mardi 18 juin 2013

Délire d'un éveil

Dans le néant de mon tournant, virage en déclin d’une vie de tourments, je croise le fer dans l’ombre de mon être et lance mon avenir dans les décombres éconduits. Vision attristée par le chemin parcouru, tension perçue par le travail à venir. Chemin en mi-parcours je contemple le point de fuite que je suis.

Tristesse en langueur déposée sur le lit de mon trépas, je frôle sans égard aux dangers la mince lisière de mon gouffre. Tresses en abondance d’une décadence omniprésente, je subis ma suite. Désert dans le miroir qui me contemple, je fais face à mon absence de reflet. Terre sans frontière, visage sans âme, fresque désolée de celui qui n’a jamais parlé.

Dans le revers de ma conscience, un dialogue de sourd se mute en monologue de réprimandes. Listes sans fin de déceptions en ajouts perpétuels, je m’éternise dans le dégoût qui m’habite. Telle la nausée qui vagabonde dans les aléas de mon quotidien, je me prélasse dans la lande sans rive.

Dérive en nuage de sens, je flotte dans l’immuable de mon univers en quête d’un contrefort aux récifs accueillants. Plume de paon en granit de perte de repère, je traverse la voie qui me survole tendrement.

Visite en apnée d’un moi profond sans fondement, je trie sur les cendres de mes ruines, les assises de mes croyances. De pelle en pelle sur la fournaise de mon chantier qui se consume, je vois le noir qui m’habite depuis trop longtemps.

Dans le souffle gris de mon antre se dresse la silhouette de ma personne, volante, tourbillonnante autour de ma dépouille encore sifflante, seuil en sursis. Impuissant devant moi-même, je m’observe tel une proie endeuillée d’espoir. Mains tendues à ma rencontre, les forces ne me soutiennent pas assez pour oser y croire encore.

Chaude de sa braise noircie, l’ombre cendrée se penche à ma rencontre, forçant un contact en veilleuse. Mes yeux bruns rencontrent le noir de son regard. Effrayé par cette vision, je ne puis me détourner de son emprise. Sourire sans sourire me fixe de satisfaction en constatant ma faiblesse grandissante. Décompte en décombre, l’énergie peinant à me suffire, me survivre se voit aspirée par cet être de poussière aux reflets de graffites.

Je n’aurai été qu’un gouffre à emplir, déversoir d’une vie sous le mépris des yeux d’une société en quête de souffre douleur. Terreur en gain de cause, je vacille dans mes derniers instants. Onctions de l’extrême départ, résulte la fin de mon délire ainsi que mon retour sur la terre des vivants.

Parallèle sans ligne, je regagne ma vie sur la corde raide qui me départie de ma folie. Étourdi par l’écart de ma réalité et celle de mon noir sommeil, je rêve dans l’éveil d’une conscience à revivre.

Brise d’un automne en guise de printemps, l’ombre céleste de ma renaissance distribue à ma vie à souhait. Germes d’un espoir dans les bourgeons pointés. Onde de choc sur le voile de mon jour déjoué, je brille sous le soleil auréolé d’une chance nouvelle, cueillette dans le panier des opportunités, enfin je me souris.


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