TROP GRAND

De rêves et de cauchemars, en un monde mouvant, ne restent que les tentatives avortées.
Au fil du temps, le goût amer de l'impuissance remonte à la surface du puits.
Des traits lancés en rets de sauvetages ne subsistent que quelques lueurs qui s'éteignent déjà faute de miroirs. Incapables d'éclairer l'eau trouble plus de quelques secondes, la volonté se noie de n'atteindre pas son but.
Pire, elle réalise, avec les ans, l'ampleur de la tâche assignée et le risible de son inaptitude.

Comme tant d'autres, la fleur au coin des lèvres et les mains offertes, elle s'est jetée dans la fureur de la bataille sans en connaître les plans obscurs.
Armée de sa seule et innocente jeunesse, elle a cru qu'il suffirait de vouloir.
Tour à tour, semant les sourires et les réconforts, elle a baigné dans l'illusoire.
Un regard, parfois, la contentait pour y croire encore, aveugle au dérisoire des aiguilles de soie face aux canons de désespoir.
Mais le puits est sans fond et, confrontée à la réalité opaque de l'eau noire et grouillante, elle accuse la fatigue des combats.

En derniers soubresauts, elle jette ses filets rapiécés fabulant un amer solide. Un songe-souvenir luit encore et s'effiloche de ne pas rencontrer sa psyché Et la volonté s'épuise d'abandon.