vendredi 11 octobre 2013

Le pain et le fardeau.



Ses mouvements étaient harmonieux,
chacun de ses gestes recevait une attention particulière.
J'aimais le regarder boutonner sa chemise le matin,
se verser lentement une grande coulée de café fumant,
s'asseoir à la table et nous verser l'appétissant jus de pomme.
Il faisait tout avec une tranquille application.
Je devinais son plaisir à trancher minutieusement le pain
qu'il disposait ensuite au centre de la table
pour la joie de nos petites bouches gourmandes!
Maman nous rejoignait à la cuisine; elle avait une tasse
qu'elle affectionnait et papa la choisissait pour elle, lui versait
affectueusement son café tous les matins.

Dans nos cœurs d'enfants sans soucis, le bonheur avait un
goût délicieux ces matins-là. Nous partions pour l'école avec un sac
à dos de nonchalance, une poignée de raisins secs dans les poches,
et l'assurance d'être aimés et protégés par des êtres exceptionnels.

Cependant de nombreux nuages vagabondaient au-dessus de nos têtes heureuses,
concoctant à notre insu des averses insoupçonnées, lesquelles allaient recouvrir
entièrement le paysage, nous plongeant dans un désarroi inexplicable. L'insouciance enfantine allait se dissoudre rapidement, éparpillant un fardeau de grisaille sur les souvenirs heureux, nous laissant sans voix, sans recours, sans issus.

Nous avons cheminé depuis, nous avons su adoucir nos regards intérieurs en lien avec certains épisodes que l'on peut qualifier de "particuliers" et orienter nos vouloirs vers de meilleurs scénarios. Nous avons surtout appris le sens des mots "pardon" et développé nos affinités en regard de la compassion.

Hélène Gonthier - Tous droits réservés - Octobre 2013

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