samedi 24 janvier 2015

ENTENDS-TU ?


ENTENDS-TU ?

Du fond de mon désert, j'entends hurler le monde.

Ils disent qu'ils n'en peuvent plus de ce sang, de ces crimes et brandissent des étendards couleur d'espoir.
Des mots naviguent sur les idées naissantes et des idées se cachent sous des mots tronqués.
Dans son kesa orange, il pleure son pays sous un joug de haine aveuglée.
Sous ces cartons et sous ce pont, il ne sait même plus tendre la main.
Une pierre dans son poing, il surveille l'envahisseur à sa frontière.
Un crayon à la main, ils tentent encore d'ouvrir des esprits.

Ils disent respect, amour et nature. Ils parlent de nouveautés que nos ancètres pratiquaient et picorent du présent pour un futur possible.
Elle porte une robe de lin pour arroser leur jardin. Il clame “nulle voie hors la démocratie”. Elle pense toujours que le nouveau monde sera pour demain et offre sa parole en baume pour nos blessures.

Ils disent votez, participez, entrez dans la danse macabre du monde. Signez, travaillez, achetez mais votez. Perpétuez nos pouvoirs et notre grand oeuvre mondial.
Les poussières s'acharnent en petits rouages glanant deci delà une miette rassie. Un sourire fragile, un regard eteint et finalement plus rien.

Ils disent qu'un ailleurs existe de compassion et d'infini bonheur. Ils prêchent la joue tendue et l'Homme meurtri.
Et brûlent sur leurs bûchers des âmes immortelles. Ils asservissent les doutes et nourrissent les haines. Ils partagent, mains en coupe, le pain béni de l'intolérance.

Mais, derrière les murs de sa maison de bois où l'hiver jette un manteau de froidure, il conte des mots doux et lance des bouées à la mer.
Sous le figuier au soleil de la Méditerrannée, elle chante de sa voix de rayons de miel une histoire aérienne faite de nuages d'azur.
Enveloppé de sa couverture aux mille couleurs, humblement, il offre des mots suaves et des sons graves, rassurants et tout chauds de son empathie.

Et du fond de mon désert, derrière les cris de douleur, j'entends tinter les notes graciles d'espérance et s'élever les farouches volontés. 

4 commentaires:

  1. On sent bien la blessure dont tu évoques si bien en des mots assoiffés de justice réelle et de fait concret. Mais quand donc... mais quand... les hommes seront autres que des hommes... j'attends et j'image que j'attendrai encore longtemps! Merci Dame de la Sagesse pour ce texte empreint de blessures et de dégoûts face au leurre de nos aujourd'hui.

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  2. Quand donc les Hommes ne seront plus des bêtes assoiffées du sang et du malheur de leurs congénères ?
    Quand ces petites voix auront elles la force de passer au dessus des hurlements de douleur ?
    Merci Mathieu.

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  3. My God !!! C'est juste splendide de vérités ! Et comme tu sais si bien les exprimer. Merci Aubree pour m'avoir fait vibrer.

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  4. Et merci Cat de m'avoir lue et appréciée. Car que seraient des mots sans lecteur ?... des coquilles vides... Alors merci et bisous ma belle.

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