vendredi 27 mars 2015

LA VIEILLE SUR UN BANC


Toute seule sur son banc avec ses fêlures
elle a atteint son point de rupture
Elle sait plus trop bien son futur
alors elle reste là à compter ses brisures

Dans sa tête, ça se bouscule tous ces murmures
qui lui serinent sans cesse ses mésaventures
alors elle reste assise avec ses déchirures
perdue dans le dédale de ses meurtrissures

Parfois, elle invective un passant
ça dépend des jours, ça dépend du vent
elle parle toute seule pour la joie des enfants
elle sait plus conjuguer sa vie au présent

Elle fait un peu peur à ces bonnes gens
qui la croisent là, toute seule sur son banc
Son esprit n'a pas supporté les ouragans
qui se sont abattus sur ses ans

Elle vient là tous les matins
avec son sac rempli de chagrins
et ses yeux qui se sont éteints
elle a perdu de sa vie, le chemin

Elle sera là encore demain
sous l'oeil amusé de tous les gamins
qui jouent au foot sur le terrain
et personne ne viendra lui tendre la main


Christine MILLOT-CONTE


5 commentaires:

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  3. Tristesse et solitude de la vieillesse sont bien rendues dans ces mots ainsi que la frayeur ou la moquerie que cela inspire aux passants. Frayeur et crainte de se retrouver loger à la même enseigne et moquerie de l'incompréhension.
    Tu parles de son passé et de ses blessures mais elle a sûrement vécu de belles histoires aussi. Tu aurais pu leur ménager une petite place et ainsi ajouter un rayon de lumière.
    Un beau texte, bien rythmé comme le souligne Robert et on en peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour cette vieille car tu la rend très humaine. Bravo

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  4. L'âge vénérable n'a plus le respect qu'il se devrait d'avoir, voir le mépris pour ceux et celles qui ont tant vécu et qui maintenant se retrouvent muselés. Triste en effet...

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