Salle
en décor de ribambelles multicolores en lianes serpentées peuplaient la voûte
qui couronnaient les fêtards qui s’adonnaient au plaisir de célébrer. Ballons
en orbite valsaient dans un mouvement d’air ambiant caressant ainsi les
lumières tamisées pour plus de douceur en velours de synthèses.
Bruit
de fond en musicalité jouant les dernières tendances pour que pianotent du pied
les braves qui voulaient danser. D’ailleurs, nos prédictions concernant ces
derniers étaient justes. Les mêmes, toujours les mêmes qui portent en eux la
festivité à faire crier le bonheur d’être en vie! Céleste en eux la volonté
propre de pouvoir vibrer de joie dans le qu’importe
la situation.
Tandis
que, sur une table à la nappe de papeterie, siège à vif le banquet des victuailles
à consommer. Fumets multiples dans l’abondance de diversité trônaient dans
l’appel des ventres à combler. Petites bouchées à froid et à chaud se
partageaient l’espace sans que conflit n’apparaisse. À son extrémité, dans un
bol de glaçons tempérés, un breuvage alcoolisé aux vertus déconcertantes
s’offrait aux preneurs de risque.
Puis,
des chaises pliantes jouxtaient les murs. Noires et bigarrées, dans l’inconfort
d’y être assis trop longtemps, supportaient l’excédent de fatigue des êtres
debout depuis trop d’intermèdes.
Bref,
la frivolité des fêtes apposait son sceau d’excellence dans la réussite de son
succès. Rires et chants cajolaient les oreilles de ces âmes enthousiasmées par
le bonheur d’être ensemble, ou tout simplement d’être. Le partage d’une saine
amitié colmatait ainsi la brèche dans les temps durs qui les assaillaient de
l’autre côté de ces murs, pour le moment rassurant.
Chance
dont je les envie de pouvoir ainsi célébrer et de se donner ce droit naturel
que je me refuse, ou qui m’est refusé... Intériorité de ma cage invisible, je
me tords de tourments dans l’observation de ce qui se vivait en face de ma
carcasse impassible. Cloître de ma personnalité, je me fige et me maudis tout
en les maudissant. Certes, les maudire est en excès de ma propre rancune envers
l’être que je suis. Je décrirais davantage cet état par la jalousie de ne
pouvoir m’adonner, moi aussi, à cette réjouissance commune qui m’est étrangère.
Seule ma muselière parle par son absence de son.
En
mémoire, les souvenirs de mes tentatives de m’y être risqué surfent sur une
toile de mauvaises expériences. Ma maladresse l’emportant à coup sûr, je me
souvenais que trop de mes bévues, car je porte en moi la méconnaissance des
relations sociales. Ces vaines tentatives me hantent et me hantent toujours,
visibles en continues, tel le mobile qui chantonne, sur des airs sinistres,
au-dessus du lit les fresques de mes échecs.
Mais
qu’ai-je donc qui me fasse ainsi défaut de moi-même. Aveugle aux codes sociaux
d’apparats, je me fourvoie de compréhension. Pleurant ainsi dans le berceau qui
m’accueille ma misère que de ne pouvoir être celui que j’aimerais tant être.
Être… Être simplement comme les autres et à mon tour embarquer dans ce
carrousel frivole des beaux moments communs à partager… L’allégresse de
l’attention commune et de rires consumés en pain à dévorer jusqu’à en être
repu…
Vain…
Néant
dans le vide qui m’assaille, j’ai rapidement compris que ce monde n’est pas le
mien et ne le sera jamais… Que dois-je en comprendre sinon que je suis autre?
Autre, mais pourtant désireux de similarité… Je ne suis que l’opposé de mon
désir.
Dans
mes soupirs maugréés, je suis l’observateur de ce spectacle. Cet être passif
qui se tient l’écart de peur d’être, une fois de plus, le saboteur du bon temps.
Mon rôle est ainsi fait, alors qu’il en soit ainsi. La lutte pour m’en extraire
est ignoble, car je ne puis me vaincre. Se battre avec son ombre a toujours été
un duel entre ombre et lumière, entre jour et nuit… entre mal et bien… Entre
moi et moi… Constat d’échec, car au dernier round je sais qu’importe l’issu du
combat, je serai le perdant, tel un pile ou face truqué.
Je me
mords les lèvres de ne pouvoir parler, de ne pouvoir en parler, car mes mots
sont les sons de mes émotions… Qui de par leur nature froisse les oreilles de
ceux qui ne veulent les entendre. Parce que contraire à leur demande… je ne
puis donc qu’offrir ma présence, mais dans le mutisme de ma présence. Ainsi,
l’équilibre est maintenu entre les éléments qui meublent cet espace. Je suis
donc le fardeau de la preuve des contraires…
Terne
en constat, je suis conscient que cette réflexion ne mène qu’à ouvrir davantage
le gage de mon âpreté de caractère, mais le silence est trop lourd pour ne pas
l’exprimer…
Savoir
se taire n’est pas donné à tous! Ainsi donc, je ne parle que par ma plume et me
tait de paroles vocables pour plus d’harmonie dans les ondes qui nous
composent. Car vibre en chacun de nous cette clémence des jours heureux et je
ne voudrais en rien jouer de discordance.
Un texte en décalé par rapport à cette période festive pour un personnage si particulier. Un constat, des sensations infimes et des phrases très fortes. "Qu'importe l'issue du combat, je serai le perdant".
RépondreSupprimerDualité, pluralité et finalement, unicité.
Un beau texte en ce début d'année.
Merci Gente Dame!!! En fait, je n'ai fait que décrire le "comment je me sens" pendant cette période des fêtes!
RépondreSupprimerBon, mon commentaire n'est pas passé (sans doute trop long). Deuxième essai plus concis : Un texte magnifique que j'ai lu en deux fois. La seconde après avoir lu ta réponse au commentaire d'Aubree. J'ai beaucoup de chose à te dire... Mais je ne le ferais pas ici. Ici, je ne peux que te dire bravo pour ce texte bouleversant.
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