qui suis gros, non, non, c'est elle qui est petite. Mes cinquante kilos, c'est trop pour ses petits bras surtout s'il faut me porter jusque dans une voiture.
          Donc avant on allait faire des ballades en forêt, on passait par ce petit chemin aussi. Celui qui mène à la maison où habite cette jolie petite chienne labrador. Elle nous faisait toujours la fête et elle voulait jouer avec nous. Mais ses maîtres la gardent derrière un grillage qui clôture la maison. Enfin, je suppose que c'est toujours ainsi parce qu'il y a longtemps que je n'y suis pas retourné. Je le regrette d'ailleurs, elle me manque. Ensuite nous longions un champ bordé de mûriers pour aller dans un sous bois qui sentait bon la mousse et les champignons. Et nous revenions tranquillement, à mon rythme, c'était ma promenade du samedi. Et parfois même, nous passions devant ce pré où un poney s'approchait de nous. Maman lui donnait de l'herbe pendant que je le regardais de biais. Je me suis toujours méfié de cet animal qui avançait et reculait sans arrêt. Il ne semblait pas savoir sur quelle patte danser celui-là.
          Et je ne vous parle pas du temps où nous passions des heures à fureter sur les chemins de la forêt de Saint Trojan, sur l'Ile d'Oléron. Des chemins de sable entre les arbres. Un jour, Maman a vu une biche. Elle était tout près, paraît il. Je dis paraît il parce que moi, je n'ai rien vu. J'avais le nez baissé, occupé à suivre des traces menues et prometteuses. Je l'entendais bien me parler tout bas :  « regarde, regarde là, devant toi. » Ben, moi j'étais occupé et j'ai loupé la propriétaire des traces que je suivais.
          Mais ce temps-là est fini. Aujourd'hui, on reste dans le quartier et même aux abords de la maison. Ce n'est pas grave, c'est bien assez car je suis fatigué. Je suis même souvent fatigué alors on joue beaucoup moins, Maman et moi. Presque plus, d'ailleurs. Mais elle me fait toujours de papouilles et des caresses. Elle me fait rire, Maman, elle me chatouille. Et elle me parle beaucoup. Mais moi je n'ai pas besoin de mots pour quelle me comprenne. Elle sait, elle observe, elle surveille.
          Elle était là dès le début. Elle a toujours été là lorsque j'ai été malade ou lorsqu'on m'a opéré. Elle ne m'a jamais abandonné. Elle a été là toutes ces années. Et j'étais là pour elle lorsque tout a basculé. Je suis resté allongé contre elle de si nombreuses nuits d'insomnie ou de cauchemars. J'étais là ces jours d'obscurité portant vers elle mes yeux de tendresse et ma sérénité. Nous avons toujours été là l'un pour l'autre.
          Et je sais qu'elle sera là lorsque ce sera l'heure. Je crois qu'elle me chantera encore la petite litanie de mots d'amour qu'elle a composée pour moi. Celle qui parle de moi et qu'elle me fredonne à l'oreille lorsque je suis mal. Celle qui me rassure et qui m'endormait même lorsque j'étais petit. Celle qu'elle me chantera encore lorsqu'il me faudra partir, au dernier instant de ma vie de chien.

          Ah, au fait... je m'appelle Hector, le labrador.

mercredi 4 mars 2015

Donner/Recevoir

Donner le ton
Prendre le temps
Voguer sur les rêves
Agir s'il le faut
Sourire sans trop
Dérouler la journée
Autant que la joie
Imaginer le meilleur
Dessiner demain
Ouvrir la fenêtre
Penser mieux
Parler peut-être
Seulement si
Jeter un oeil sur le soleil
Continuer

Vert tendre, Vert intime






Déchirures dénudées sur une végétation décoiffée
L’insaisissable d’une intimité fracturée
Banni ou rescapé
Retrouvaille en peau
Le vert ce nuance  de gifles bariolées
Sur des épidermes glacials
Inconfort d’être spectateur
Je quémande des pieds de vents sur la chair
Figé en statut de seul
Au monde