mercredi 21 octobre 2015

Le poète exilé, partie cinquième

Flocons à demi fondu
Sur un coin de mon cou se posa
Sursaut en sursis
Mon temps n’était pas encore venu

Hélas, que trop de hélas
Maudissant cette fin interminable
J’hurlai à l’essentiel ma défaite
Pour que me cueille l’étreinte faucheuse

Sourde à mes appels
Glacial en poncture, mes doigts gelés
Peinaient à s’émouvoir
De gratter le sol de ma fortune sans abri

Lentement, lentement
Le frimas en glacière minutieuse
S’introduisit en mes résistances éteintes
Pour y gercer l’écueil de mon décès annoncé

L’inertie de mon corps
Ouvrit alors le chemin à l’inconnu
Mes échos lointains du passé
À jamais terminés

Nuage blanc en page vierge
J’étais à écrire et à me composer
De nouveau et pour de bon
Tournant le dos à ce jadis éhonté

Puis, dans le berçant de ma chute
Tomba sur  moi la nuit de toutes les nuits
Ciel de décembre en guise de couverture
La neige m’inonda jusqu’à me soustraire de la lune

L’étreinte de ma flamme éteinte
Jouait la femme muette
Cercueil de neige
Pour qu’à jamais je me taise

Les mots de mon passé
Se turent enfin
Tandis que l’immaculé m’emplissait
En terre de givre libre de parler
 
Mes mots sans parole, sans voix
Mes lèvres prononcèrent le néant de mon être
Vide de sens j’étais sur ce lit de glace
Nu d’être à demi-mot prononcé

La mort a ceci de bon
Elle table rase l’équinoxe de l’éteint
Pour que l’espoir se porte en étincelle
D’un désir nouveau prononcé surgissant jusqu’au alors…

Être une page et s’écrire de nouveau
Porte flambeau d’une lueur à écrire
Rire des flammes que portent en son sein

Les morts d’avant-hier à jamais muselés

2 commentaires:

  1. Mathieu ! Mathieu ! Mathieu ! Que te dire que tu ne saches déjà ??? Le paradoxe de la Mort avec les terres gelées. Un peu de chez toi non ? Et cette renaissance, à laquelle je ne m'attendais vraiment pas ! Le poète n'est donc pas mort... Il renaît de ses mots, comme le phénix de ses cendres. Et en plus grand, plus beau, plus vivant !!! Une étincelle d'espoir pour tout les poètes qui se meurt chaque jour un peu plus dans la cruauté d'un écrit bien trop sombre. Tes mots, Mathieu, prennent chaque jour un peu plus d'ampleur et de beauté... J'en deviendrais presque jalouse si le plaisir que j'ai de te lire n'était pas aussi grand !

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    1. Rien ne meurt et rien n'est éternel! Voilà en effet un paradoxe qui nous ressemble/rassemble! Heureux que tu en gardes le plaisir de lire! Merci Gente Dame!!!!

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