mardi 31 mai 2016

Union renouvelée

Jovial de parcimonie
En dentelle rose
Joue de teinte parsemée
Sur un lit d'ardoise
En lettre blanche
Pour qu'écrive à nouveau
Leur histoire conjuguée
Dans un avenir promis

vendredi 27 mai 2016

Qu'importe

L'être en sublime contemplation
Fixe le néant de sa fortune
Regard en lointaine divagation
Il voyage sans se mouvoir

Porte à faux d'échafaudage
Lui importe peu
Car de confiance 
Ses fondations abondent 
De coutumes et de stabilité

Qu'importe, qu'importe 
Le soleil de son astre
Qu'importe, qu'importe
Les avoirs en jachère
Qu'importe, qu'importe
Un vie prospère

Qu'importe, qu'importe
Quand en lui
Germe le gré
De son unique 
Nécessité au fruit de félicité

mardi 24 mai 2016

Brille qui peut

Frivolité dans l'écarlate de son éclat
Brille en tourniquet l'astre volubile
Rayons en boucles d'abondance
Caressent l'écho de la blancheur hivernale
En pain doré sur le visage 
Des marcheurs de saison

samedi 21 mai 2016

Sensation, partie dernière

Le temps est à la vie, l'importance qu'on lui accorde. Ainsi, Mathis, délirait dans un coma sans heure ni jour. En fait, il ne savait plus où il était ni, ni qui il était... Était-il encore vivant? La question lui brûlait les lèvres de son insignifiance, car avait-il réellement vécu? Question en surenchère, est-ce vraiment vivre que de répéter le quotidien sans le remettre en question? Comment peut-on même penser que l'on puisse définir ce qu'est la vie? Car tenter l'expérience, c'est signer l'arrêt du changement, car une définition circonscrit  un état et freine l'évolution.

Sur cet état de conscience, l'éveil de Mathis se fit tout autre. La fissure de sa chambre en avait créé une en lui. Rage en rébellion, il délia son mutisme d'antan en un écueil d'hurlements répétés. Cristallisant sa conviction nouvelle, il se releva, lentement, chancelant, mais il serait debout à présent. Refusant l'ignorance qui l'avait ceint depuis sa naissance, il continua son œuvre inachevé et frappa de tout son corps les murs-barreaux. La douleur lui était à présent étrangère tant l'appel de la liberté bouillonnait en lui. L'effort soutenu porta fruit, car ce qui le séparait du monde céda sous l'ultime coup de pied. Le mortier et la pierre que composaient sa cellule s'effrita dans un nuage de poussière. Masquant son visage pour  lui épargner le désagrément de la chute de son mur, il souffla de satisfaction.

Il patienta un temps, le temps nécessaire. Le changement s'accompagne bien souvent d'un vertige. Dilemme en ambivalence jonglant avec les doutes liés à la nécessité de ce même changement. Cette latence se transpose souvent en monologue interne jouant des pour et des contres afin de conforter l'option choisie au final. Balance entre sécurité et audace, statu quo et évolution, survivre ou vivre...

Puis, une fois le vide fait en lui, convaincu, il fonça tête première vers l'aura de lumière qui se tenait à présent devant lui. La peur l'avait quitté, tout comme lui le faisait avec ce lieu d'ailleurs. Déchirure du passé, il écrirait son futur, ironiquement, sur une page blanche. Vierge. Innocence en émerveillement il palpa de son être, le monde extérieur pour la première fois. Baptême de frisson face à cette surabondance de stimulation.

La lumière jaune du jour lui piquait les yeux. Le soleil, en brûlure soudaine le gratifia de sa chaleur généreuse. Le sol en verdure abondante lui chatouillait la pointe des pieds. Il se plaisait à écarter ses orteils afin de mieux ressentir cette sensation nouvelle et plaisante. Il ferma les yeux afin de mieux intérioriser, savourer, jouir et se repaître du moment présent. Il put vivre la douce caresse de la brise suave et enveloppante qui parcourait les quelques endroits où sa peau était exposée. Mélodie joyeuse et sereine de ce même élément se joignait au chant vagabond des oiseaux qui valsaient en plein ciel. Printemps, en âme généreuse, le parfum des lilas trouva son chemin vers l'épanouissement de ses sens enfin déliés de son enceinte.

Joie en extase de vivre, il pleura de vie. Flot incessant en ruisseau sur ses joues blanches de son passée encavé, il sentait son cœur se gonflé de bonheur bouillant. À cet instant précis, sur le seuil de sa nouvelle vie, il sut qu'à présent il pouvait mourir sans regret, parce qu'il avait goûté à l'essence du monde.


jeudi 19 mai 2016

Vainc et vain

Le feu, de ces cendres en brasier dévastateur, se délectait de son effet.
Indifférent aux échos de son passage, il rase et anéantit.
Espoir en ardente tonnelle dans le fond de sa personne, 
Le noir se revêt de son illusoire puissance...

Pourtant, dans les vestiges en berne de son passé florissant.
Nul apitoiement, nul résignation, ni désespoir.
Ces émotions nourrissent et n'appartienne qu'au passé. 
Tandis que la beauté se nourrit du maintenant et futur

Germe alors, en ce lieu abandonné
La vie à nouveau retrouvée
Illustrant, comme toujours,
Que le beau toujours vainc et n'est  jamais vain



samedi 14 mai 2016

Sensation, troisième partie

Vint alors l’inévitable, la recherche de douleur déplacée. Faire taire ce copier-coller qui jouait sans se lasser dans sa tête. Carrousel en mouvement continu, cycle ininterrompu, aller-retour vers l’origine de son point de départ. Le mal-être qui l’habitait serait alors combattu par la douleur physique. Seul avec son propre reflet, résigné, il dut se faire violence à lui-même. Ses mains se mutèrent en poings. Ses doigts de rouges teintés contrastaient avec le blanc de son visage. Puis, d’un geste franc et répété, il se frappa la poitrine pour faire taire l’angoisse qui montait graduellement en lui. Les coups timides au commencement, se firent de plus en plus forts et rythmés. La pression interne de ce mal-être ne se laissant pas abattre, il gagna en intensité.

Riant des coups qui lui étaient infligés, l’angoisse souriait de son effet. La fureur qui gagna Mathis était incontrôlable. Bien qu’il se tordait de douleur face à ces assauts répétés, l’étrange sensation qui maintenait le cap ce qui le rendait fou de rage. Le cri de son désespoir meubla la pièce en entier. Taire, tout ce qu’il veut et voulait était de faire taire cette pression qui lui opprimait l’esprit dans sa poitrine. Épuisé, vaincu, souffrant de sa propre déchirure interne, il cessa ces saccades de saccage et se retrouva inerte, mais conscient sur le sol de son antre violé.

La colère pointa son nez dans le gouffre qui avait déjà pris naissance en lui. Il en voulait à cette nouvelle venue d’avoir perturbé le statu quo de sa vie d’insignifiance. La paix intérieure en permanence instaurée s’était étiolée subitement, sans l’avertir. Il lui en voulait et la puissance de l’instinct de vengeance dicta à l’homme blanc de s’en prendre à son agresseur. Les poings rougis par les coups envers lui déplacèrent leur fougue vers le mur qui lui avait occasionné tout ce trouble. Le contact avec ces parois stériles était violent, mais inébranlable. Il sentait ses os craquer à chacun des assauts. Ses poignets encaissaient les chocs répétés, mais la volonté furibonde dictait à Mathis de poursuivre. Puis, un filet écarlate teinta la cloison tout comme les jointures du belligérant.
 
Un ange passa et tout se figea dans l’esprit du prisonnier. Contraste en éclat de couleur sur l’immaculé environnant. Mathis regardait à tour de rôle ses mains ensanglantées tout comme le mur qui en portait les stigmates. Chaud et épais, il coulait lentement au travers des plaies multiples qui couvraient ses mains. Quelques gouttes tombaient sur le sol formant des cercles aux contours mal contenu tandis qu’une ligne inégale pointait vers le bas. Étrangement, ce filet de sang se muait et mutait en une figure ressemblant à la fissure. L’origine de son malheur jouait de sa détresse en lui reflétant la fin de sa vie paisible par son double carmin.

La folie est telle qu’elle peut naître là où l’on s’en attend le moins. Le visage de Mathis se crispa en dessus de son œil droit, sa tête se cambra sur le même côté et ses mains se replièrent sur son abdomen. Puis, légers au commencement, des tremblements accablèrent le corps du malheureux avant de les rendre soutenus et épileptiques. La vue de l’accablé se feutra en diverse teinte de gris. Lavis en décalage d’œillère, le noir ne tarda pas à lui voiler la vie. Corps en perte de tonus, telle une marionnette en fils rompus, Mathis chut alors sur le pavé accompagné des éclaboussures qui l’avaient précédé.


jeudi 12 mai 2016

Déni

La passion du déni
Dans l'écho de l'évidence
Voile à demi
L'illusoire vérité
D'une réalité construite
Par l’échafaudage
De croyances vétustes
Issu de nos espoirs
En brouillon de notre enfance


 

dimanche 8 mai 2016

Sensation, deuxième partie

Instinctivement, la peur fut le premier réflexe qu’il eut, accompagné du déni. Qui ou quoi avait bien pu provoquer cet incident. Un extérieur existait donc et cette perspective le terrifia. Il était vierge dans cette terre inconnue, un néant dans l’oubli de ce qui n’existe pas, bref un être insignifiant.


Replié sur lui, il tenta par tous les moyens de ne pas porter attention à cet intrus. Pourtant, l’image s’était ancrée en lui avec une précision chirurgicale et ce fut bien son malheur. Elle, c’est ainsi qu’il la nommait d’ailleurs, avait une longueur de quinze centimètres. Elle trouvait son origine dans le coin gauche de son habitacle. Un peu en décalé avec la jonction entre le plafond et le mur. Sa trajectoire, s’il en est une, pointait vers le bas, accompagnée de multiples zébrures, six plus exactement. Tout comme l’éclair qui pointe sa foudre vers le sol. Or, cette image est vaine pour Mathis, car ce dernier n’en a jamais vu. L’ouverture est plus large à son sommet et tend à se rétrécir vers la pointe inférieure. Déjà, il l’a détestait, ne serait-ce que parce qu’elle était.


Pour l’ignorer, et feindre sa présence, il devait user de stratégie, mais comment faire dans un lieu qui ne permet nul divertissement ni menace? Ainsi, lui tourner le dos fut la première méthode utilisée par cet être qui ressentait pour la première fois de sa vie des émotions. Chambardement dans la mer paisible de son antre calfeutré, il peinait à comprendre la vie qui prenait place en lui. Son cœur battait plus fort qu’à son habitude, il en ressentait les pulsations battre jusque dans ses tempes. Que dire du bruit que cela occasionnait dans sa tête. Un vacarme en chaos. La tension dans ses muscles augmentait à chaque battement.  


La température de son corps augmentait en son centre, tandis que ses extrémités perdaient lentement de leur chaleur. Il grelottait à cet effet et ses dents virent à l’accompagner de leurs grincements. Quelques perles de sueur s’égouttaient de son front vers la courbe de son cou avant de glisser dans son dos. Ils pouvaient les compter tant la panique lui dictait de tout enregistrer. Trente-deux pour le moment et leur nombre s’amplifiait plus il orientait son attention vers celles-ci. Tandis que sa peau se hérissait des frissons qui parcouraient son dos. Sa peau se couvrait d’ailleurs de millier de petites bosses, communément appelé chair de poule. Inconfort dans le malaise qui ternit le blanc de ses journées. Il maudissait en silence cette indésirable. Sa sécurité apparente était vaine quand l’extérieur peut à tout moment vernir s’immiscer dans l’antre de sa cloison.  


Que dire de ses jambes qui semblaient vouloir se soustraire à sa volonté? Elles devenaient molles et la nécessité de s’assoir s’imposa. La faiblesse prenait naissance de ses chevilles et gagnait vers le pivot de ses genoux. Impuissant et invalide de par sa panique, il chut alors sur son lit et le malheur voulut qu’en agissant de la sorte, la fissure s’affichât à lui de nouveau. Face à face avec l’indésirable, mais l’inévitable.



La nouveauté impromptue à cet effet de vouloir s’y soustraire à tout prix. Or, de par cette vision répétée, cet objet, qui n’est en fait qu’un état, vint à l’obséder. L’image déjà inscrite dans sa mémoire, s’ancra dans le cortex de sa mémoire telle l’encre indélébile que l’on déverse sur une surface immaculée. De par ce fait, elle devint obsession. Vision en boucle dans cette chasse contre elle-même. La tristesse de la situation veut que ce pauvre Mathis n’ait pas de richesse d’image pour lui seconder. Il ne connaît que cet endroit vierge de stimuli, tout comme lui-même d’ailleurs. Les représentations mentales ne suffisaient pas à la tâche, il se devait de res/sentir autre chose, déplacer le fruit de sa dépendance.

vendredi 6 mai 2016

Le silence s'invente musicien
D'un horizon en pleure


L'instant
Muet
Accompagne le regard


L'épreuve s'épuise
L'épave s'éffiloche


Une traversée s'harmonise
Dans un canoë en rémission

mercredi 4 mai 2016

Sensation, partie première

Le mur est un silence. Il en placarde les sens, le cloître et l’asphyxie de par sa nature à le couper de l’extérieur. Opaque, il ne peut par définition être seul. Il est pour entourer, accompagner, joint du haut comme du bas. Bref, pour couper l’être emmuré de ce qui l’entoure, l’isoler. 
D’où l’expression « emmuré dans son silence ».




Mathis ne connaissait rien d’autre que ceci : le blanc. Vérité détenue en contact avec son environnement. Blanc, immaculé, vierge, absence de couleur. D’ailleurs, le concept de couleur lui était inconnu. Blanc. Seul au milieu de soi-même, il n’était qu’une personne au creux de sa cellule, blanche. Il en avait toujours été ainsi, les souvenirs de son arrivée dans ce lieu sont absents. Une coquille vide.

Les murs, tout comme lui, étaient blancs. Un blanc mat, qui ne reflète que l’ombre de celui y fait face, sans éclat. Les parois de son univers étaient lisses et sans bavure. De bois ils étaient. La peinture avait été soigneusement appliquée à l’exception du coin qui surplombe son lit. Son lit, l’unique mobilier qui composait son environnement, couvert de draps blancs.  Doux et soyeux. Un coton rassurant qui se froisse peu malgré les nombreux mouvements de sa nuit.

Mathis était un être sans pilosité aucune, nulle pousse capillaire également. Les vêtements dont il s’habillait étaient d’une blancheur familière. Les mêmes, jour après jour. Il en connaissait toutes les coutures, la texture, l’odeur, l’imperfection sous la seconde boutonnière.

Un savoir se crée à partir de ce que l’on côtoie, confrontation entre ce qui est et l’inconnu qui l’entoure. Ainsi Mathis n’était qu’une page blanche. L’isolement crée l’énucléé. Nul miroir pour lui refléter son image, il n’était que ce qu’il palpait, car l’image se crée de ce qui se construit mentalement. Était-il vraiment?

L’alimentation qui le nourrit se réduit à des comprimés monochromes sans saveur, il la trouvait toujours au pied de son lit sur un plateau de couleur assorti au décor. Il ne savait pas qui la lui apportait, mais il ne s’en souciait guère. Il en avait toujours été ainsi, du plus loin qu’il se souvienne. Comment peut-on désirer quand tout nous est inconnu? La clé du bonheur serait-elle l’ignorance?

Dire qu’il était malheureux serait un aphorisme, car comment pourrait-il l’être s’il ne peut se comparer avec autrui et ce qu’il n’a pas, ne connaît pas. Donc, il est sans aucun désir, conviction, ni déception. Sécurité dans l’apparence d’un vase clos, d’une tour d’ivoire ou encore d’une prison…

Ainsi, le temps s’écoulait vers le bas de sa coupe sans heurt ni souci. Le temps n’est qu’une unité de mesure inventée par ceux qui veulent le contrôler. Le jalon du temps ne fabrique que l’histoire et pour Mathis, il ne lui est d’aucune utilité, car il n’en a pas. Le métronome de son quotidien consistait à établir l’ordre de l’inertie. Tourner en cage, sans savoir qu’il est ses propres barreaux, consiste à se complaire de son état/situation.


Or un jour parmi les autres, écho dans l’inaudible de son habitacle séculier, une brèche apparût. Insignifiante, petite, mais l’accro dans la déco, car elle laissait poindre un éclat de lumière diffuse. Une fissure. Comment diable était-ce possible? Rien ne pouvait survenir dans ce lieu stérile, car rien ne devait perturber l’équilibre de néant. Non, rien…