Les deux pieds sur sa boule blanche,
Marianne est en équilibre,
les bras en croix, la tête qui penche,
pouces et majeurs inamovibles.
Cris, bousculades, taquineries,
forte musique hétéroclite,
c'est la récré du midi,
une fille fige sur monolithe.
On la toise, se moque d'elle,
chacun lorgne son monticule.
Marianne est sentinelle,
comme l'arbre, elle s'intitule.
En silence, elle revendique,
se tient droite comme un pic,
demi-sourire soulève la joue,
aucun mouvement dans les genoux.
Seule dans sa catégorie,
elle poursuit son voyage.
De soleil, elle se nourrit,
illustrant un court-métrage.
Demoiselle à dix ans d'âge,
cinéaste, premier stage.
Raconte-moi tes silences,
petite voyelle majuscule,
toi, la mesure de présence,
propose-moi un interlude.
Apprends-moi l'équilibre.
Tu es la seule de ton calibre.
Où se cache ta magie?
Petite fleur d'accalmie.
Perchée sur son piédestal,
tel un oiseau sur la branche,
l'écolière impériale
à la précieuse assurance
me rejoint par sa candeur,
trouve appui à l'intérieur
de ma propre fragilité!
Je suis séduite et touchée!
Toi, l'hirondelle, la belle au bois vivant,
jeune amoureuse de l'instant présent,
touche ma droiture, apaise le chagrin,
décélère la spirale de mon matin.
Toi, petite voyageuse immobile,
Marianne de l'école Notre-Dame,
tu as touché mon arbre de vie,
stabilisé ma rose des vents.
Février 2010.
Magique beauté des mots, prose et poésie composent ton quotidien en vers imagés. Ta plume aussi volage que docile a su mettre par écrit des scènes indicibles avec des mots terre à terre.
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