samedi 3 décembre 2011

Maman, je ne suis pas prête.

T'accompagner le cœur ouvert, toi maman..
Du coin de l'oreille, j'entends ton souffle court et bruyant.
Je marche lentement avec toi, te tenant par le bras,
nous nous arrêtons souvent pour te permettre de reprendre ton souffle.

Lorsque tu es chez toi, tu me sembles encore alerte pourtant...
Dans un autre environnement, tes pas se font lourds et rapprochés.  Tu fatigues.
Je ralentis le pas pour toi.
Tu verbalises beaucoup plus qu'avant comme si le temps te pressait de dire.
J'écoute surtout.
Ta vie est pleine à ras bord.  Elle s'égrène.
Je ne suis pas prête.

Je me dis que le temps est un affreux voleur
car en traversant ta vie, il a pris ta jeunesse, ton énergie, ta mémoire, tes rêves.

Tout près de l'étang, nous avons croisé des enfants à plusieurs reprises et chaque fois,
tu as souri, tu m'as dit de les observer.... Je n'ai pas compris ton insistance.
C'est en me remémorant notre escapade, là maintenant, que je saisis le lien vivant.
Toute la beauté de l'enfance, la fraîcheur des rires d'enfants, le déploiement de l'insouciance,
ce bonheur gratuit, facile, cette préface à la vie plus sérieuse, plus imposante,
celle qui gruge, qui use, qui nous endeuille aussi.

Je garde vivant ce que nous avons partagé de plus haut ensemble.
Lorsque je revisite l'étang, je te devine là, en contemplation devant les enfants rieurs.
 
A l'horizon, il me semble deviner
le grand bateau de croisière qui approche lentement.





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