mercredi 6 avril 2016

Wi-Fi, partie seconde

Rêve en satire sur un fond de vérité crue, la petite Flavie se retrouva sur un sol bien pauvre. Choc dans le sursis de sa compréhension, elle était confuse… Éthérée et atterrée par le décor qui lui servait de porte d’entrée onirique, elle prit le temps de bien observer son environnement diffusé en image par son subconscient. Tout autour d’elle, une terre rouge et sèche était balayée par des vents forts. Seule la poussière volait et occupait l’espace. Elle prit le pouls de sa descente dans cet univers étrange et tenta par tous les moyens de retrouver son sang-froid. Balayant du regard l’étendue de sa prison sans barreau, elle risqua quelques pas, cherchant âme qui vive dans ce désert de cendre.

Inconfort dans l’angoisse la nourrissant, elle peinait à choisir une direction, encore moins une destination. Comment s’orienter quand tout est copie-conforme autour de nous? Détail dans l’absurde de sa réflexion, comment peut-on avoir peur de se perdre quand on l’est déjà? Seul le point de départ importe à ce moment précis de la déroute.

Rien de distinctif auquel se fier… Le néant de l’absence de repère força la demoiselle en peine de prendre une décision avec ce qu’elle n’avait plus utilisé depuis une éternité… son instinct. Constat dans l’évidence de sa méconnaissance d’elle-même, elle maudissait sa main de ne pas avoir googler le chemin à prendre. Confuse, elle marcha pendant bien dunes à la recherche d’un signe de vie, d’un ancrage à son désarroi. Hélas… trois fois hélas…

L’air sec lui volait l’aisance de sa respiration. Étrange sensation qu’éprouver ce malaise dans le monde onirique. Sa progression était lente et pénible, ses pas glissaient dans le sol friable de ces dunes sans fin. Elle aurait été tentée de faire le parallèle avec son nouvel habitat et la planète rouge. Seul détail anodin qui les différenciait , l’air y était présent.

Solitaire par dépit, elle redoubla d’allure dans sa quête. Sa tête tourbillonnait à cent à l’heure tant son esprit était disponible. Étrange d’avoir cette voix en monologue interne et de ne jamais l’écouter… Cette sensation d’être envahie par son propre soi souleva en elle bien des questions. Force était d’admettre qu’elle ne se connaissait plus et que le fait de s’écouter à nouveau l’angoissait au plus haut point. Qui suis-je si je ne suis plus visible aux yeux des autres? Comment puis-je savoir si ce que je suis est tendance ou aimé des autres? Comment être sans, comment peut-on être sans… Cette dernière question demeura en suspens et redoubla le niveau d’anxiété en elle. Un étau qui passait par là lui noua la gorge à ses dépens.

Elle devait désormais apprendre à être autonome et penser par elle-même. Quelle galère! Cette situation était réellement désarmante face à un monde qui ne pense plus, mais qui demande à la toile de le faire pour lui, pour elle… Ignare, tel est le statut de celui qui ne demande plus de savoir, mais demande seulement, sans conviction d’intégrer ces notions… Dictionnaire vierge et amnésique.

Inondée de questions, d’incertitudes, elle se permit une pause au milieu de nulle part et partout à la fois. Elle s’allongea alors sur le sol bouillant et se mit en mode réflexion. Elle devait, pour s’en sortir, mettre un terme à sa paresse intellectuelle et faire fonctionner ce qui lui restait de neurones encore actifs, et fournir ce qui était hors de commun pour elle et ses semblables, soit un effort… Le défi était de taille et d’entaille dans cette boîte crânienne qui ne servait plus qu’à consommer des donnés sans même les remettre en cause, en question.

De par cette action, elle se mit à penser à l’orientation et la course du soleil dans le ciel. Ainsi, elle pourrait fixer les points cardinaux et suivre la même voie sans en dévier. Émerveillée par cette idée et surpris de voir  qu'elle pouvait influer sur la situation,  elle regagna en confiance et se dit qu’elle allait peut-être s’en sortir et voir la fin de son cauchemar, s’il en est un. Cheminant à présent vers l’est, elle se mit à observer son environnement avec plus d’attention. Au départ, tout était semblable, du pareil au même. Mais plus elle poussait l’inspection, plus elle pouvait remarquer des variations dans le type de sol, la couleur de celui-ci ainsi que sa composition. Fière de ses nouvelles facultés mises au rancart, elle continua à observer tout autour d’elle à la recherche de signes distinctifs. Elle nota que le vent soufflait vers l’ouest et qu’il était plus chaud qu’à son arrivée. Que dire de l’orientation des dunes, elles pointaient vers la même direction, étrangement, elles semblaient afficher une direction, une route à prendre. Détail précieux qu’elle gardait en guise de bouée de sauvetage.

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