dimanche 2 décembre 2012

Une voix éveillée.

Elle observe de ses yeux fauves,
épiant la circulation du sous-bois.
Tapie dans sa cache vert-mauve,
elle ne fait aucun bruit, ni voix.
Respiration à peine perceptible,
fusil sur l'épaule, elle attend la cible,
nichée dans la sauvage alcôve.

Elle aime le silence, perchée dans sa tour,
jette un œil à la beauté du jour,
mais ne voit rien de cet amour.

Les heures passent, elle se lasse,
s'accroupit dans sa cache,
rêve et devient cette bête
traquée, blessée...
Son heure sonne. Il n'y a personne.

Elle regarde à ses pieds,
la nuit est tombée dans un puits de charbon,
Désolation. Nouveau champ de vision.

Elle ne se sent plus bienvenue,
petite dans sa tenue,
à l'étroit dans l'armure. Cela la remue.
Elle pleure des larmes de tueur,
remue ses jambes, touche son cœur.

Elle n'a pas peur mais se sent moche,
allume une torche, se met à chanter,
chanter très fort, une sorte de mantra des bois.
L'écho résonne, il fait si froid. Pourquoi?

Elle veut tuer la mort, fondre en elle ce brouillard,
réveiller les lièvres, les chevreuils,
les orignaux, tous les mâles.
Elle chante encore, ils ne dorment pas,
elle ignore simplement qu'ils sont là,
immobiles et sereins, les oreilles dans le crin.

Ils ne dorment pas, ils écoutent la voix,
cette voix qui n'est plus tout à fait la même,
une voix éveillée, là dans le sous-bois.

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