Instinctivement, la peur fut le premier réflexe qu’il eut,
accompagné du déni. Qui ou quoi avait bien pu provoquer cet incident. Un
extérieur existait donc et cette perspective le terrifia. Il était vierge dans
cette terre inconnue, un néant dans l’oubli de ce qui n’existe pas, bref un
être insignifiant.
Replié sur lui, il tenta par tous les moyens de ne pas
porter attention à cet intrus. Pourtant, l’image s’était ancrée en lui avec une
précision chirurgicale et ce fut bien son malheur. Elle, c’est ainsi qu’il la
nommait d’ailleurs, avait une longueur de quinze centimètres. Elle trouvait son
origine dans le coin gauche de son habitacle. Un peu en décalé avec la jonction
entre le plafond et le mur. Sa trajectoire, s’il en est une, pointait vers le
bas, accompagnée de multiples zébrures, six plus exactement. Tout comme l’éclair
qui pointe sa foudre vers le sol. Or, cette image est vaine pour Mathis, car ce
dernier n’en a jamais vu. L’ouverture est plus large à son sommet et tend à se
rétrécir vers la pointe inférieure. Déjà, il l’a détestait, ne serait-ce que
parce qu’elle était.
Pour l’ignorer, et feindre sa présence, il devait user de
stratégie, mais comment faire dans un lieu qui ne permet nul divertissement ni
menace? Ainsi, lui tourner le dos fut la première méthode utilisée par cet être
qui ressentait pour la première fois de sa vie des émotions. Chambardement dans
la mer paisible de son antre calfeutré, il peinait à comprendre la vie qui
prenait place en lui. Son cœur battait plus fort qu’à son habitude, il en
ressentait les pulsations battre jusque dans ses tempes. Que dire du bruit que
cela occasionnait dans sa tête. Un vacarme en chaos. La tension dans ses
muscles augmentait à chaque battement.
La température de son corps augmentait en son centre, tandis
que ses extrémités perdaient lentement de leur chaleur. Il grelottait à cet
effet et ses dents virent à l’accompagner de leurs grincements. Quelques perles
de sueur s’égouttaient de son front vers la courbe de son cou avant de glisser
dans son dos. Ils pouvaient les compter tant la panique lui dictait de tout
enregistrer. Trente-deux pour le moment et leur nombre s’amplifiait plus il orientait
son attention vers celles-ci. Tandis que sa peau se hérissait des frissons qui
parcouraient son dos. Sa peau se couvrait d’ailleurs de millier de petites
bosses, communément appelé chair de poule. Inconfort dans le malaise qui ternit
le blanc de ses journées. Il maudissait en silence cette indésirable. Sa
sécurité apparente était vaine quand l’extérieur peut à tout moment vernir s’immiscer
dans l’antre de sa cloison.
Que dire de ses jambes qui semblaient vouloir se soustraire
à sa volonté? Elles devenaient molles et la nécessité de s’assoir s’imposa. La
faiblesse prenait naissance de ses chevilles et gagnait vers le pivot de ses
genoux. Impuissant et invalide de par sa panique, il chut alors sur son lit et
le malheur voulut qu’en agissant de la sorte, la fissure s’affichât à lui de
nouveau. Face à face avec l’indésirable, mais l’inévitable.
La nouveauté impromptue à cet
effet de vouloir s’y soustraire à tout prix. Or, de par cette vision répétée,
cet objet, qui n’est en fait qu’un état, vint à l’obséder. L’image déjà
inscrite dans sa mémoire, s’ancra dans le cortex de sa mémoire telle l’encre
indélébile que l’on déverse sur une surface immaculée. De par ce fait, elle
devint obsession. Vision en boucle
dans cette chasse contre elle-même. La tristesse de la situation veut que ce
pauvre Mathis n’ait pas de richesse d’image pour lui seconder. Il ne connaît
que cet endroit vierge de stimuli, tout comme lui-même d’ailleurs. Les
représentations mentales ne suffisaient pas à la tâche, il se devait de
res/sentir autre chose, déplacer le fruit de sa dépendance.
Il y a un peu de mathis en nous....notre vie n'est pas une toile vierge comme la sienne, mais notre tableau à ses propres couleurs..et parfois, une nouvelle esquisse, un nouveau trait, viennent chambouler notre équilibre...j'aime beaucoup ce texte, j'ai bien hâte de voir la direction qu'il va prendre :)
RépondreSupprimerMerci gente Dame! Oui, un peu quelque chose peut occasionner un grand changement! La suite sous peu!
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