samedi 14 mai 2016

Sensation, troisième partie

Vint alors l’inévitable, la recherche de douleur déplacée. Faire taire ce copier-coller qui jouait sans se lasser dans sa tête. Carrousel en mouvement continu, cycle ininterrompu, aller-retour vers l’origine de son point de départ. Le mal-être qui l’habitait serait alors combattu par la douleur physique. Seul avec son propre reflet, résigné, il dut se faire violence à lui-même. Ses mains se mutèrent en poings. Ses doigts de rouges teintés contrastaient avec le blanc de son visage. Puis, d’un geste franc et répété, il se frappa la poitrine pour faire taire l’angoisse qui montait graduellement en lui. Les coups timides au commencement, se firent de plus en plus forts et rythmés. La pression interne de ce mal-être ne se laissant pas abattre, il gagna en intensité.

Riant des coups qui lui étaient infligés, l’angoisse souriait de son effet. La fureur qui gagna Mathis était incontrôlable. Bien qu’il se tordait de douleur face à ces assauts répétés, l’étrange sensation qui maintenait le cap ce qui le rendait fou de rage. Le cri de son désespoir meubla la pièce en entier. Taire, tout ce qu’il veut et voulait était de faire taire cette pression qui lui opprimait l’esprit dans sa poitrine. Épuisé, vaincu, souffrant de sa propre déchirure interne, il cessa ces saccades de saccage et se retrouva inerte, mais conscient sur le sol de son antre violé.

La colère pointa son nez dans le gouffre qui avait déjà pris naissance en lui. Il en voulait à cette nouvelle venue d’avoir perturbé le statu quo de sa vie d’insignifiance. La paix intérieure en permanence instaurée s’était étiolée subitement, sans l’avertir. Il lui en voulait et la puissance de l’instinct de vengeance dicta à l’homme blanc de s’en prendre à son agresseur. Les poings rougis par les coups envers lui déplacèrent leur fougue vers le mur qui lui avait occasionné tout ce trouble. Le contact avec ces parois stériles était violent, mais inébranlable. Il sentait ses os craquer à chacun des assauts. Ses poignets encaissaient les chocs répétés, mais la volonté furibonde dictait à Mathis de poursuivre. Puis, un filet écarlate teinta la cloison tout comme les jointures du belligérant.
 
Un ange passa et tout se figea dans l’esprit du prisonnier. Contraste en éclat de couleur sur l’immaculé environnant. Mathis regardait à tour de rôle ses mains ensanglantées tout comme le mur qui en portait les stigmates. Chaud et épais, il coulait lentement au travers des plaies multiples qui couvraient ses mains. Quelques gouttes tombaient sur le sol formant des cercles aux contours mal contenu tandis qu’une ligne inégale pointait vers le bas. Étrangement, ce filet de sang se muait et mutait en une figure ressemblant à la fissure. L’origine de son malheur jouait de sa détresse en lui reflétant la fin de sa vie paisible par son double carmin.

La folie est telle qu’elle peut naître là où l’on s’en attend le moins. Le visage de Mathis se crispa en dessus de son œil droit, sa tête se cambra sur le même côté et ses mains se replièrent sur son abdomen. Puis, légers au commencement, des tremblements accablèrent le corps du malheureux avant de les rendre soutenus et épileptiques. La vue de l’accablé se feutra en diverse teinte de gris. Lavis en décalage d’œillère, le noir ne tarda pas à lui voiler la vie. Corps en perte de tonus, telle une marionnette en fils rompus, Mathis chut alors sur le pavé accompagné des éclaboussures qui l’avaient précédé.


1 commentaire:

  1. Ho, ho, ho !!! J'ai lu cette troisième partie avec beaucoup d'appétit pour m'apercevoir à la fin... que je n'avais pas lu la première, ni la seconde partie. Arf ! A ce niveau là, ce n'est plus être tête en l'air mais tête à l'envers... Pas le temps de te lire ce soir... Mais j'essai de revenir vite vite vite pour me goinfrer de ce que j'ai loupé. Mais si tu veux une première impression : J'aime.

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