Il me fallait d'abord mouiller la pièce de soie à la grandeur,
une soie bien tendue sur les quatre côtés du cadre métallique.
Le motif qui s'est imposé à moi semblait être floral,
des teintes chaudes se présentaient, me remémorant
l'été merveilleux que j'avais peine à quitter.
La gutta tracée minutieusement aux contours des feuilles
et des fleurs me parut un bon début. Celle-ci devait sécher complètement
avant d'étendre les couleurs que je m'amusais à choisir pour mon tableau.
Un gros pinceau de petit gris, ce précieux poil d'écureuil, placé entre
mes doigts et trempé dans le jaune cadmium me révéla un fond de toile
tout ensoleillé. Le pigment se mariait à la soie imbibée d'eau par les
mouvement délicats que j'exécutais avec précision. Je juxtaposai une
pointe d'orangé ici et là, différentes teintes de vert à l'intérieur du feuillage et conservai le violet pour les pétales de fleurs. Il y avait un jeu d'ombres et de
lumière intéressant. Aussi, je poursuivis l'expérience en jetant de fines gouttelettes d'une couleur prune sur le haut de la toile et des
grains de sel au centre des fleurs pour un effet surprise. À l'instant même,
les pigments se mirent à réagir et tracèrent des sillons imprévus.
Je me penchai pour les observer et sus à cet instant que j'aimerais
perfectionner cet art millénaire.
Le séchoir à main projeta la chaleur nécessaire afin d'accélérer le séchage de la pièce. Des fleurs généreuses aux cœurs épanouis se révélèrent dans toute leur beauté fragile.
Je devais fixer le travail en libérant la pièce de soie de son cadre pour l'étendre et la repasser à basse température.
Placé devant la fenêtre, le carré de soie obtenait sa note de passage
et je fus remplie d'une joie enfantine.
Et le travail soyeux était aussi joli à l'endroit qu'à l'envers!
Hélène Gonthier. Tous droits réservés. Octobre 2013.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire