dimanche 19 janvier 2014

Sous l'ombre des grands pins, se cachent des mots.

Une petite neige tombait ce matin. 
En plumes déchiquetées, elle déposait sur le sol déjà épais,
la couche supplémentaire que j'espérais pour partir à raquettes.
Je me suis sauvée à travers bois dans un bonheur
signé silence, un bonheur cru que je reconnus sur les conifères 
chargés de ciel.

Avec les arbres comme seuls témoins, j'ai conversé à moi-même. 
Je peinais. Un oiseau rare a laissé tomber ses notes dans mon oreille ravie. 
Le silence à nouveau bienvenu. 
Des mots chauds enrobés d'émotion puissante, pesante, 
se bousculaient dans ma gorge, cherchant l'issue de secours.

Il me fallait te parler.

En observant les grands monuments presque immobiles dans
leur tenue parfaite, je pensais aux variations des saisons se déroulant 
au-dessus de leurs cimes, les dénudant, les frigorifiant 
pour ensuite revêtir les bienheureux feuillus, les réchauffant. 

Je songeai à nos tempêtes d'hommes et de femmes, 
à nos saisons déstabilisantes, pour ne pas dire mortes.
Tous les mots me fuyaient à nouveau.

Des images de courage, de force et de confiance se dessinaient entre
les branches. 
Peut-être s'agissait-il d'une complicité avec les éléments?
Je m'interrogeais ici sur ma propre force. 
Où était-elle en ce moment?

Je désirais te parler.
Ma pensée culbutait. 
J'étais la feuille au vent, bénissant le silence.

Les grands maîtres devant moi, ceux qui perpétuellement 
étendent des bras frileux vers le soleil, enfoncent des racines curieuses 
et affamées dans l'humus nourrissant, livrent un secret éternel. 

Je les vois pousser, grandir, puis se rompre, retourner à la terre,
pourrir, devenir des abris pour les bêtes et des espaces mycologiques. 
Les cônes roulent sur le sol, remplis de graines, 
les écureuils tapissent leurs panses et garnissent des cachettes à trous
de mémoire. 
L'éternelle roue de la vie, de la mort, de la vie encore.
  
Des semences s'échappent, germent dans le sol humide et mou. 
L'espoir veille aux grains.  
Les pluies ravissent les nuits gourmandes. 
Des beautés naissent, émergent à nouveau.

Sous l'ombre des grands pins, se cachent des mots.

Hélène Gonthier
Tous droits réservés
Janvier 2014



  









2 commentaires:

  1. Amante dans la nature qui t'inspire, les mots naissent sous ta plume délicate aux mille tendresses. Le cycle est cycle en effet, et la roue qui tourne ne fait que nous rappeler que le temps passe et que le temps presse d'en profiter! Merci chère Dame Hélène!

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