jeudi 13 octobre 2016

Un matin comme les autres (fin... et rien d'autre...)

Des lettres en guise de mots. Clara ne faisait pas qu'entendre le discours de l'autre... elle pouvait clairement les lire devant ses yeux. Comme si l'ombre qui la tenait prisonnière voulait qu'elle se les imprègne dans son esprit. Afin qu'ils s'inscrivent en elle comme une seconde peau, qu'elle devienne ce qu'elle allait lire et l'idée lui déplut autant qu'elle la répugnait... Mais lutter était inutile, prisonnière de son état résignée… elle ne pouvait que subir.

Comme si l’ombre savait qu’elle avait gagné, elle prit le temps de bien fondre son message dans l’antre de sa conscience déjà fragilisée. Après un long silence et un souffle sulfureux, l’ombre lui vomit cette phrase telle une épitaphe future.

« Futile, la futilité est la source qui abreuve tant de fleuves et d'océans. La finalité de la vie n'est autre que la mort et la mort ne se vit que dans la solitude. D'ailleurs... la solitude est éternelle, car elle porte en son sein tant d'ineptie. Elle est la fausse croyance populaire qui tend à vendre le concept de la communauté et de la solidarité. Mais au final... rien. Car dans l'illusion de la complicité, ne peut surgir que la déception. Quoi de plus cruel de voir et de comprendre que l'être humain n'est qu'insatisfaction, car il envie ce qu'il ne possède pas. Donc, il en va de même pour les relations, ce qui ne peut que faire ressentir la solitude en son quintuple. La solitude n'est autre que de ne pas apprécier les êtres qui sont proches et donner de l'importance à ceux qui nous sont inaccessibles.

Toujours vouloir plus ou mieux, c'est voler sur la fragilité de nos ailes inaptes à naviguer sur des airs qui nous sont interdites. Donc, une autre illusion qui use à nous porter vers un lieu où la déception y érige des récifs en guise d’accueil. 

Le monde s'abreuve de rêves, et la raison en est fort simple... Le monde réel est cruel et ne permet que trop peu d'émancipation sur ce dernier. La descente aux enfers, toujours au pluriel de par sa définition, ne fait que s'accentuer au fil de l'étiolement d'espoirs vains... 

Bref, la terre n'est qu'une transition qui ne sert qu'à briser les os de ceux qui la composent... Et pourquoi... assurer sa survie et rien d'autre. Nourrir l'équilibre de cette entité qui n'a cure de ceux qui la parcourent. L'histoire l'a mainte fois démontré... Tous meurent et l'extinction est un processus naturel...

Alors... à moi de te poser la question qui te brûle les lèvres... pourquoi toi??? » 


Dans un silence qui ne peut qu'être après ce monologue funeste... Clara revint à elle... Le temps n'avait pas bougé d'un iota et pourquoi elle était déjà épuisée... Son reflet dans la glace lui donna froid dans le dos... Grise, elle était grise. Aucune parcelle de lumière ne la parcourait à présent et toutes les croyances, jadis chères pour elle,  se révélaient... futiles... Exactement comme elle se l'était fait clairement expliquer par l'ombre d'elle-même... 

2 commentaires:

  1. Une fin plus que surprenante... Et en même temps... On devait s'y attendre. J'aime beaucoup LA "phrase" ou devrais-je dire le monologue. Clara... c'est un peu toi, moi, eux... Derrière le miroir. Clara c'est "l'Homme" de notre société actuelle, l'homme avec ses éternels doutes. J'aime beaucoup cette fin... Et pis rien d'autre (clin d'oeil).

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    1. Une phrase longue en effet! Il faut dire que j'avais de l'inspiration pour cet ultime message! Merci Gente Dame et moi aussi, je n'ajouterai rien d'autre ;)

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