vendredi 26 juillet 2013

Ménétrier, mon amour.

Le cœur qu'il avait dessiné sur un grand papier de soie ne lui semblait pas assez beau, ni assez gros pour sa bien-aimée. Ce cœur devait être parfait pour sa belle, mais à bien observer, il avait un côté plus rond, plus large et une pointe courbée... ce qui laissait présager un déséquilibre, à tout le moins un inconfort dans l'amour à venir, ce pur amour qu'Antoine portait à Isabelle. 

Il ne pouvait lui offrir cette esquisse, ce brouillon, c'était impensable!
Antoine avait pourtant pratiqué son coup de crayon des centaines et des centaines de fois, il avait tracé et retracé les courbes de son cœur pour sa douce. Il espérait des lignes parfaites. Triste et déçu, comment pouvait-il signifier à celle qu'il aimait, son élan, son affection, sa tendresse. Antoine était timide, vous l'ai-je mentionné?
Le poids de ses pensées le retenait immobile et un sentiment trouble s'installa peu à peu dans son cœur à lui, le faisant douter de ses habiletés de communication.
Et pourtant, son désir de lui plaire prenait de plus en plus de place. Antoine cogitait.

À la tombée du jour, notre homme se leva d'un bond, bien décidé à chasser la morosité tenace. Une pensée pour sa jolie plaça dans ses pupilles tout le brillant de l'espoir. La force et le courage battaient à nouveau dans sa poitrine. Les mains d'Antoine sauraient, ses doigts pourraient délier habilement tout l'amour qu'il portait en lui, il avait trouvé la façon, sa manière à lui. Comment avait-il pu oublier cette mélodie?

Isabelle écouta avec tendresse les notes justes et cristallines du ménétrier.
Aucune musique ne lui sembla plus douce que celle jouée ce soir-là par cet homme
discret, cet amoureux au cœur tendre. Le sourire d'Antoine et sa mélodie avaient fait chavirer les sentiments d'Isabelle. Le gaillard avait su communiquer ce que son cœur sur la soie n'osait dessiner.

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