Cimes en fourche érigée, l'automne pointait en gris sur les arbres
décharnés. Le vent, en gyrophare d'Éole, faisait chanter ses branches réduites
à leur nudité. Déjà le jadis des couleurs fauves de leur octobre écoulé,
jonchaient le sol en proie de brunir en nutriment fourragère. La neige en
peine de tomber retenait en son sein ses cristaux aux mille éclats.
Écureuils, en
sauterelles des arbres, ondulaient, chargés de leur butin voué à l’oubli, mais
que leur importe... l’intention était noble. Tandis qu’en « V » les
oies de leur passage quittent les lieux. Parsemant de leur vol un son criard
jouant à l’unisson.
Quelques
êtres, courageux en parka, ratissaient les dernières feuilles récalcitrantes
qui cuivraient les plates-bandes éteintes.
La lune, en
bandoulière de nuages, chevauchait le jour en proie à l’extinction. Son éclat
jurait de par l’immaculée de sa lueur sur le noir qui gagnait l’horizon.
Sur le
trottoir, les pas se faisaient rares, voire inexistants. La vie se
recroquevillait vers son hiver de cocon, de coton. La ville était donc en berne
et en liesse de pouvoir respirer à nouveau. Le vide de l’homme libère l’espace
des lieux inoccupés. Retour à la normale, à l’origine et à son déclin. Seuls
quelques néons clignotaient en appel d’offres pour attirer les rares passants
inoculés dans l’air du temps mort.
Puis, dans le
détour d’un coin de passage, un tourbillon de vent enveloppait les déchets
abandonnés. Vulgaires papiers de gomme et moult feuillets publicitaires encore
humides de la dernière pluie. Dans leur élan, ils se calèrent aux vitrines les
ayant imprimés au préalable en guise de retour à l’expéditeur. Comme quoi, à
vouloir cracher contre vent et contre tous, on s’éclabousse de soi-même.
Et, dans le
tic-tac de son horloge édentée, le gong de la page à tourner se fit entendre,
annonçant, soulagé en soulagement étouffé, que le jour présent était maintenant
chose du passé, chose dépassée.
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