L’artifice
fonctionnait à merveille. Les spectateurs ne pouvaient détacher leurs yeux de
cette scène où lentement, se dessinait l’avenir de leur propre existence… sans
qu’ils ne se doutent de quoi que ce soit.
Tonnerre
dans le cœur de sa méfiance, le marionnettiste s’appliquait à user de patience
pour que tout se passe pour le mieux de sa personne. Les doigts agiles
dansaient dans les airs sur un nuage de valse à remous.
Ils
aimaient ces instants, ces moments où tout lui semblait magique, la touche qui
faisait briller son talent d’artiste de bout de bois. Seul dans son univers, il
s’enfermait dans sa mise en scène et ses rêves se toilaient dans sa tête. Il
voguait sur une nappe de bonheur passager, celui qui lui permettait de survivre
au triste quotidien. Exutoire dans le labyrinthe de ses propres méandres, il
chantait pour lui seul, le refrain de sa mélodie préférée. Sans gêne, il se
laissait porter par cette voix qui dansait sur la folie de son esprit ficelé à
tour de rôle…
Le temps
filait de sa prestation qui ornait cet univers paradoxal de ce concept. L’absence
d’être vivant sur scène favorisait un détachement propre que l’œil ne se méfie
pas du message qu’il y renvoyait.
Le
silence dans le calme qu’il tamisait offrait aux spectateurs la latitude du
détachement cérébral. État d’ébriété consciente qui ouvrait à l’artiste, grande
la porte de la manipulation de masse. Mécanisme pervers qui entre sans mépris
ni regret.
Le
marionnettiste soucieux de bien livrer son message souriait dans l’agitation
intemporelle de ses ficelles à tirer.
Puis, le
moment d’user du charme se pointait sous le signe de l’instant précis. Il
ferait sa première victime et son choix était fait depuis longtemps. Choisir la
vulnérabilité du premier siège tenait d’un cadeau du ciel, il l’avait remarqué
dès son arrivée, naïveté dans la candeur de son insouciance.
D’une
main habituait, il fit aller sa marionnette dans le miroir du reflet de sa
proie. Lentement de sa foulée, il hypnotisait l’être qui se voyait désormais
dans ce pantin. Le pauvre commençait même à bouger dans la volonté qui ne lui
appartenait plus. Il était maintenant dans les filets de l’autre… Il ne s’appartenait
plus… Il n’était plus. Son âme volage en peine de voir le jour se réfugia dans
le cœur de bois de ce pantin en jumeau de scène. Heureusement, personne ne vit
cette aurore voguer dans cette transition. Pourtant, ce transfert était d’une
telle beauté, myriade de couleurs vives en serpentins sur des airs de montagnes
russes. Le marionnettiste, jamais, non jamais, ne se laissait de voir cette
magie à l’œuvre.
Une à
une, les victimes se mirent à tomber dans le tableau de leur insignifiance. Le
marionnettiste, en araignée tisseuse, avait su capter l’essence de ces êtres
blafards. La salle maintenant sous l’emprise de ce maître ne s’appartenait
plus. Ce dernier esquissait un sourire carnassier et satisfait. Il savait que
désormais, dociles et soumis, ils retourneraient vers leur vie de routine s’alimentant
à coup de stunt publicitaire et de téléréalité.
Le
marionnettiste avait encore frappé, et repu à présent, retourna à sa cache
habituelle se nourrissant des âmes nouvelles pour alimenter sa fournaise. Dans
un halo de réflexion à demi feutrée, il prit place en se questionnant si un
jour… si un jour viendra le temps où enfin l’espèce humaine comprendra son
essence. C’est-à-dire… peu en effet… Sinon que le carburant pour cette belle
machine qu’est la vie…
Et c'est ainsi que le rideau tomba...
Et c'est ainsi que le rideau tomba...
Waouh ! Je ne m'attendais pas à ça quand j'ai lu ta première partie. Ton marionnettiste fait peur... Très peur même ! Mais il nous ouvre aussi un peu les yeux... J'écris un peu, parce qu'il est vraiment très fort... et peu serons ceux qui sauront se soustraire à son regard machiavélique... Bravo Mathieu... Tu viens de me surprendre !
RépondreSupprimerMerci Gente Dame de la Strophe! N'est pas manipulé qui croit! Pantin... nous sommes tous les pantins de quelqu'un d'autre...
SupprimerAccrocher a ton histoire du début à la fin. Effectivement nous sommes tous les pantins de quelqu'un d'autre.À nous d'en prendre conscience et de libérer ces ficelles que nous retenons trop souvent, pour simplement flatter notre ego!
RépondreSupprimerMerci gente Dame! L'important s'est de savoir défaire ces liens qui nous lient à nos manipulateurs. Bref, s'en affranchir!
Supprimerune seconde partie aux conséquences diaboliques. le message sous-jacent est encore très fort dans des tournures de phrases qui te sont tout à fait personnelles. le tout retient le regard et emprisonne l'esprit dans le filet de l'araignée. Des pantins que nous sommes tous, les uns des autres et parfois même de soi même. Et j'aime aussi beaucoup ta réponse à Carole. En prendre conscience pour tenter de s'en défaire et donc garder grands ouverts les yeux et l'esprit critique. Bravo Mathieu, une belle prestation. Tu pourrais en faire une nouvelle de cette histoire en racontant le passé de ce marionnettiste et peut être aussi son avenir.
RépondreSupprimerL'idée de rendre plus longue cette nouvelle m'intrigue et me "titille" l'esprit! Peut-être pourrais-je m'y mettre! Merci Gente Dame, tant pour le commentaire que pour la suggestion!
Supprimervoilà. Je mets à execution ce plan machiavelique enfin... Laisser un mot sur ton blog... Oui tu m'as donné la clé, Mathieu, alors que mes tentatives se sont toujours heurtees au penne recalcitrant de la serrure... Me voilà.
RépondreSupprimerTremblez auteurs, ma main perfide ne connaitra de repos que lorsque j'aurais assouvi ma basse besogne... Dire tout le... bien que je pense de cet endroit. Commençons donc par ce marionnetiste, dont j'avais lu la premiere partie sans pouvoir en parler... Comme toujours ton univers Mathieu ressemble étrangement au mien, meme si je ne trouve plus les mots pour l'exprimer. Et ton texte me parle tellement que je me surprends à le reecrire, c'est te dire... Rassure toi je te laisse la primeur, j'ai simplement pris un instant la plume comme pour me faire croire que je pouvais ecrire des choses comme cela.
Mais si, mais si tu les as ces mots pour t'exprimer!!! Heureux que tu puisses enfin t'exprimer sur ces pages!!! Bonheur double d'avoir enfin eu l'occasion de te parler "pour vraie"!
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