J'ai placé mes yeux dans les tiens pour voir ce que tu vois.
Près de ta bouche, j'ai approché mon oreille pour entendre un secret.
J'ai touché ton front, ton nez, ta chevelure de grès, enlevé les fils d'araignée
qui recouvrent ton visage. Immobile, comme un robot sans piles, tu demeures impassible, et moi, l'enfant curieuse, j'invente l'histoire, un message que je fredonne.
Le temps s'arrête ou bien s'étire, je ne sais pas...
Seule devant toi, les deux pieds dans la fin de l'été trop bref, je fige dans mes six ans, je prends ta place, je suis toi le masque, je tiens le coup pendant une longue minute, le souffle court, à peine perceptible. C'est trop difficile d'être un masque. Puis, le temps me fait "tic tac", je te lance un sort avec ma baguette magique invisible, tellement brillante, je te toise, t'ordonne de prendre vie, oh seulement pour quelques heures... nous partirons dans les champs, je te ferai visiter la côte, la plaine, je te ferai boire à la rivière, tu délieras tes cheveux, tu riras, peut-être me parleras-tu, puis je te ramènerai, là, à ta place, et les araignées retisseront les toiles, et tu regarderas encore devant toi, tu m'attendras, tu espéreras que je revienne demain.
Et le temps s'arrête ou bien s'étire, je ne sais pas...
Hélène Gonthier - Tous droits réservés - Octobre 2013
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