Le temps est à la vie, l'importance qu'on lui accorde.
Ainsi, Mathis, délirait dans un coma sans heure ni jour. En fait, il ne savait
plus où il était ni, ni qui il était... Était-il encore vivant? La question lui
brûlait les lèvres de son insignifiance, car avait-il réellement vécu? Question
en surenchère, est-ce vraiment vivre que de répéter le quotidien sans le
remettre en question? Comment peut-on même penser que l'on puisse définir ce
qu'est la vie? Car tenter l'expérience, c'est signer l'arrêt du changement, car
une définition circonscrit un état et
freine l'évolution.
Sur cet état de conscience, l'éveil de Mathis se fit tout
autre. La fissure de sa chambre en avait créé une en lui. Rage en rébellion, il
délia son mutisme d'antan en un écueil d'hurlements
répétés. Cristallisant sa conviction nouvelle, il se releva, lentement,
chancelant, mais il serait debout à présent. Refusant l'ignorance qui l'avait
ceint depuis sa naissance, il continua son œuvre inachevé et frappa de tout son
corps les murs-barreaux. La douleur lui était à présent étrangère tant l'appel
de la liberté bouillonnait en lui. L'effort soutenu porta fruit, car ce qui le
séparait du monde céda sous l'ultime coup de pied. Le mortier et la pierre que
composaient sa cellule s'effrita dans un nuage de poussière. Masquant son
visage pour lui épargner le désagrément
de la chute de son mur, il souffla de satisfaction.
Il patienta un temps, le temps nécessaire. Le changement
s'accompagne bien souvent d'un vertige. Dilemme en ambivalence jonglant avec
les doutes liés à la nécessité de ce même changement. Cette latence se
transpose souvent en monologue interne jouant des pour et des contres afin de
conforter l'option choisie au final. Balance entre sécurité et audace, statu
quo et évolution, survivre ou vivre...
Puis, une fois le vide fait en lui, convaincu, il fonça tête
première vers l'aura de lumière qui se tenait à présent devant lui. La peur
l'avait quitté, tout comme lui le faisait avec ce lieu d'ailleurs. Déchirure du
passé, il écrirait son futur, ironiquement, sur une page blanche. Vierge.
Innocence en émerveillement il palpa de son être, le monde extérieur pour la
première fois. Baptême de frisson face à cette surabondance de stimulation.
La lumière jaune du jour lui piquait les yeux. Le soleil, en
brûlure soudaine le gratifia de sa chaleur généreuse. Le sol en verdure
abondante lui chatouillait la pointe des pieds. Il se plaisait à écarter ses
orteils afin de mieux ressentir cette sensation nouvelle et plaisante. Il ferma
les yeux afin de mieux intérioriser, savourer, jouir et se repaître du moment
présent. Il put vivre la douce caresse de la brise suave et enveloppante qui
parcourait les quelques endroits où sa peau était exposée. Mélodie joyeuse et
sereine de ce même élément se joignait au chant vagabond des oiseaux qui
valsaient en plein ciel. Printemps, en âme généreuse, le parfum des lilas
trouva son chemin vers l'épanouissement de ses sens enfin déliés de son
enceinte.
Joie en extase de vivre, il pleura de vie. Flot incessant en
ruisseau sur ses joues blanches de son passée encavé, il sentait son cœur se
gonflé de bonheur bouillant. À cet instant précis, sur le seuil de sa nouvelle
vie, il sut qu'à présent il pouvait mourir sans regret, parce qu'il avait goûté
à l'essence du monde.
Vraiment, j'adore!
RépondreSupprimerMerci et heureux de savoir que ça t'a plu!
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