Les bruits de la circulation me parviennent par la fenêtre ouverte dans cet écho du matin à peine levé.
Quelques secondes perdues dans la rosée font entendre les chants entremêlés des insectes et des oiseaux de passage. Lentement, le jour installe des îlots de présence. Je savoure agréablement les couleurs vivantes qui s'étendent sur les murs de bois de la chambre encore engourdie de sommeil. Ce sera une autre journée dorée inconditionnellement offerte sur ce calendrier de l'été 2012, dans la vallée du Saint-Laurent.
L'énergie qui circule dans mes veines habille, nourrit mon corps d'un élan que je ne saurais réduire, encore moins ignorer. Me voici longeant la série d'échalas de cèdre gris décorant le dos d'un long champ tout en broussaille. On dirait une chevelure blonde coiffée de rosettes sortant d'une nuit agitée. Je ris, j'accélère le pas, approchant de la forêt encore toute mouillée du matin. Elle me semble aux aguets, peut-être en attente d'une visite, mi-curieuse, mi-suspecte. C'est imposant une forêt, n'est-ce-pas! Ça vous regarde dans les yeux, ça ne vous demande rien, vous laissant circuler, vous recouvrant tout entier dans un accueil de cathédrale!
J'entre en elle comme en moi-même. Je connais toutes ses palpitations, ses repères secrets, les petites grottes pour me mettre à l'abri, les clairières aussi. En la parcourant, je fais corps avec elle, mes pieds s'enfoncent dans l'humus douillet, mes jambes frôlent les fougères humides et mes mains caressent l'écorce de ses essences rugueuses. Il me plaît souvent d'enlacer, comme le ferait une gamine, ces grandes cheminées enracinées et de me laisser bercer imperceptiblement, rêvant que je suis cet être si bon, si droit, tellement fort et utile. Je puise alors à la source toute cette force tranquille, me voici tourterelle et chlorophylle, moins fragile. J'écoute ma vie s'installer à sa place.
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