La pluie
fermait la route au départ de mon deuil. Certains pourraient prétendre au
cliché, mais l’émotion pure que procure cette douche froide au moment de sa
mise en bière me glaça dans le plus profond de mon désarroi.
Les
arbres de cet octobre trébuchant dans son automne précaire courbaient l’échine
dans l’abondance de ces pleurs célestes qui harponnaient les branches délestées
de ces quelques feuilles persistantes.
Le gris
du ciel, en confident parfait, tapissait de mes émotions sa propre couleur tout
comme mon cœur à présent. Concordance des éléments avec l’esseulé que j’étais désormais,
je pleurais de mon état d’orphelin. Qu’est la justice de la mort quand elle ne
joue pas de violon? Ce statut tout neuf ne m’avait pas été offert, mais imposé…
L’acceptation était, dès lors, plus difficile à admettre.
J’étais
là, au seuil de son trépas à jamais enseveli. La terre l’aura comme lit éternel
en proie de son repos égoïste. Moi, le laissé pour compte, je ne pouvais dire
la rage qui bouillait dans l’accord de son émotion contraire, le chagrin.
Les mots
que cet homme inconnu proclamait n’avaient de sens que pour celui qui les prononçait.
Vide de sens pour celui qui n’y croit pas… À quoi servent ces rites de passage
sinon que de faire de cette transition un moment social. La foule qui se
massait de compassion derrière moi essuyait leurs larmes de pacotille. Jamais
de son vivant, jamais de leur vivant, ils l’avaient estimé.
Hypocrisie
dans cette cérémonie, je voyais bien que la tragédie agit telle une
rassembleuse naturelle. De beaux habits, de bons mots et de belles fleurs
habillaient cette parade funèbre d’où les obligations d’y être par principe
davantage que par sympathie…
L’éloge
de l’homme de cérémonie terminé, les dos me montraient maintenant leur visage.
Lente procession vers les véhicules en cortège, les émus marchaient. Leur quart
de travail achevé, ils pouvaient à présent retourner à leur fourneau et leur
alibi.
Moi, pour
ma part, je ne serai plus que le plâtre colmaté d’une époque passé et qui s’éteint.
Je devrai dès lors, apprendre à vivre seul et y voir clair désormais. Pourtant,
la morosité et l’amertume jardinaient mon âme triturée. Je les voyais bien en
charognard se repaitre de ma carcasse affaiblie.
Leur en
vouloir je voudrais, mais ils sont, hélas, mes deux seuls compagnons, avec ma
voisine, la mort…
Ils
dressaient à eux seuls, le théâtre de ma débâcle… Quelle fin l’auteur de ma
vie, m’aura réservée? Inconnue elle m’était, mais faite qu’elle soit rapide,
car je suis un bien mauvais acteur.
le choc des mots bien sentis. ça prend aux tripes (excuse moi l'expression)
RépondreSupprimeret le ressenti sur cette cérémonie factice ayant pour seul but de donner bonne figure à la société bien pensante mais n'offrant aucun réconfort à qui l'attend.
Un texte très fort
Merci Gente Dame! Un texte qui est né de quelques images venues dans mon esprit hier en soirée! Je ne pouvais les retenir!
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